lundi 11 juillet 2016

Brosella Folk and Jazz Festival 2016 ( Folk Day) - Théâtre de Verdure- Bruxelles, le 9 juillet 2016

Brosella Folk  and Jazz Festival 2016 ( Folk Day) - Théâtre de Verdure- Bruxelles, le 9 juillet 2016

Menu:
LOD 15:00 Theatre Stage
Pedro Caldeira Cabral 16:30 Palm Hop Select Stage
The Unthanks 17:45 Theatre Stage
Sarah Klenes and  OakTree 19:00 Palm Hop Select Stage
A Filetta, Paolo Fresu and Daniele di Bonaventura 20:15 Theatre Stage
Kardemimmit 21:30 Palm Hop Select Stage
Sharon Shannon Band 22:45 Theatre Stage 
Un extrait de l'historique:
 Brosella Folk a vu le jour en 1977, à l’initiative de la Ville de Bruxelles. Le but était de redonner une nouvelle vie à cet amphithéâtre en plein air ; le Théâtre de Verdure (1932), oeuvre de l’architecte paysagiste Jules Buyssens, qui n’était plus utilisé depuis l’Exposition Universelle de 1958.
2016, le festival souffle 40 bougies et si Brosella est devenu un des plus grands festivals urbains en Europe, c'est en grande partie au Brusseleir in hart en ziel,  Henri Vandenberghe, qu'il le doit.
2016, c'est l'année de la passation des pouvoirs, pour présenter les artistes de gruute patron est secondé par Bert Hilda Van der Cruyssen, mieux connu sous l'identité de Bert Kruismans,  le Salvador Dali de Sint-Katherina-Lombeek s'en tire plutôt bien!

Le samedi, place au folk, sept noms à l'affiche, un choix s'impose!
LOD débute sous un soleil de plomb, devant un public déjà passablement nombreux,  tu assistes à leur prestation en touriste, il te faut 25' pour serrer 89 mains connues et reconnaître les lieux.
A 16:30' tu es bien placé pour suivre le concert de Pedro Caldeira Cabral!
Trois protagonistes assis sur scène:  Pedro Caldeira Cabral (Portugese guitar), Duncan Fox (double bass), Joaquim Silva (acoustic guitar).
La guitare portugaise a une forme de poire et possède douze cordes, Pedro Caldeira Cabral est considéré comme un  maître absolu de cet instrument sans lequel le fado n'existerait pas. Le programme qu'il a l'intention de présenter cet après-midi à Bruxelles se nomme d'ailleurs ‘Labyrinth of the Portuguese guitar’, il survole cinq siècles de thèmes composés pour la "guitarra portuguesa".
'Fofa da Rozinha', une pièce d'un anonyme, datant du 18è siècle, ouvre la cérémonie.
Raffinement, virtuosité et pointillisme sont au rendez-vous.
Aucune annonce, le trio ébauche la suivante, une pièce mélancolique ( 'Modinha'?) datant de la même époque.
Les titres que nous avançons le sont avec les réserves d'usage, pas de setlist sur scène, mais un recueil de partitions sur chaque pupitre.
Pour les marins, ' O Fado do Marinheiro', un air finement ciselé, puis 'Fado Conde da Anadia'
 Pas un mot, pas un sourire, les titres se suivent comme un chapelet récité  dans un but de contemplation divine.
L'audience, attentive, observe un silence religieux, même les mioches écoutent sans broncher.
' Bailados do Minho', 'Naquele tempo', 'André de sapato novo' se succèdent.
 Toute cette joliesse finit par lasser les moins patients qui se dirigent vers la buvette.
Le même cérémonial persiste, méthodiquement, les musiciens achèvent une tirade, choisissent une nouvelle partition et reprennent leur lecture, 'Variações em La menor' puis 'em mi menor' enchantent les puristes, tu entends encore 'Despertar' qui, d'après Antonio, signifie réveiller et comme tu risquais de t'assoupir,  tu as quitté les Lusitaniens pour t'envoyer une Sagres au comptoir!

The Unthanks.
Le fleuron de Newcastle!
Le groupe des soeurs,  Rachel et Becky Unthank, naît en 2004 ( jusqu'en 2009 il se produit sous l'appellation Rachel Unthank and the Winterset), l'an dernier il a sorti l'album ‘Memory box archives treasure 2005-2015’ qui retrace leur 10 ans de carrière, la même année sortait ' Mount the Air' qui reçoit  une moyenne de 80/100 chez metacritic.
Bonjour, hello, on va vous abreuver the dark stories de chez nous, Newcastle, a small city, in Europe, and it will always be, insiste l'une des deux frangines.
Tu te mets à compter le nombre d'individus occupant le podium, outre les deux chanteuses, tu aperçois un string quartet féminin,  sont annoncées par la brochure: Becca Spencer (viola), Kath Ord (violin), Gemma Kost (cello) et Niopha Keegan (violin, voice), une jolie trompettiste qui n'est pas  Lizzie Jones mais Victoria Rule ( Elbow) , l'élément masculin se compose d' Adrian McNally (piano, voice, Fender Rhodes, percussion), Chris Price (double bass, bass, guitar) et de  Martin Douglas (drums, percussion).
Les soeurs ouvrent par 'Felton Lonnin', un traditionnel du  Northumberland.
D'emblée le public comprend pourquoi leur cocktail est taxé d' art folk: majesté,  grandeur, arrangements amples et voix célestes, la troupe te transporte loin, très loin, dans un univers envoûtant.
Rachel et Becky enfilent des bottillons, une trompette concerto d'Aranjuez amorce ' Mount the air' , une seconde plage de plus de 10 minutes proche des oeuvres de groupes oubliés tels que Comus.
Une séquence de tap dancing termine le morceau.
Somptueux!
Niopha quitte ses copines pour prendre place derrière un harmonium, Becky on lead vocals pour le grave  'I wish, I wish'  joué en formation réduite, les voix, un piano et l'harmonium.
Chris troque   la contrebasse pour un instrument électrique, on nous prévient, la nouveauté,  'Hymn for Syria', a été jouée avec le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra.
Effectivement, ce morceau sacré, chanté en close harmonies, présente un fond symphonique significatif , il est suivi par la ballade courtoise  'Madam'.
Toujours sur l'album ' Mount the Air', les filles proposent 'Flutter'  au background trip hop.
Le piano entame le saccadé 'Lucky Gilchrist' scandé par trois voix et à la construction rappelant certaines compositions des Nits.
Nouvelle séance de claquettes, le morceau bourgeonne, s'arrondit, gonfle, avant de s'éteindre en douceur.
Une grosse claque pour suivre, la reprise magistrale de 'Shipbuilding' d'Elvis Costello .
Pas encore revenus de notre surprise, The Unthanks s'attaquent à une autre pièce majeure qui nous laissera sans voix, 'Starless' de King Crimson.
Les applaudissements se taisent, Rachel Et Becky se remettent à danser  avant de reprendre 'Mount the Air' pour terminer ce concert grandiose!

 Sarah Klenes and  OakTree featuring Tcha Limberger (violin), Michel Massot (tuba, trombone), Magic Malik (flute, voice).

La carte blanche du jour, Sarah Klenes invite...
Oaktree ( Annemie Osborne/ violoncelle,Thibault Dille/ accordéon et  Sarah Klenes/ chant) est né en 2008, sort ' A dos d'âmes' en 2012 et 'Well' deux ans plus tard.
Sarah fait également partie des Superluettes , de SaLLma’s Moles et de How Town.
Pour Brosella, la chanteuse a invité  Tcha Limberger, Michel Massot et  Magic Malik à se joindre au trio, les deux premiers ont d'ailleurs participé à la confection de 'Well'.
Du folk? Du jazz? De la chanson?
Un peu de tout ça, la formule proposée mélange le tout.
L'ensemble débute par une composition allègre  du violoniste manouche ( 'Oufti Oufti')  faisant la part belle aux vocalistes de la souriante Miss Klenes.
Michel Massot, étonnamment sobre en ce début de soirée, a écrit la suivante, une construction élastico-mélancolique ( 'L'eau -delà')  basée sur des jeux de mots lunaires.
Yep, yep, yep,.. lance Sarah,  Oaktree en trio attaque 'The Magicians' , un morceau/ conte de fées fébrile et malicieux.
Après un long exercice de vocalises, précédées de murmures, tandis que Magic Malik se tabasse le thorax , les cinq musiciens  proposent un air mélancolique puis entament une oeuvrette signée Thibault Dille qui s'est inspiré du bruit d'une locomotive .
Cet esperanto ferroviaire et haletant groove sérieusement, ensuite  la joyeuse  clique entreprend une musette caoutchouteuse intitulée 'Zonder Naam', 'Pas de nom', pour les grévistes wallons nous dit  Geert, le  burger président .
'Change' est de la plume de Sarah que tu avais eu l'occasion d'entendre dans le Brussels Vocal Project, ici aussi rimes et associations téméraires se succèdent tandis que la voix ose des effets acrobatiques.
Une caisse claire, une nouvelle session de vocalises, quelques dérapages incontrôlés, une fugue lumineuse à la flûte puis  un virage tango/cha cha cha arabo-andalou, ces braves gens osent tout.
Leur cocktail, aventureux, surprend et  séduit.
Ce voyage  diapré  s'achève avec un poème mis en musique,  ' Gau' qui est  le prénom d'un petit garçon basque! 

Impasse sur le concert de Paolo Fresu et Daniele di Bonaventura, 35' de file pour un boudin/ketchup!

Dernier passage à la Hop Stage pour  Kardemimmit!
Durant  leur set, les attractives finlandaises nous éclairent sur le choix et la signification de leur patronyme:  où il est question de cardamone et des Spice Girls, dont elles étaient fans à leur début.
Elles sont quatre: Maija Pokela, Jutta Rahmel, Anna Wegelius et Leeni Wegelius ( des jumelles) , pas hideuses, chantent délicieusement et manient toutes le kantele, un instrument finlandais que tu peux comparer à une harpe croisée avec un zither. 
Elles ont débuté en 2004 et ont  déjà quelques enregistrements à leur actif, vraisemblablement, leur dernier méfait, 'Onni - Happiness', doit dater de 2015.
' Pilkoitettu' ( Distant love) entame le set, elles sont trois à manier le kantele, dont un exemplaire compte 38 cordes!
Harmonies aériennes et cristallines, on baigne en plein conte de fées nordique.
Next one is a lovesong '  Kun mun kultani tulisi' (  I Wish My Darling Came To Me).
Elles se souviennent être déjà passées en Belgique, à Gooik notamment, tiennent notre pays en haute estime, sortez les médailles, et proposent  'Toinen tähti / The Other Star' composé par l'une des frangines.
Les filles utilisent tour à tour l'instrument à 38 cordes  ou se contentent du modèle réduit que tu peux trouver sur Ebay pour 250€.
'Tuonen Tyttö' - Maiden Of Death est une composition plus ancienne, et telles les sirènes d'Ulysse, la déesse de la mort émerge des eaux et  vient chercher les âmes des défunts.
Faut songer à se procurer les contes et légendes d'Helsinki!
Avec le traditionnel  'Tulikipuna' / Origin of Fire, on revient au dernier album avant de se payer un crochet par la Norvège, le cantique  'Laulu päivälle' - A New Day évoque la beauté du jour naissant.
Pureté est le terme qui décrit le mieux ce que proposent ces accortes demoiselles.
'Keinukallio' - Singing Girl is about how boys can be stupid, ce titre est suivi de ce qu'elles estiment être our happiest song, 'Lemmenlaulu' / Love Song, la seule mélodie,  presque pop, qui ne baigne pas dans un écrin de mélancolie.
Le fringant  'Huoleton Rakkauslaulu'  (Carefree Love Song) est originaire de Suède et avec '
Metsän Ukko'  / Spirit of the Forest on revient dans le domaine du mystique médiéval.
Les filles terminent par une adaptation hongroise de Roméo et Juliette, ' Häpeään joutunut tyttö' - Fallen Girl.
Fraîcheur, grâce et exotisme, un concert plaisant!

Il est 22:45', tout le monde est prêt pour le bouquet final:  Sharon Shannon Band!
La semaine dernière, la madame du County Clare avait enflammé Gooik, ce soir c'est Bruxelles qui y a droit.
A l'acoustique,  Jim Murray, au fiddle et mouth percussion, l'homme au chapeau, Sean Regan et aux claviers et guitares électriques, Alan Connor!
Sharon, autrefois membre des Waterboys, malmène son petit accordéon et, de temps en temps, vient souffler dans un tin whistle  soigneusement emballé dans son étui d'origine.
La démonstration débute par une suite, 'The Neckbelly reels', elle n'avait pas besoin d'ajouter we're gonna play lots of lively tunes tonight, on avait d'emblée pigé!
Avanti pour une polka farouche,  'Coridinio'  puis  elle envoie le virevoltant 'Sandy River Belle', Brosella frappe des mains.
Sur scène le groupe s'amuse, la minuscule flûte apparaît pour 'Rathlin island ' de Peter Brown, premier numéro de beatboxing de Sean.
Alan saisit sa guitare électrique et c'est lui qui chante le fameux 'Midnight Special' ,  le traditionnel popularisé dans nos contrées dans la version du Creedence.
Le truc rocke salement puis Sean et Jim nous balancent a couple of reels from the West of Ireland.
Sharon reprend du service et propose un titre datant de 1691 ou dans ses eaux, ' Slow Air' ou 'Marbhna Luimni', un lament inusable.
On revient aux reels avec une toute nouvelle suite baptisée ' Rusheen bay' , celle-ci inspire une quinzaine de couples qui se mettent à virevolter sur le gravier.
La bonne humeur de l'assistance rejaillit sur les musiciens qui redoublent d'énergie, l'intro de 'Blackbird' ressemble bizarrement à la 'Femme libérée' de Cookie Dingler, impression qui disparaît lorsque l'accordéon se met à gambader avec désinvolture.
' Cavan Potholes' reçoit la visite de Sting qui se sent comme un étranger à New-York, les loops permettent aux musiciens de digresser à l'envi, Bruxelles bout!
Le tempo ne faiblit pas, les reels fougueux se succèdent, pour rire on y insère un extrait de 'Black Betty' puis on passe à 'The mouth of the Tobique' suivi par la 'Galway Girl' de Steve Earle transformé en singalong fou.
L'amphithéâtre est transformé en pub  de Toonagh, elle embraye sur 'The Penguin', sourit, pose pour les photographes et salue l'assistance qui réclame le dessert, la fête prend fin avec  les nerveux 'Bungee jumpers'.
See you tomorrow, Brosella!