vendredi 13 avril 2012

Emilie Autumn au VK à Molenbeek, le 12 avril 2012

Une collaboration VK / Anthêsis pour cet événement exceptionnel, programmé rue de l'Ecole, dans la riante commune dirigée par ma femme fait le ramadan, moi pas!
A 19h40', une file imposante aux guichets du Vaartkapoen, sur le trottoir, en face, un attroupement au moins aussi imposant de neo-Molenbeekois, ignorant le Brusselse dialect, reluquant la faune gothique, dressed-up plague rats, sans oublier les nanas blêmes et décolorées, l'auburn et le noir primant.
On peut parler d'un choc culturel!

L'affiche indiquait, début du show à 20:00 précises!
Tu parviens à te faufiler au troisième rang et en sirotant une limonade houblonnée, tu attends le bon vouloir d'Emilie Autumn.

Vu la longueur de la colonne attendant son passe-droit et la rapidité d'exécution derrière le loquet, tu as bien saisi que 8PM est illusoire, et pourtant, chez Sarkozy, Laurence Ferrari apparaît sur l'écran et au VK les lampions s'éteignent, pendant qu'un flon flon sort des enceintes, un extrait de la comédie musicale 'Come out of the pantry' 1935 ( 'Everything stops for tea').
Les airs d'opérettes se succèdent pendant dix minutes, puis le silence, déchiré par les hurlements des inconditionnels, un cercle lumineux en arrière-plan, une mise en scène théâtrale s'avérant être une fausse alerte, le deejay remet le microsillon sur le His Master's Voice... nouvelle couche de pre-war musicals!

20:15', une silhouette féminine apparaît, glaive au poing, une seconde ombre dans le cercle, tout aussi menaçante, puis une troisième créature... les Bloody Crumpets: Naughty Veronica, The Blessed Contessa et Captain Maggot, sortant tout droit de Pirates of the Caribbean!
Une voix se fait entendre, la flamboyante Miss Emilie Autumn Liddell, alias Emilie Autumn, surgit!
Celle qui, après des études classiques, fût la violoniste de Courtney Love, a connu l'internement et les expériences One Flew Over the Cuckoo's Nest après une tentative de suicide, s'en est sortie en écrivant un roman autobiographique ( 'The Asylum for Wayward Victorian Girls'), a pondu cinq albums sous son nom et termine ce soir, en fanfare, 'The Fight Like a Girl Tour '.

The show can begin, on ne te parle pas d'un concert, mais d'une performance théâtrale, d'un spectacle total: chansons, ballet, stand up comedy, burlesque, French Cancan... un mix excentrique, coloré, sensuel, qui aura conquis Bruxelles!
Sur scène, pas d'instruments visibles, le piano est drapé de soies roses, deux ou trois crânes sont disséminés à droite et à gauche, quelques chaînes, miroirs antiques, drapeaux rouges.... une imagerie Walt Disney gothique.
Premier tableau:
La diva portant un effrayant masque de divinité égyptienne entame ' Safety lies in fear' ( Hamlet) introduisant le sinistre ' Four o'clock', les Bloody Crumpets virevoltant autour d'elle.
En comparaison, Christine Aguilera, Madonna, Lady Gaga.... c'est du cheap Las Vegas pour bobonnes .
Second tableau
Un speech explicatif du ' Dr Stockhill' dirigeant l'asile, suivi du belliqueux , revendicatif, dramatique ' Fight like a girl' .
Tableau trois
L'apologie de la violence,' Time for tea', te faisant penser à certains opéras grandiloquents de Queen sur fond industriel inquiétant.
Tableau quatre
Au son du clavecin, un menuet courtois ' The art of suicide'.
Emouvant!
Tableau cinq
Vautrée dans une chaise roulante, le Freudien, frénétique, inquiétant: 'Take the pill'.
Swallow, swallow, swallow... c'est un flacon entier qu'elle a avalé!
Tableau six
Un poème ' How to break a heart' après lequel elle se saisit d'un violon étincelant et grinçant pour attaquer l'electro déjanté ' Liar'.
Rixes shakespeariennes, public harangué et menacé... la foule hurle!
Tableau sept
Présentation des patientes givrées du Dr Stockhill, suivie de l'incroyable ' God help me'.
Un piano à la Regina Spektor pendant que les Crumpets prennent le thé, ça dégénère, les cookies volent dans l'assistance, le liquide aussi.
Bordel, le capitaine des pirates vient de nous arroser d'une rasade d' Earl Grey tiède, chienne!
Garez-vous, elle plonge dans la fosse!
Tableau huit
Mon truc en plumes...
Le Crazy Horse goes Goth, la Belle au Bois Dormant se tape le Marquis de Sade... a Victorian ballet fétichiste !
Tableau neuf
Cabaret time' Girls, Girls, Girls', Emilie fringuée en Oliver Twist dirigeant la revue.
Soudain, elle tripote la plantureuse poitrine d'une des filles, le sein explose pour nous inonder de confetti.
Formidable!
Tableau dix
La séquence séduction: Emilie Pygmalion & Veronica en jeune dinde à laquelle on enseigne the art of love.
Exit Emilie, partie se changer, who wants to play a dirty game with me, questionne Veronica, I want a girl.
Elles sont vingt à vouloir monter sur scène, le choix se porte sur la coquine Victoria exhibant un carton 'Corrupt me'.
Echange de salive
We're married, now!
Tableau onze
' Gear' suivi du cru ' We want them young'
Tableau douze
L'élégante et tragique romance ' Gaslight' au clavecin.
Tableau douze
La marche obsédante 'One foot in front of the other', les filles vont-elles réussir à fuir l'asile?
Toute l'exubérance d' Amanda Palmer, des Dresden Dolls, de Queen sur arrière-plan Georg Friedrich Haendel.

Rideau!
Ovation immense!

Bis
Seule, au piano, le classique ' Mad girl' suivi de 'Thank God, I'm pretty ' repris par tout le VK.
Les Crumpets se repointent pour l'apothéose serpentins, French Cancan sur fond Frank Capra, burlesque à gogo!
On rallume les feux pour se quitter au son de 'Always look on the bright side of life' des Monty Python!
Un spectacle captivant!