vendredi 9 mars 2012

Marianne Aya Omac au Centre Culturel de Woluwe-Saint-Pierre, le 8 mars 2012

Dans le cadre des VW Spring Sessions 2012, le CC de Woluwe-St-Pierre accueille, salle Fabry, Marianne Aya Omac.
Heureux que tu es, l'an dernier, celle qui partage ton lit et toi étaient aux anges après le tour de chant de M A O au Botanique, dans le cadre d'Entrevues ( devenu Propulse, depuis).
Cap sur la commune dirigée par le ( vieux) beau Willem Draps. Au bar, deux guignols, encore plus mignons: Guy et Milou, absorbés par l'une de leurs activités favorites, écluser une Westmalle!

20:35'
Apparition de la Languedocienne: pieds nus, fringuée de noir, chevelure en bataille et sourire carnassier.
On doit être vachement sourd à Woluwe, elle nous a envoyé quatre bonsoirs.
Heureusement, après le quatrième salut les moins cons ont réagi.
'Le prophète' , un premier message humaniste, un peu baba remarquera Guy, qui se souvient du slogan: tous au Larzac.
Il y a du Jeanne-Marie Sens, Maxime Le Forestier, Brigitte Fontaine ou Catherine Ribeiro dans ces lyrics revendicatifs.
Déjà d'audacieuses et profondes vocalises te font frémir sur ton siège, ta compagne, les yeux clos, communie.
S'il y a un domaine dans lequel j'excelle, c'est 'Le chagrin d'amour', la môme réincarnée en gitane.
Elle se déplace pour aller déposer son séant sur un tabouret, de façon à ce que son 38 ex-fillette puisse piler une calebasse en mesure, cette demi-courge s'utilise comme couscoussier quand je ne suis pas sur scène.
Avertissement: si vous survivez aux trois premières chansons, c'est gagné!
' Homme/ Femme' un gospel groovy, au discours revendicatif ne tombant pas dans la caricature... parité, égalité.. c'est en nous qu'il faut aller les chercher...
Dani Klein abordait les mêmes thèmes sur le dernier Vaya Con Dios.
Le tempo s'accélère, les premiers battements de mains soutiennent le jeu de guitare agité.
Le trou où je vis compte 140 âmes, elles reflètent l'humanité entière, 'Les Yeux' traitent de mesquinerie, d'intolérance, de préjugés... une description de l'homme dans laquelle chacun de nous se retrouve.
Premier titre en anglais ' Saved', un soul folk aux saveurs Tracy Chapman ou Selah Sue.
Pas étonnant que Marianne ait subjugué les publics canadiens et américains lors de sa tournée avec Joan Baez: une chanteuse passionnée, un timbre chaud et puissant et some guitar skills à rendre jaloux les aspirants Manitas de Plata.
Un boxeur à la puissance de frappe explosive.
Elle poursuit avec l'incroyable 'Closer', démarrant par quelques claquements de langue, pour partir en powerful riddim.
Difficile de rester assis pendant ce gospel/ soul/reggae saccadé et quand elle attaque son solo de trompette buccale Dizzy Gillespie brand, la salle vibre à l'unisson.
Un phénomène, la réincarnation féminine de Louis Armstrong.
Un peu de douceur après cette débauche d'adrénaline, un morceau composé après une expérience ascétique dans les Cévennes, à 1000 mètres d'altitude, avec comme seul voisinage un troupeau de brebis... c'était l'enfer, ajoute l'Héraultaise, voici le lent et introspectif 'Yo vivo por la montaña', qu'elle avait enregistré avec le groupe Ginkobiloba.
Beau comme du Isabel et Angel Parra.
Toujours dans la veine hispanique, 'Duele' à l'amorce lyrique avant un virage flamenco ardent.
Elle dédie ce titre à tous les peuples opprimés d'Amérique du Sud ou d'ailleurs, aux gens vivant pieds nus en essayant de rester debout, malgré tout.
Ce soir, les bourgeois de Woluwe se sentent l' âme gitane.
Toujours des rythmes chiliens/Cordillère des Andes pour le morceau suivant, avant d'amorcer le traditionnel ' La Llorona de Montreal' ( la pleureuse), ranchera devenu flamenco intense...por que tanto dolor, por que tanto sufrir... toute la souffrance d'un peuple qui soudain se transforme en ouragan rythmé, les olé d'abord timides, puis fiévreux, fusent, tout Woluwe dans l'arène tandis que le toréador porte le coup fatal: olé!
Un ouragan, cette fille!
Plus de mensonges, non à la guerre, ' Pura Mentira', un titre coup de poing dans la gueule des gouvernants.
Marianne Aya Omac, c'est la Mano Negra à elle seule.
Puis vient la plage qui nous a tous fait sangloter, un texte issu du Cahier de Poésie, de Françoise, une voisine, poème écrit en pensant à son grand-père ayant survécu après la première guerre mondiale... je ne suis pas un héros, s'il vous plaît, pas de fanfare, pas de drapeau, j'ai tué...
Juste et poignant, un tout grand moment!
On va pas se quitter sur une note triste, voilà 'La Mouche' , chanson que j'ai composée quand j'étais encore une gamine naïve et farouche.
Humour, autodérision caractérisent cette valse/farandole participative, la chorale paroissiale est en forme.
Pas question de simuler, Marianne voit tout... vous, Monsieur, avec vos lunettes, vous ne chantez pas... pour finir par un sketch à la fois tendre et acerbe qui écrase les Roumanoff, Foresti ou Robin.

Fabuleux, public conquis!
Un double encore: une chanson d'amour à la Cabrel ' Epilogue' et enfin un instrumental psalmodié, au jeu ciselé mis en loops.
Cet élégant voyage aux couleurs africaines clôture la soirée.

Longue séance dédicaces!