mardi 18 octobre 2011

Charles Bradley and his Extraordinaires- Het Depot, Leuven, le 17 octobre 2011

Le Depot a quitté la Martelarenplein, l'ancien ciné subit une opération de chirurgie esthétique. Pendant le traitement thérapeutique, les activités se déroulent Kapucijnenvoer 47, un bâtiment abritant les étudiants en soins infirmiers.
Une ancienne salle de gym a été transformée en salle de concert pouvant accueillir +/- 500 spectateurs.
C'est là qu'aura lieu le premier événement COOL de la saison:

Charles Bradley and his Extraordinaires

Une attente interminable dans une cantine bondée, transformée en sauna improvisé, heureusement tes pavillons peuvent jouir des galettes vintage sélectionnées par le deejay Thierry Mr Soul Steuve, qui réussirait à faire danser une escouade de paraplégiques en pèlerinage vers Notre-Dame de Fátima.
20:45' du mouvement sur le podium!
Faux espoir, un roadie est passé par la Brasserie InBev et a acquis un stock de Stella qu'il dépose à côté des amplis, des micros et de la batterie.
Bordel de fiente de pigeons de la Dyle, ça commence à bien faire, il faudra attendre 21h03 pour qu'un zouave d'un signal lumineux demande l'extinction des feux..
Il était temps, Kathleen était prête à gravir les marches du podium pour aller cueillir le Charel dans sa loge!

Les Extraordinaires en piste: sont sept, dirigés par le guitariste Thomas Brenneck ( figure de proue chez Daptone Records, un ex Sharon Jones & the Dap-Kings et frontman du Menahan Street Band, qui accompagnait l'ex-plombier cet été) - un duo sax/trompette qui connaît la chanson - un second guitariste- Mike Deller aux claviers ( Budos Band- Menahan Street Band) - un drummer pas énervé et un petit bassiste ( on n'a pas reconnu Nick Movshon - bass guitar, Homer Steinweiss- drums du Menahan Street Band...).
Ils ont pour mission de chauffer le public, tu parles la t° est montée à 36°C, et vont nous balancer une triplette instrumentale qui a le don de calmer Kathleen et sa copine qui gigoteront pendant 70' .
Dans l'ordre: 'Theme' - ' Don't ever leave me' du saxophoniste JC Davis qui officia chez James Brown et ' Howlin Wolf Staples' , ils poursuivent avec le upbeat 'Mighty Mighty ' de Baby Huey, le clavier quitte ses touches, passe derrière le micro et, dans la plus pure tradition Las Vegas, vient nous demander si on est prêt à accueillir Charles Bradley!
Hurlements, le sexagénaire ( sexygénaire?) déserte les coulisses.
Un conte de fée que l'histoire du Screaming Eagle of Soul qui sort son premier album ' No time for dreaming' à l'âge de 62 ans.
Un petit gars qui imitait James Brown avec en guise de micro un manche de balai, pas rose sa vie: le Vietnam, un frère descendu par son cousin, des centaines de petits jobs payés largement en-dessous du minimum syndical, tu peux lire tout ça sur son faciès... puis apparition de la fée Daptone Records et profitant du renouveau de la soul, la vraie, celle qui sue, la reconnaissance mondiale, enfin!
Sur scène, un condensé d'Otis Redding/James Brown/Wilson Pickett/ Marvin Gay!
'Heartaches and pains' une soul ballad autobiographique retraçant le décès de son brother.
Formidable, un bond de 40 ans dans le passé, a full-throated voice, un charisme incroyable, de la soul authentique.
'No time for dreaming', premiers petits pas de danse sortis du James Brown notebook, les filles adorent!
Le slow qui tue ' Lovin' you baby', à genoux pour vous, ladies, quelques salades électorales, je vous aime, tous.... Leuven ne votera pas NVA....
Un sens de la tragédie et du pathos, un jeu de scène coloré, de la sueur et des larmes, il ne manquait que quelques choristes black à la poitrine opulente pour que ce soit parfait ( les boys se débrouillaient pas mal, mais bon 'Macho Man' de Village People ça ne vaut pas Tammi Terrell ou Tomi Raye Hynie!).
Let's go to church: ' ' The world'... this world is going up in flame... heureusement le sauveur est parmi nous, Charles porte sa croix, tous nos péchés, la route est pénible vers le Golgotha, il s'y attaque avec 'How long' : quatorze stations, deux ou trois chutes, on n'a pas vu Sainte Véronique, ni Simon de Cyrène, on a pleuré à chaudes larmes, la basse est venue nous secouer, la douleur était insupportable, Spielberg a voulu refilmer la séquence, le final fut furieux!
Magistral!
Un classique soul, le chaloupé 'Slip Away' de Clarence Carter, j'en tremble encore!
Tout en esquissant un mouvement chorégraphique ondulant, Charles regagne les loges et laisse le band orphelin.
Un instrumental doit lui permettre de se changer, le cosaque barbu de tout à l'heure vient nous relancer en présentant, une nouvelle fois, Mr Bradley, revenu en tenue Bruce Lee légèrement bedonnant.
Un single sorti en 2006, le funky 'This Love Ain't Big Enough For The Two Of Us', merci les Sparks.
Grand numéro de go go dancing et wah wah collante: super sexy!
Quelques accords de 'Cold Sweat' mais c'est 'Goodbye my love' du Godfather qui sera balancé. Heartfelt and soulful, mouvements pelviens saccadés en prime, pendant que des perles de sudation dégoulinent de son visage buriné vers son torse d'ex-costaud devenu chanteur.
Et une tirade pleine de bon sens: rhythm 'n blues it will always live because it comes from the soul!
Mickey, fais leur ton numéro au piano, puis le sax, et toi, Billy the Kid, montre aux little ladies comment on joue de la trompette, ils passent tous en revue avant de voir la ballade s'éteindre sur I still love you!
Il poursuit avec une étonnante version noire de 'Heart of Gold' de Neil Young et enchaîne sur un slow sentimental poignant ' In you' ( I found love).
Le style de rengaine pendant laquelle tu fermes les yeux et tu t'imagines tournoyer aux bras de Scarlett Johansson, possible qu'elle ait un verre dans le nez, tu t'en fous!
Mickey, refile moi une serviette, je suinte!
Merci, gamin, la dernière, I love you all...
Nous aussi, Charles, nous aussi!
'Golden rule' ...it's a cold, cold world... come back to the golden rule:
Explique, papy!
The golden rule is love, my brothers
The golden rule is love, my sisters...
Et il vient nous serrer la pince en nous souhaitant bonne nuit!


Leuven pousse une fameuse gueulante pendant cinq bonnes minutes, l'artillerie rapplique sans l'artificier: une intro juteuse 'Make the road by walking' , troisième intervention du piano man.
Coucou, voilà Charles, il a emprunté la robe de chambre en soie que Rocky Balboa avait reçu en cadeau de Dalida, en juin 1969 et il envoie ' Why is it so hard' , un lament mêlant message d'amour, connotations sociales et Commedia dell'arte.
"Why is it so hard to make it in America?” foutu pays où je suis né, this is my life's story!

And the crowd went wild and loved it!