dimanche 14 novembre 2010

Mary Gauthier- Ben Glover à l'AB Club- Bruxelles, le 13 novembre 2010

Le point sur les intempéries.
RTL note:
'La pluie s'est invitée dans notre pays depuis vendredi, matin ou après-midi selon les régions, et depuis lors elle ne nous laisse aucun répit.'
Le bordel ingérable: routes fermées à la circulation, cours d'eau s'invitant dans ta cave...
Trench et casquette: où tu vas, s'enquiert-elle?
Vais pas répondre, promener le chien, il n'existe pas ce cabot... à l'Ancienne Belgique, darling!
T'es malade?
Sans doute, mais le club programme Mary Gauthier, une cérébrothérapeute reconnue.
See you!

Foule sur le boulevard: Therapy ? affiche complet en bas, un public restreint, mais connaisseur, en haut!

20h00 Ben Glover

Non, c'est pas le petit frère de Roger le pourpre!
Ben nous vient de Glenarm, un bled situé en Northern-Ireland .
Loisirs: un rowing-club, un club de foot et un hurling team + des dizaines de pubs.
Ben écrit des chansons depuis qu'il sait écrire et tu le ranges dans le tiroir singer/songwriter.
Un ou deux EP's et deux albums, le dernier en 2010: 'Through the noise, through the night', produit par Neilson Hubbard.
Remarqué par Mary Gauthier, celle-ci l'invite à la supporter pour sa tournée d'automne.
Une bonne voix et du folk d'un classicisme tasty, bien britannique.
Huit titres généreux, Ben Glover s'est fait une cinquantaine de nouveaux fans.
'Melodies of midnight' , sur son premier cd, entame le gig.
Une mélodie attachante, une acoustique sobre, c'est aussi harmonieux que du David Gray ou du Tom McRae.
'Where the lines are', tout aussi soigné...when you burn I'm on fire...
'Full Moon Child' ouvrant le dernier né, l'enfant de la pleine lune ...les coiffeurs savent bien que des cheveux coupés lors de la nouvelle lune repousseront plus vite.
Tu te fous de nous, là?
Ma voisine est coiffeuse!
La ballade 'Atlantic eyes', pour Maggie, serveuse dans un bar qu'il fréquentait, âgé de 16/17 ans.
Devait être bien cette nana!
Inspiré par le grand Van Morrison: ' I am, you are' .
Et un tout nouveau titre, car je vois que vous écoutez attentivement: l'affûté ' Cuts both ways'.
Well, I hope you'll get home dry, this is my last tune: le romantique 'I am with you'.
Trente minutes d'un folk agréable!

Mary Gauthier
Non, c'est pas la soeur du Capitaine Fracasse.
Mary naît le 11 mars 1962, à la New Orleans, abandonnée par son parent biologique.
Adoption, adolescence pour le moins agitée, se lance dans le songwriting à l'âge de 35 balais de sorcière.
L'écriture lui servira de catharsis, ne t'attends pas à du folichon, pour la gaudriole tu sonnes chez Daerden!
Donc, on se sert au rayon dark americana !
7 plaques, la dernière en date, la bien-nommée ' The Foundling' .
Mary face aux sages lions de Bruxelles à 21h pile, une acoustique, un harmonica et une jeune et fabuleuse violoniste ( a 5 string viola) en provenance de Victoria, British Columbia, Pacific Coast, Canada: Miss Tania Elizabeth.
En dehors du violon, Tania s'occupe des percussions, elle a fixé un quolifichet, piqué à un indien Haïda, à un pied qu'elle secoue harmonieusement.
Cette dernière joue également avec The Duhks, un roots band de Winnipeg, et a sorti 2 albums solo.
Elle travaille sur un bouquin on how to be healthy as a touring musician.
Elle doit faire cadeau du premier exemplaire à Keith Richards!
'For Rose' ..a warm wind blows Across my windowsill tonight...
De sublimes close harmonies pour cette ballade que tu retrouves sur 'Filth & Fire'.
Brussels, I've got a lot of songs for bad weather to fit the storm, annonce la poétesse.
Une valse lente et autobiographique, pratique en ces temps d'inondations : 'Walk in the water' .
D'une saveur poétique inégalée, la fin du titre ... I'm gonna walk in the water till my hat floats away... illustrant le suicide de Virginia Wolf.
'Between the daylight and the the dark', titre de son album de 2007, superbes lignes de violons te donnant des frissons dans le bas du dos.
'I drink' du country noir et poignant à la Tom Waits.
Le dylanien ' I ain't leaving'.
Vous connaissez Steam Train Maury?
Un jour, je lis la rubrique nécrologie dans une gazette, un titre attire mon attention: The King of the Hobos died last night!
Je me renseigne, ce mec (Maurice W Graham aka Steam Train Maury, un gars ressemblant à St-Nicolas) a été élu 11 fois King of the Hobos par ses pairs.
Good story for a song: ' Last of the Hobo Kings'.
Du female Woody Guthrie aux odeurs Elliott Murphy, une tranche d'histoire épique à la Erskine Caldwell.
'Burnin' Sugar Cane' aussi grave que la déforestation en Amazonie ou la marée noire, signée BP, en Louisiane.
De Thibodaux à Raceland, les champs de cane à sucre sont en feu, tous les ans. It's a suicide job...dirty rain, deadly snow.... money for the company!
Un titre coup de poing, d'une force brutale!
Une ballade pour digérer toute cette noirceur, 'Our lady of the shooting stars', beau comme la 'Lady d'Arbanville' de Cat Stevens.
Nouvel épisode de storytelling, les clochards vivant sous le Cow Key Bridge et célébrant Noël autour d'un barbecue, en souhaitant Merry Xmas à tous les automobilistes empruntant le pont: le profond ' Christmas in Paradise'.
Tu fermes les yeux, tu peux les voir se passer la bouteille de pinard imbuvable de main en main et chantant des Christmas carols d'une voix d'ivrogne au nez pivoine.
Bobbie Gentry rencontre Tom Russell!
1962, a baby was born in New Orleans to an unmarried woman, ainsi débute l'histoire que Mary narre, sans trémolo dans la voix, avant d'entamer ' Mama here, mama gone' , l'assistance écoute religieusement, les kleenex circulent et pourtant, aucune trace d'amertume ou de rage, la blessure est profonde mais l'espoir demeure.
Beau et grand!
Elle poursuit avec 'Goodbye', could have been my family name.
Plus noir que le Noir de Noir de Côte d'Or, sur fond country allègre!
'Blood is blood' un nouveau cri bouleversant.
'March 11, 1962' te voilà transformé en Sigismond, écoutant madame Gauthier allongée sur un triste canapé!
Elle va s'en sortir, c'est certain, d'ailleurs elle hurle...I still believe in love... dans son ' The Orphan King' qui se termine en chant positif ... war is over if you want it!
My last tune, Brussels, thanks for listening: 'Mercy now', titre de son album n°4!
A spark of redemption illuminates even the darker songs...pour citer un critique des States.
Il a raison.
Mary: I love life, and life itself could use a little mercy now...
Fin de la messe!

Un double bis.
Tania Elizabeth, solo, pour une gigue du Québec, l'endiablé ' Le reel du pendu' et les deux protagonistes terminent avec un Award winner, le sensationnel ' Drag Queens in Limousines'.

Un concert formidable de plus de 90'!