jeudi 19 novembre 2009

Tuur Florizoone- Juan-Carlos Bonifaz & Oswaldo Hernandez au Beursschouwburg à Bruxelles, le 18 novembre 2009

Dans le cadre de SHOW Diaspora Sounds, le Beurs accueille ce trio belgico- mexicano- bruxellois.
διασπορά, dispersion, étape de vie...
Le concert est annoncé à 21h, sur place un placard affiche 21h30'.
A la Bourse, tu te frayes un passage parmi une centaine de barons, nourris à l'ice-tea (ça fait pas partie du consortium coca-cola...), fêtant à force de coups de klaxons, de cris stridents et d'étendards vert/blanc, ornés du croissant et de l'étoile, la qualification de l'Algérie au détriment de l'Egypte.
Parenthèse: l'équipe de Mohamed VI (fils d'Hassan II) a terminé à la place la moins honorable de sa poule. Supportons nos frères arabo-berbéro-afro-musulman...Pis de panaque, à Marseille la liesse populaire a entraîné le déployement de 650 membres des forces de l'ordre, ce qui n'a pas empêché bris de vitrines, mise à feu de véhicules traînant sur le Vieux-Port et plusieurs arrestations...
Vive le sport!

21h29' un quidam nous annonce le concert.
21h30' le trio en piste.
Le lange Tuur, le local, au centre( pas avant,fieu, pas de ballon rond dans le café, pas de kicker non plus) à l'accordéon.
Tuur Florizoone: c'est Tricycle, aNOO, Musicazur, Massot/Florizoone/Horbaczewski, Barbara Wiernik Sextet et des milliers d'autres collaborations. C'est aussi le soundtrack de 'Aanrijding in Moskou'. Il ne voyage jamais sans son branle-poumons.
A droite, Juan Carlos Bonifaz: c'est le magicien au marimba, le gars qui a des images d'Eldorado plein le cerveau.Il collabore avec des sommités latines: le Huachimamba percussion trio, Maracatù, Sindicato Sonico, Mong, Marcelo Moncada... Il est un des premiers à introduire le marimba en musique classique ou contemporaine (ex:John Cage's second construction).
A gauche, Osvaldo Hernandez Napoles(vu avec The Elements, il y a peu):c'est le roi de la percussion, le collectionneur d'instruments Pre-Colombiens, c'est des collaborations innombrables: Deep Forest, Marlène Dorcena, Karim Baggili, Ialma, Carlos Diaz, Travelling Voices...
Ces trois maîtres n'ont jamais joué ensemble, le programme prévoit une suite de morceaux improvisés et untitled.
Un accordéon argentin amorce la première salve, le marimbaphone saute dans le wagon et le sorcier des percussions agite quelques engins percussifs rudimentaires(crécelles, clochettes...), datant des époques Maya ou Aztèque.Dépaysement garanti, ce soundtrack amazonien doit calmer la colère des dieux.
La frêle embarcation glisse sur des flots agités, les matelots tiennent, hardiment, le cap à coups de pagaie adroits.D'hostiles et inquiétants bruissements de reptiles ou d'insectes géants se répercutent dans ton cerveau, faut pas flancher où tu sers de hors- d'oeuvre à ces sales bêtes.
Ouf, calme plat, une zone sans remous, le soufflet pleurniche et la pirogue accoste.
Second trip, toujours initié par le Tuur, les Mexicains mimant les vents équatoriaux.Tu contemples l'envol majestueux d'aras, fourmiliers, colibris, woodpeckers ... L'accordéoniste délire, piqûre d'insecte tropical?. La mélodie dérape, les basanés entrent en transe:effrayant!
Repos pour Florizoone. Avale cet antidote, pauvre blanc. Osvaldo nous la joue Ray Barretto, Juan-Carlos suit le mouvement.
Le Lange va mieux, enfin si on veut, il nous joue,dans les graves, une marche funèbre. Le marimba caracole, pendant que senor Hernandez tripote des ossements de dinosaures sud -américains.
Des images de 'African Queen', le chef d'oeuvre de John Huston (argh, Katharine Hepburn...) s'imprègnent sur ton écran cérébral.
Adios morosité, la suivante sera java Orénoque endiablée.
Un lent tango mélodramatique: essence de tout un peuple, l'âme d'un continent nourri aux sons de Piazzolla et aux chants de Carlos Gardel. Osvaldo y va d'un solo époustouflant au tambourin.
Les randonneurs reprennent leur excursion parsemée d'embûches.
Je jouerai du cajon pour la suivante. A ta guise, Oswald.
Et moi, se dit Jean-Charles, je vous fait une petite intro au melodica pour le numéro 6. Merde pense Arturo, moi, je n'ai que mon accordéon, j'ai prêté mon sifflet à un flic, buiten!
Qu'à cela ne tienne, Etienne, entamons une danse à quatre temps, truffée de masques mortuaires et d'auto-portraits de Frida Kahlo. Beau comme du Pablo Neruda, décoré par le score de Il Postino.
65' t'ayant transporté ailleurs!

Un bis!
Une musette mexicaine t'emmenant sur les berges du Coatzacoalcos. Tu remplaces le petit vin blanc par du mezcal.
Oswaldo, tu nous fais une sortie Achille Zavatta?
Si, si Hombre!
Chimes, Llaves et maracas clôturent ce Diaspora Sounds 2.

Una cerveza por favor!