mardi 27 février 2024

Le Château Cosco au Chaland qui Passe , Binic, le 25 février 2024

 Le Château Cosco au Chaland qui Passe , Binic, le 25 février 2024

michel 

Le Château Cosco part sur les routes de Bretagne.

 En ce dimanche frileux  sa seigneurie occitane fait escale au Chaland qui Passe à Binic.

Trois châtelains, au style châtié, ont décidé de célébrer, en musique, une messe occulte en langues hétéroclites.

Lucas Peleterie, Martin Giraud  et  Louis Huck,  ont tous trois été biberonnés au jazz mais en grandissant se sont mis à goûter à des breuvages moins académiques, pour faire simple on qualifiera leur style musical  d'inqualifiable ( pas de sens péjoratif, donc abject n'est pas un synonyme).

Louis est guitariste, avec son frangin Charles, papa Daniel et maman Monique  ( ils ont tous du sang bleu dans la famille) il fait partie du combo HUCK,  il accompagne également la chanteuse Hannah et peaufine son projet personnel, Kidham.  

Martin s'amuse avec des baguettes, il est cité chez   BagHZ et  Hoox , il faisait partie de la distribution du 'Roi Lear' monté à Montpellier il y a quelques années.

Lucas, l'intellectuel de la bande, contrebassiste au gant blanc ( au singulier), emprunté à une souris copine de Walt Disney,  a joué avec Holy Hand Grenade, avec le Hugo Lippi Quartet, ou fer/vent,  lui aussi  a tâté du Shakespeare.

L'aventure Château Cosco ( un castel qu'on n'a pas réussi à dénicher à Montpellier)   a débuté au printemps 2023, à l'époque, comme il fallait une étiquette, ils ont opté pour  post-jazz & techno acoustique, ce qui n'est pas idiot et proche du rendu.

On leur connaît un EP 5 titres, à écouter sur Bandcamp.

17:15', tous dans la barque, pour voguer sur 'The River',que Louis entame par quelques accords James Calvin Wilsey à la guitare, on ne s'attendait pas à une amorce rockabilly.

La contrebasse et les drums décident d'emprunter une autre voie, nettement plus aventureuse.

Aux riffs répétitifs de Louis, Martin répond par un jeu athlétique, tandis que Lucas, ayant déniché un archet traînant près de son pédalier, nous envoie quelques stridences, plaintives, avant-garde. 

Une séquence tribale, accompagnée par une guitare à la Bill Frisell, nous conduisent au terme d'une première plage à la structure complexe,  toutefois bandante.

Comparaison?

C'est délicat: du côté post rock on avancera Tortoise, le Portico Quartet ( sans saxophone) peut aussi être évoqué. Les Bruxellois de Under The Reef Orchestra de Clément Nourry ( oublie le saxophone),   travaillent dans le même esprit , ce qui est sûr, c'est que pour écouter Le Château Cosco, tu laisses tes oeillères au vestiaire.

Lucas amorce ' Sortilège 3' ( ne cherche pas l'élément logique, c'est comme au tiercé le 1 ne gagne pas toujours), Martin tapote consciencieusement les cymbales, la guitare tricote en contrepoint.

Ils doivent aimer Terry Riley, car les motifs mélodiques se répètent à l'infini, avant une accélération subite, puis une cassure inattendue pour surprendre les danseuses.

C'est fini, questionne Hortense?

Non, ça reprend de plus belle jusqu'au terminus.

'Sortilège 2'  démarre en fuzz, un drumming dissonant s'aventure en territoire noise, puis vient la guitare aux sonorités presque reggae,.

Bob se prépare un joint aux herbes locales, pas de bol, nouveau  changement  de cap, Lucas frappe ses cordes avec l'archet, Martin se démène comme un bûcheron à l'esprit altéré par une absorption massive de cartagena, tandis que les riffs de Louis s'attaquent à nos neurones.

Hortense entre en  transe!

Tu voulais du jazz, voici ' My favorite things' , un standard qui reçoit un traitement peu catholique, même si l'amorce à la Avishai Cohen et le jeu de guitare lyrique laissaient augurer d'une vision respectueuse.

Au fur et à mesure, la plage  s'éloigne du schéma classique, même John Coltrane s'est dit étonné.

Cling, cling, cling, le barman, espiègle, ajoute un tintement de clochette à l'improvisation, ce n'était même pas incongru.

'Coscocore' est annoncé comme un morceau zouk!

OK, du post zouk, acid core, tech noise, alors !

Martine, la copine de Hortense,  lâche un wouah admiratif, car le truc remue méchant!

La Jungle ( des Belges) ,  c'est de la panade pour nourrissons empâtés  si tu veux comparer ( les prix).

'' Sortilège 4'  est amorcé par des vibrations telluriques et pourtant les volcans de la baie de Paimpol sont inactifs depuis 500 millions d'années.

Il paraît qu'à Montpellier plusieurs créatures ont été exécutées pour faits de sorcellerie.

Cette époque est révolue, heureusement pour notre trio infernal, ils auraient pu se retrouver sur le bûcher.

Leur maléfice numéro 4 a tout du rondo infernal qui rend fou.

Ils sont non seulement sorciers, mais aussi fumistes, la suivante a pour titre ' Azote liquide' qu'il dit, mais après t'avoir griffonné une setlist,  tu constates que le morceau s'intitule ' Bear's Princess' ou bien il a été oublié dans le stylo à billes

Martin jongle avec deux baguettes et deux maillets, ses copains baguenaudent sans se presser, on n'a vu ni princesse, ni ours, l'effet de l'azote sans doute, l'épandage d'azote est courant en Bretagne!

Bear's Princess, assez concis, se signale comme étant le morceau prog rock du set.

'Sortilège 1' doit servir à évacuer la colère qui stagne dans ton cerveau, il va catharsiser ton inconscient.

Plus besoin de consulter un psychanalyste, laisse- toi aller et danse sur un thème proche du ' Concerto d'Aranjuez' virant 'Spanish Caravan' à la sauce kraut, sur batterie martiale.

'Les poules' picorent gentiment,  mais dès l'apparition du renard, c'est la pagaille, un coup de tonnerre annonce le jugement dernier, le cataclysme cosmique met fin à un concert époustouflant,  donné par des garçons énergiques et ingénieux.


Quoi, tu veux un bis, Hortense?

D'accord, propose un titre!

' Grenouille'.

Allons-y pour une improvisation froggy noise funk, hallucinée  que l'on baptisera 'Sortilège jam à la binicaise'.

 

Un concert de Château Cosco vaut toutes les allocutions du président, t'es absolument  sûr de ne pas t'endormir au bout de dix minutes!