mardi 28 novembre 2023

Alabama Mike à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 26 novembre 2023

Alabama Mike à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 26 novembre 2023

 

michel

 

Encore un dimanche à contempler les étoiles à Saint-Agathon.

Une semaine après James Armstrong, c'est son compatriote Alabama Mike qui a posé le pied gauche, et le droit, sur la scène de La Grande Ourse.

Michael Benjamin, aucun lien avec Mikaben, décédé sur un podium en 2022,  d'une crise cardiaque, naît en 1964  à Talladega, une grosse bourgade located in east central Alabama. Comme papa, Joseph Benjamin, était ténor vocaliste au sein d'un gospel quartet, tout naturellement le petit et frêle ( à l'époque) Michael, après un passage dans la marine de Tonton Sam, décide de tâter de la musique, il devient Alabama Mike et chante le blues, comme une copine de Patricia Kaas.

En 1999, il enregistre un premier single  Day to Day', ce sera également le titre de son premier album.

En 2023, la fiche mentionne cinq disques  sous son nom, le dernier 'Stuff I have been through' sent encore le talc.

La Grande Ourse était la dernière étape d'une tournée européenne pendant laquelle il était secondé sur scène par des Frenchies pas cons: Anthony Stelmaszack ( guitare) , Julien Dubois ( basse) et un habitué de la salle,  Fabrice Bessouat ( drums).

Le groupe occasionnel a reçu The Soul Shot Band comme nom de baptême.

17:30', les soudards, très cool ce soir, se pointent pour entamer une intro juteuse servant à annoncer, in French dans le texte, celui qui en 2010 a été auréolé comme Best New Blues Artist et qui plus tard a récolté d'autres awards tout aussi prestigieux: Mister Alabama Mike.

I'm ready for the blues, what about you, Saint-Agathon?

On est venus pour ça, Mike!

Voilà 'Think' pour l'ouverture, pas le classique d'Aretha Franklin, mais une reprise  de Jimmy McCracklin qui reçoit un traitement soul blues assez éloigné de l'original;

Le timbre du natif de Talladega doit autant aux bluesmen BB King ou Buddy Guy qu'à James Brown ou au crooner Lee Fields.

D'emblée, l'assistance est captivée par le jeu lyrique du grand  Anthony Stelmaszack, une des pointures de la scène blues bleu blanc rouge.

Mike, coiffé d'une cop's cap  et arborant une seyante  chemise mouchetée, a ramassé un harmonica pour entamer ' SSI Blues', un Chicago shuffle  pour gens dans le besoin, SSI =  Supplemental Security Income.

L'harmonica, grivois, se promène sur un tempo animé, assumé par une rythmique qui ne montre aucune faille,  Anthony hante la slide sans sourciller , La Grande Ourse savoure.  

Instant bizarre, Fabrice Bessouat fait mine de se tirer, il se ravise, séquence causette, merci Victor,  autour d'une tasse de thé,  puis on reprend le fil, décousu, tu as compris!

Are you ready to get funky, folks?

Venons en au fait, réagit un voisin.

Le midtempo 'Frustrate my life'  traite des éternels tracas que le bluesman subit au contact  de la gent féminine. Alabama Mike   a connu d'autres temps rudes, il les chante dans 'Stuff I've been through' le titletrack de son dernier CD, un  Southern soul qui sent fort les disques de chez Stax dans les sixties, tu penses à Johnnie Taylor ou à Eddie Floyd.

Aux pieds du gaillard traîne une liste de titres, le hic est qu'il ne la respecte pas et, au besoin, ajoute un morceau non prévu au programme.

C'est son droit le plus strict, rétorques-tu, d'accord mais le show s'en ressent, pas de ligne de conduite, il passe du coq à l'âne,  ça fait désordre, ceci n'enlève rien au talent des intervenants mais donne une impression de manque de cohésion.

Ainsi la suivante, pendant laquelle Fabrice Bessouat  gratifie l'assistance d'un solo de batterie pas débile, n'est pas à retrouver sur le menu prévu, elle dit.....Some people make love in the winter,  I like my lovin' in the pouring rain... et le chorus... tell me pretty baby ... est repris par la salle.

Il tient à nous faire visiter sa chambre à coucher, en oubliant de mentionner que l'admirable  slowblues  'Lonesome in my bedroom'  est une reprise de Luther Johnson.

Comme il s'éclipse pour boire un coup en coulisses, Anthony Stelmaszack en profite pour placer une digression lumineuse, estimée à sa juste valeur par les habitués du dimanche.

Le shuffle remuant 'Upset the status-quo' le voit esquisser un petit pas de danse quand il ne tire pas de sulfureuses lignes de son mouth harp, les Français transforment ce blues en pur joyau, un des meilleurs titres du set.

Saint-Agathon, you wanna party?

Yes!

Well, get up.

 Faut toujours faire ce que Jésus demande,  Lazare s'est levé et toute la salle avec lui.

Et c'est parti pour le désopilant ' Fat Shame' décoré de plusieurs coups de sifflet rageurs.

La salle danse, Mike, flic ou matador, dirige le ballet,  on se dit que là c'est parti pour une fiesta jusqu'au terme du concert, erreur, ...you can sit down, folks.

Il attaque le downtempo ' Somewhere down the line' ( Little Johnnie Taylor) , suivi par une surprise du chef,  non reprise sur la carte, un nerveux ' Give me back my wig' qui a rallumé la flamme vacillante.

Sur la lancée le  singalong ' Mississippi'  swingue à mort et tient le public en haleine, mais curieusement, il fait suivre l'upbeat par une reprise  de Blind Lemon Jefferson,  un poussiéreux 'One Kind Favour..See That My Grave is Kept Clean'.

Pas de fil conducteur, pas de ligne de conduite, tu passes du chaud, au tiède, au bouillant, et puis le soufflé retombe, c'est assez déconcertant.

Fabrice Bessouat s'est levé pour indiquer que c'est l'heure de la sortie, l'école est finie, Saint-Agathon ne l'entend pas de cette oreille et exige son bis, il l'aura, le fabuleux ' Black Cadillac' de Lightnin' Hopkins met fin à un concert en dents de scie.

En passant par le stand de merchandising, tu as pu constater qu'une majorité de l'assistance ne partageait pas tes regrets et se ruait sur les disques du bluesman de l'Alabama.


Prochain concert à La Grande Ourse, , le 9 décembre: Red Cardell et Soïg Sibéril!



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