lundi 27 août 2018

Foodtruck Festival Saint-Quay-Portrieux avec The Blue Butter Pot et La Green Box - Quai Robert Richet - le 25 août 2018

 Foodtruck Festival Saint-Quay-Portrieux  avec The Blue Butter Pot et La Green Box - Quai Robert Richet - le 25 août 2018

Troisième édition du  Foodtruck Festival Saint-Quay-Portrieux, pendant 3 jours le Port d'Armor accueille une quinzaine de cantines mobiles, proposant une cuisine allant des galettes Breizh aux saveurs Thai en passant par du vegan, du rougail, des wraps ou du poulet tandoori.
Des animations musicales sont prévues chaque jour et si t'es pas mélomane, tu peux toujours contempler les embarcations participant au trophée des multicoques, des bolides se préparant pour la Route du Rhum!

Un doux soleil darde ses rayons sur la plage du port de Saint-Quay, en attendant le début des concerts, tu invites madame à siroter une Lancelot sur la terrasse du Poisson Rouge,vers 18:45  tu décides d'avaler un truc libanais.
 A 19 h, The Blue Butter Pot, entame son set, tu écoutes les premiers titres, râpeux, de loin, déjà les gars t'impressionnent.
 Rémy Bonnet, pas un âne,  et Olivier Le Normand, aucun lien de parenté avec Gérard et il semble préférer le houblon au Calvados, ont formé The Blue Butter Pot en 2012, pour rire!
Ce qui était prévu comme un one shot s'est transformé en mariage pour la vie, l'ayatollah guitariste/chanteur et le batteur grunge ont d'ailleurs sorti un EP cinq titres et une rondelle de 15 chapitres (If the Wind) en 2016, ils donnent +/-200 concerts par an.
Donc en ce paisible samedi ils ont quitté le Morbihan pour secouer les Côtes-d'Armor.
C'est quoi comme musique, elle a questionné?
Du blues artisanal, baby.
Il a bouffé quoi le barbu pour avoir une voix aussi rauque?
Rien à voir avec la becquetance, ce doit être le moonshine de Pontivy.
Après deux morceaux rentre-dedans, mixant éléments de blues, country, grunge et folk,  dans la lignée  de Seasick Steve ou de Cotton Belly's, d'autres grenouilles aimant patauger dans des marécages poisseux, le mec,  dont le timbre peut évoquer celui d'Omar, pas celui qui m'a tuer, non le mec qui joue avec les Howlers, propose ' Yo Pedro', une mélodie enrichie de quelques cris guerriers.
La suivante offre des relents Beastie Boys non déguisés, puis le duo se paye une version brute de 'Come together' car ils n'aiment pas les édulcorants.
' Doors' ( ? pas certain du titre) traite de la fin du monde, le morceau précède un boogie pendant lequel Rémy se permet quelques acrobaties qui ont fait tiquer la compagnie qui l'assure.
Après une longue intro lyrique, Le Normand  breton, au repos, contemple les goélands, le duo s'attaque au 'Mistreated' de Deep Purple.
Du grand art!
'I give you five' est autobiographique, concède l'homme à la chemise à carreaux.
Tu dis, Louis, on joue trop fort...c'est que t'es trop vieux!
L'assistance en a pour ses deniers, les énergumènes se démènent sévère sur scène.
A première vue, le duo doit préparer un nouvel effort discographique, plusieurs airs interprétés ce soir ne se retrouvant pas sur leurs enregistrements précédents , ainsi Rémy, qui a une famille, se prend pour Billy the Kid puis amorce un blues psychédélique,  à la slide, à l'issue duquel son complice se plaint du manque d'enthousiasme des plaisanciers.
Twister n'est pas interdit pendant ' Checking the levels', Saint-Quay admire le  beau jeu de rotules du cousin de Billy Gibbons, son partenaire annonce la dernière, le nerveux 'Support the badger' avant d'estimer qu'un public aussi mou ne mérite pas un rappel.
Ils nous balanceront toutefois 'You Can't Teach An Old Dog New Tricks' de Seasick Steve ( des tours, il en avait dans son sac le cabot, un bridge 'Smoke on the water' histoire d' amuser le bon peuple)  pour clôturer une performance robuste.


21:00, changement de style avec La Green Box.
Encore un duo, Florent Vintrigner ( La Rue Kétanou), petit rat sans tutu, au chant, guitare, dobro, accordéon, banjo et Benoît Laur, aux percussions, harmonica et à la programmation ( Chloé Laum, et ingé son de La Rue Kétanou).
La Green Box, pourquoi?
Ecoute, Victor Hugo, extrait de 'L'homme qui rit':
"La grande cour de l’inn Tadcaster avait fixé le choix d’Ursus. La Green-Box semblait prévue par cette cour; c’était un théâtre tout construit. Cette cour était carrée, et bâtie de trois côtés, avec un mur faisant vis-à-vis aux étages, et auquel on adossa la Green-Box, introduite grâce aux vastes dimensions de la porte cochère....
La Green-Box, rangée contre le mur, avait devant elle cette salle de spectacle. Cela ressemblait beaucoup au Globe, où furent joués Othello, le Roi Lear et la Tempête...."
Victor Hugo, le nom est lancé, le projet, audacieux, de  Florent Vintrigner est la mise en musique de textes du prolifique poète, dramaturge et prosateur de Besançon.
Un plan pédant, vaniteux?
Pas du tout, Jeanne,  un dessein lumineux et captivant.
Premiers vers .....Le lion du midi voit venir l'ours polaire. L'ours court droit au lion, grince, et plein de colère, L'attaque plus grondant que l'autan nubien. Et le lion lui dit : Imbécile ! c'est bien. Nous sommes dans le cirque, et tu me fais la guerre ...
Superbe ce 'Dans le cirque'  mis en musique et d'une actualité poignante, des Nérons gouvernant avec des oeillères,  il y en a des masses!
George Bizet avait déjà adapté l'extrait du recueil 'Les Orientales', ' Les adieux de l'hôtesse arabe' , La Green Box nous en offre une version folky,  truffée de trouvailles technologiques grâce aux combinaisons du duo Benoît Laur, sur scène, et Arnaud Viala dans l'ombre.
L'arabisant 'Novembre' voit Benoît manier le banjo, Florent déambule et récite avant d'achever l'obsédante mélopée à l'accordéon.
Un dobro apparaît pour un extrait du bestiaire de Victor,  'Fable ou Histoire', ou le singe vêtu d'une peau de tigre.
L'artiste nous la joue Charlie Chaplin.
 Cheetah a fui sa cage pour effrayer les badauds, il grimpe sur une table, pousse des cris simiesques,  avant de terminer son ballet allumé en concluant ' tu n'es qu'un singe'  et  remonter sur le podium.
Vous étiez à  Bruxelles entre 1851 et 1871, vous auriez pu, à la Grand-Place,  apercevoir  Hugo à la fenêtre d'une chambre et l'entendre réciter ' Une nuit à Bruxelles'.
Victor Hugo est décrit comme un écrivain populaire, quel  autre instrument  que l'accordéon caractérise le mieux le peuple, allons-y pour une musette instrumentale avant de revenir aux écrits de celui qui ne portait pas Louis-Napoléon Bonaparte dans son coeur, voici  'Le voile' .
Douze vers, trois quatrains d’alexandrins en rimes croisées, ' Demain, dès l'aube', est assurément un des poèmes les plus célèbres de l'homme à femmes, ils sont nombreux à l'avoir mis en musique.
Saint-Quay, c'est un port, non?
Un chant de marin s'impose, ' Le gabier de Terre-Neuve'.
Après l'infidélité au poète, on reprend le cours normal des choses, vont s'enfiler: ' La Divina', ' Quand nous habitions tous ensemble'  et 'Parfois' qui en mode dance précède le titre concluant le récital, 'Je hais l'oppression d'une haine profonde', un manifeste écrit en faveur des juifs persécutés, c'était en 1882.
Ce texte n'a pas pris une ride!
Il n'y aura pas de rappels malgré les applaudissements nourris d'une audience conquise!