dimanche 21 janvier 2018

Les Zef et Mer au Complexe Culturel Le Cap - Plérin ( FR) - le 20 janvier 2018

Les Zef et Mer au Complexe Culturel Le Cap - Plérin ( FR) - le 20 janvier 2018

Cinquième édition du festival les Zef et Mer qui permet de découvrir la création et les nouveautés de la musique bretonne.
Le festival s'adresse aux programmateurs mais le public est admis, et ce sans débourser un radis.
En matinée, le Centre culturel Le Cap accueillait quatre spectacles jeune public et à partir de 14h, six groupes proposent des éphémères de 20 min devant servir de carte de visite!
 Barba Loutig - Dour / Le Pottier quartet - Egòn - Noon - Paotred ( Annie Ebrel, Nolùen Le Buhé et Marthe Vassallo) - Ronan le Bars group
La présentation est confiée au comédien Anthony Sérazin qui, aidé de son compère Maël Lhopiteau, introduira les différents artistes tout en proposant des extraits de leur prochain spectacle "Comptoir de la Bretagne, bonjour !"

 Anthony Sérazin n'est pas un inconnu en Bretagne: animateur, ex- directeur de la radio Plum'Fm, créateur de la compagnie de spectacle, « Orange Givrée », l'homme est l'annonceur idéal pour meubler les temps morts.
Les sketchs mixant humour bête et méchant, tendresse, dérision et candeur auront fait mouche et nous le remercions d"avoir éclairci le mystère Zef et Mer, si le zef, un vent violent, et la mer caractérisent très justement le département, il fallait comprendre que les Zef et Mer étaient des éphémères!

La salle est bien remplie lorsque  Egón entre en piste.
Si tu pensais à Egon Schiele et à l' Austrian Expressionism, tu as fait fausse route, Egón pratique un folk celtique mâtiné de jazz et de rock fusion.
Ils sont quatre: Daravan Souvanna :  Fretless bass, Effets sonores/ Kevin Le Pennec : Cistre ( l'instrument que tu vois sur 'De liefdesbrief' de Vermeer)/ Erwan Menguy : Flûte traversière, Effets sonores et Youenn Rohaut : violon Quinton et effets sonores, ils ont sorti un EP, "The Road To The Fork", et se produisent habituellement au milieu du public, leur dispositif scénique étant baptisé [sonar].
'The road to the fork' un jeu de mots basé sur à la croisée des chemins ouvre leur mini-set.
Si le fond folk semble traditionnel, l'élément électronique donne une dimension intéressante à ce jig suivi par  une 'Suite vannetaise'  aux sonorités trafiquées par les pédales à effets. Modernité et tradition se marient parfaitement, les atmosphères dévoilées touchent au folk à la world music, à l'ambient ou au postrock.
Le projet est audacieux mais abouti.
Pour mettre un terme à la prestation, Egón met le cap sur l'Irlande avec une série de jigs composées par Erwan, le futur papa.
Le 23 janvier à Rennes,  Auditorium du Tambour!

Il y a deux ans, à Saint-Agathon, tu avais assisté, émerveillé, au concert du trio  Ebrel-Le Buhé-Vassallo, trois grandes voix de la scène bretonne.
Annie Ebrel, Nolùen Le Buhé, Marthe Vassallo sont loin d'être des novices, cet après-midi, Plérin aura droit à un aperçu de leur dernier spectacle  'Paotred' ( Chansons d'homme).
Pas des chansons à boire, ni des airs paillards, mais des titres traitant, fatalement, d'inégalités, mais aussi de souffrance, de joie ou d' émotion.
Ce qui prime chez ces dames c'est l'incroyable travail polyphonique.
Le rideau se lève, elles semblent figées, chacune derrière un pied de micro, avant d'entamer a capella  une chanson populaire de Basse Bretagne qui en regorge.
Plérin se tait et admire les acrobaties vocales exécutées sans filet,  elles pratiquent le kan ha diskan, le canon, la Mehrstimmigkeit, la superposition, le collage en nous laissant pantois.
Annie Ebrel saisit le micro pour entamer un texte traitant du cocufiage, une parodie d'un écrit huguenot concernant les cocus anglais ( ouf!), elle est arrêtée en plein exposé par ses consoeurs objectant que le temps est limité.
Pour entendre la version complète, il faudra assister à leur récital .
Elles reviennent au chant et proposent la complainte d'une jeune fille qui meurt d'envie de se marier , les voix se font profondes, ce chant s'adresse autant à ton âme qu'à tes tripes, malgré toi, tu plonges dans l'époque médiévale et oublie tout le tsoin tsoin électronique.
Pour terminer leur set sur une note joyeuse, Annie, Noluèn et Marthe ont choisi un titre rythmé  et fredonnable avant d'être acclamées par une salle conquise. 

Après un nouvel intermède savoureux du duo  Anthony Sérazin/Maël Lhopiteau, la scène est investie par le Ronan le Bars group.
Un combo constitué par  Ronan Le Bars : Uillean pipes, whistles,/ l'ancêtre, Nicolas Quemener : Guitare/ Pierre Stephan : Violon/le petit nouveau, Julien Stévenin : Contrebasse et Aymeric  Le Martelot : Claviers.
Un second album 'An Erc'h Kentañ' (- The first snow) est paru en 2016.
Le virtuose de la cornemuse irlandaise, secondé par le claviériste entame une suite qu'il dédie à
Erwan Ropars, un sonneur de Quimper décédé en 2015.
La contrebasse rejoint le duo et, enfin, Nicolas et Julien entrent en action pour faire voltiger la mélodie ( An Distro)  bien haut dans des cieux couverts.
Entrée en matière appréciée par la salle.
La comptine qui suit a été baptisée '  Bleuenn', elle s'entend sur le premier album du groupe.
Pour ce morceau mélancolique, le barde a sorti une flûte de sa sacoche, paupières closes, tu peux sentir une brise légère caresser ton épiderme, en les rouvrant tu vois une gracieuse jeune fille, vêtue d'une robe légère, esquisser un pas de danse parmi un champ de bleuets.
Féérique!
Le mini-concert se termine par une adaptation du traditionnel 'Dérobée de Guingamp'.
Pas de place sur scène pour les danseurs, dommage! 
Le 27 janvier à Guer, Salle de la Gare! 

Un des grandes surprises du festival  aura été la prestation de  Barba Loutig!
Ces quatre nanas domestiquent l'art de la polyphonie, de la polyrythmie, du contrepoint, du plain-chant, du chant antiphonal, de l'hétérophonie et autres techniques vocales, aux noms barbares, à la perfection.
Quoi?
Non, elles ne pratiquent pas le jodel!
 Loeiza Beauvir /Lina Bellard / Elsa Corre et Anjela Lorho-Pasco chantent à faire pâlir le rossignol   primé à la biennale du chant d'oiseaux du jardin des délices et s'accompagnent au tambour, tambourin, bodhran, ou triangle.
Les quatre filles se sont rencontrées en 2012, ont décidé de faire route commune, tout en poursuivant d'autres projets, ainsi Anjela, la seule qui ne maniera aucun instrument de percussion à Plérin, fait partie des groupes An Tri Dipop et Diaulezed et se produit en duo avec  Maude Madec, Elsa fait partie de Pevarlamm, Lina, harpiste reconnue, se produit en duo avec Rozenn Talec et Loeiza, la comédienne, joue avec le guitariste Fred Boudineau.
Elles amorcent le set par un tout nouveau titre, sans doute originaire de Ploumilliau , la voix la plus grave est l'apanage de la plus petite qui bat le tambour en mesure.
Anjela s'est initiée au chant des  Rhodopes,  la ' Ridée de Guillac' à la sauce bulgare invite à la danse.
Après avoir quitté les Balkans, Barba Loutig nous emmène en Galice pour terminer leur set par une jota mêlant grâce, profondeur et précision.
Tu t'es posé la question de savoir si elles connaissaient Ialma qui a ses attaches à Bruxelles.
Une superbe découverte! 

Pause suivie d'un dernier rendez-vous avec Anthony Sérazin et son complice qui annoncent les deux dernières formations!
Le duo de violon formé par Jonathan Dour et Floriane Le Pottier (duo champion de Bretagne 2011) s'est adjoint les services de  Mathilde Chevrel au violoncelle et Antonin Volson aux percussions pour former le Dour / Le Pottier Quartet.
La disco du quartet est riche de deux enregistrements, le dernier, « Treuzioù ar Pewar Awel » (Au seuil des quatre vents), date de 2017.
Floriane: 'Nous sommes un groupe de fest-noz sans biniou et sans bombarde'!
Après ce clin d'oeil, le groupe lance une polka endiablée, sans doute composée par un membre du bagad Cap Caval.
Les éléments classiques contrastent avec le fond festif et donnent un coloris original à la composition.
Ils embrayent sur un cercle circassien originaire d'Ethiopie, ici également le mélange semble audacieux, le velouté oriental combiné aux sonorités du folklore Scottish étonne et séduit.
La mazurka composée par Mathilde est d'inspiration baroque et respire l'élégance et le raffinement.
Pour arriver au terme du contrat, le quartet propose un 'Pachpi' qui sur l'enregistrement est décoré d'un chant indien, interprété par Parveen Khan .
Un set original, contrasté et rayonnant! 

Le dernier groupe au menu, Noon, aura ravi les amateurs d'excentricité.
Imagine bagbipes going techno, une idée de prime abord saugrenue mais qui fonctionne à merveille et te donne une furieuse envie de danser.
Quatre joueurs de cornemuse issus du bagad de Vannes, Etienne Chouzier, Ewen Couriault, Pierre Thébault et Aymeric Bevan, se sont acoquinés avec Anton Oak, un robuste chêne, qui derrière ses machines et cymbales, concocte une panade electro à rendre jaloux Bob Sinclar ou Martin Solveig.
Tu connaissais l'electro swing, place à l'electrocornemusenica, à la bourrée hip hop, à l'ander dro façon house.
En quatre titres furieux, Noon a réussi à convaincre 96% du public, les quatre autres pourcents étant constitués de puristes partis vomir dans  le caniveau.
Plérin, ça va toujours, ça défrise non... avance le bûcheron avant de lancer ' First moon' qui achèvera ce Zef et Mer !

On reviendra!