samedi 20 janvier 2018

Bob Gullotti Quartet au Bar de la Mairie - Plourivo ( France) - le 19 janvier 2018

Bob Gullotti Quartet au Bar de la Mairie - Plourivo ( France)  - le 19 janvier 2018

Un Américain à Plourivo ou  drumming in the rain in Brittany, featuring Bob Gullotti aux baguettes !
Si le batteur de renom, Bob Gullotti, professor am Berklee College of Music, over 60 recordings, clinician for Zildjian, founding member of the Fringe, with George Garzone and John Lockwood... se produit au Bar de la Mairie, l'un des deux bistrots que compte Plourivo, ce n'est pas un hasard, le citoyen de Boston est marié à Marion Campos ( guitare et cavaquinho au sein de Choro de Cozinha, qui se produira le lendemain à Paimpol) et le couple possède un bien dans la commune.
A chaque fois que le petit Bob, qui est loin d'être une éponge, foule les plaines détrempées du Goëlo, il essaie de trouver un endroit où se produire.
Ce soir pour le premier concert de l'année à l'accueillant Bar de la Mairie, son quartet se compose de quelques virtuoses du coin: Charles Bordais au piano et son complice Nicolas Besnerais à la contrebasse, en duo, ces férus d'improvisation, sillonnent toutes les routes de Bretagne pour étaler leur savoir-faire, à la flûte traversière : Erwan Tassel, membre de  Choro de Cozinha, Erwan tient également les baguettes pour la chanteuse  SiiAn et dans le groupe Zoltan, au sein duquel sévissent les compères Nicolas Besnerais et Charles Bordais.

Concert annoncé à 20h, c'est à 20:30' que le quartet quitte la table et prend place devant une assistance nombreuse.
Rectificatif, il en manque un, Erwan drague une locale au comptoir, il faut l'inviter à rejoindre la troupe. 
C'est lui qui amorce '  Softly, As In A Morning Sunrise' attribué par Mr Gullotti à  John Coltrane, le titre, extrait d'une opérette, date de 1928 et se retrouve au répertoire de sommités: Sonny Rollins, Stan Getz, Sonny Clark et en version chantée, notamment, Frank Sinatra.
Après une intro sereine, la contrebasse et la batterie décident d'accélérer le tempo, le piano en sourdine joue les contrepoints avant de relayer le flûtiste qui s'accorde un repos mérité.
Un aparté contrebasse/batterie succède à l'effort de Charles, la contrebasse grimace puis lâche prise, Bob cavale en solitaire, ooh fait Marion, ébahie par l'adresse du Ricain.
Après avoir caracolé pendant 180 secondes, Bob invite les copains à reprendre le thème et à achever la croisière, softly, comme elle avait démarré.
Du boulot maîtrisé!
1954, Dizzy Gillespie, 'Con Alma' , où la rencontre du bebop et du latin jazz.
Bob n'est pas égoïste, s' il place à nouveau un de ces soli, exécuté, paupières closes, avec finesse, précision et force, si nécessaire, presque  sans avoir l'air d'y toucher, il laisse suffisamment d'espace à ses complices pour qu'ils puissent laisser libre cours à leur talent. 
Next one is a jazz standard, prévient- il, caché par une plante verte admirative, ' But not for me', le truc qui chanté par Chet Baker ferait chavirer n'importe quelle nana!
Tout le bistrot se tait tandis que le petit prof dialogue avec les cymbales, toms ou caisses, semblant les caresser de ses aimables balais.
Erwan: dis, Bob, quelle partition dois-je ramasser?
  "Up Jumped Spring"une  valse de Freddie Hubbard, qui, même sans la trompette du gars d'Indianapolis,  séduira l'assistance.
' Body and Soul' aux teintes Brazilian jazz termine une première partie  de concert admirable.

We'll be back, the break will be short, dix minioutes, en français dans le texte.
Un chapeau circule, les pompes turbinent!

Le second set débute par 'Invitation', une ballade à la moody melancholic atmosphere, que jouait un autre grand batteur: Art Blakey. Sur l'album de 1961, Wayne Shorter s'époumonait au sax tenor.
Je vous invite à faire la connaissance de la douce  'Beatrice'.
Spinoza, qui passait dans le coin:  la béatitude est possession de la perfection elle-même !
Il est pas con, Baruch.
A propos, écoute la version de Sam Rivers!
Le quartet vient de décider d'attaquer la pièce maîtresse du récital, ' Peace' .
Si le morceau de Horace Silver fait six minutes, l'arrangement en 46 mouvements du quartet dépasse le quart-d'heure et nous promène dans différentes contrées, parfois radieuses, d'autres fois accidentées et sauvages, chacun aura droit à une escapade solitaire avant de finir sur une note apaisée et aérienne.
En dévisageant la clientèle, tu soupçonnes Albin de s'être endormi, mais ses doigts battant la mesure sur la table te confirme qu'il voyage à l'unisson avec les musiciens.
Petit conciliabule pour définir le choix de la dernière tirade, ce sera 'Mr P C' de John Coltrane, qualifié de blues par Bob.
Ce que les jazzmen baptisent 'blues' n'a rien à voir avec Robert Johnson ou Big Bill Bronzy, ce morceau déménage sévère et déclenche des cris enthousiastes derrière toi.
Ovation et applaudissements nourris, il a fallu insister pour que la clique reprennent place derrière ses instruments, mais en souriant Bob a prononcé, OK, one more, avant d'attaquer 'There will never be another you' en mode samba.

Je ne sais pas s'il pleuvait à Rio, mais toutes  les rues de Plourivo ressemblaient à autant de ruisseaux nerveux.
Qu'importe, Spinoza était heureux!