vendredi 24 mars 2017

And Also the Trees au Magasin 4- Bruxelles, le 23 mars 2017.

And Also the Trees au Magasin 4- Bruxelles, le 23 mars 2017.

Une organisation: Intersection Booking Agency.
And Also the Trees et la Belgique, une histoire d'amour!
Le combo art rock/postpunk du Worcestershire compte une centaine de fans fidèles qui,  à chaque passage sur nos terres de Simon Huw Jones et des siens,  font la file à l'entrée des salles de concert qui les programment, et ce,  bien avant l'ouverture des portes.
Tu n'es guère étonné de découvrir des dizaines de têtes connues sur le coup de 19h devant l'entrepôt de l'Avenue du Port et, comme le constatait judicieusement Jean-Paul,  ça sent le guet à pintes ce soir.
Une prévision qui très vite va s'avérer exacte, on était le 24, lorsque les responsables nous ont gentiment priés de quitter les lieux, on a perdu Yves H et Vincent M qui sans doute avaient encore une petite soif!

Le précédent concert  d'AATT à Bruxelles datait de mars 2016, l'Os à Moelle affichait complet, si le Magasin 4 ne l'était pas, le hangar était toutefois sérieusement meublé.
Comme le kick off était prévu vers 20h, tout ce beau monde, sauf quelques photographes se postant frontstage, a pris le bar d'assaut, Marcel et les barmaids ont eu du boulot!

Ce soir le groupe, qui compte 38 ans d'existence, vient présenter son dernier album, ' Born into the Waves'.
 20:15', le premier à se présenter est le guitariste  Justin Jones, dont le look se rapproche de celui d'Alex Callier, il entame 'Domed', un titre de 2007, tandis que Colin Ozanne , clarinette basse, guitare, orgue, saxophone/ Paul Hill, le formidable batteur et l'ex The Divine Comedy, Grant Gordon, à la basse, le rejoignent.
La clarinette basse ajoute une touche mystérieuse aux climats déjà sombres?.
 Vêtu d'une redingote beige, dessinée  au 19è siècle, le brumeux  Simon Huw Jones s'approche pour amorcer le chant mélancolique caractéristique.
Petit à petit, la plage monte en puissance avant l'explosion finale.
Il aura suffi d'un seul titre pour subjuguer un auditoire de toute façon déjà conquis.
Avec ' Shaletown' le groupe invite le Magasin à un plongeon dans le temps, 1988, album ' The Millpond Years', une époque où le postpunk régnait en maître absolu de l'autre côté de la Manche, une nouvelle fois,  la reverb sur la guitare de Justin émerveille.
Toujours issu du recueil plus ancien vient 'Dialogue' que le sax colore de teintes orientales.
Après ce hors-d'oeuvre, Oscar Wilde remercie Bruxelles, thank you for coming, we're very glad to be back again, il se débarrasse  de son habit et laisse ses complices ébaucher 'Your guess' qui ouvre l'album de 2016, une plage sombre, quasi récitée, ce qui la rend  plus proche de Nick Cave que du folk anglais.
Un signe à la table, ...take the drums out of the monitor, please... certains ont regretté un son relativement confus, le Magasin 4 n'est pas l'AB!
' Hawksmoor and the savage'  et son imagerie sanguinolente précède le tourmenté  'The Sleepers'.
En entendant Simon Huw Jones c'est à Lord Byron, Shelley ou Keats que tu penses, le romantisme noir étalé dans chaque titre nous rappelle également la classe d'un autre grand poète rock, adopté par  la perfide Albion, Scott Walker, un admirateur inconditionnel de Jacques Brel.
 'The Legend of Mucklow' dessine un étrange mix, soundtrack David Lynch/ postpunk à la The Fall, la voix de baryton, greffée sur un drumming métronomique et une basse louvoyante, récite dramatiquement une fable obscure, déchirée par les riffs incisifs de la guitare.
Un des sommets du groupe d'Inkberrow.
Après ce morceau épique, le poète maudit, prostré, s'assied  aux pieds de la batterie, les musiciens ont attaqué 'Virus meadow', il les rejoint dans la prairie et déclame son texte, tandis que son frangin tricote consciencieusement.
Les paysages hivernaux de 'Winter sea' évoquent  une toile de Turner, le titre est suivi par le biblique ' Angel, devil, man and beast'.
Vague à l'âme, spleen, mal de vivre, les amateurs de gaudriole en sont pour leurs frais, pas étonnant que certains ont catalogué l'oeuvre d'And Also the Trees de gothique, le prince des ténèbres rôde!
...we're just romantic children... profère le chanteur avant d'amorcer 'The suffering of the stream' suivi par ' Bridges' à l'intro hispanisante.
' Brother fear' revient au post punk nerveux, dominé par la guitare acérée de Justin.
Tu dis, Yves?
Du Morricone post punk!
Après cette plage flamboyante, le groupe termine le set normal en proposant ' The skeins of love' dont les premières mesures rappellent  ' Belfast Child'.
Merci beaucoup, ils  s'évaporent.
Jean-Paul?
70'

Bis
'Prince Rupert' - 'Wallpaper dying' et 'Rive droite' se succèdent et transportent les fans dans des mondes similaires  au paradis perdu composé par John Milton.
Après ces trois morceaux, le groupe regagne les loges, Bruxelles continue à l'acclamer et sera récompensée par un quatrième encore, ' Slow Pulse Boy' , un dernier morceau de bravoure déclamé.
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, non?

Un concert d'une intensité au dessus de la moyenne!