lundi 6 juillet 2015

Couleur Café - Seconde journée - Tour & Taxis- Bruxelles- le 4 juillet 2015

Prévisions météo: Il fera très, très chaud à Couleur Café!

La canicule n'a pas empêché le coloré festival bruxellois de rameuter près de 70000 visiteurs lors des trois journées de festivités.
Des aménagements clairvoyants:
- une grande zone de rafraîchissement avec brumisateurs et robinets,
- des brumisateurs mobiles devant les scènes,
- de l'eau gratuite dans les zones sanitaires,
- une zone « Pluie Tropicale » avec une fontaine puissante qui apportera un vrai rafraîchissement après les concerts du Titan!

Toutes les conditions étaient requises pour passer une agréable journée, il te restait  la délicate mission du choix:
 BUSTA RHYMES // ALBOROSIE & The Shengen Clan // 1995 // COLLIE BUDDZ // CARAVAN PALACE // ETIENNE DE CRECY presents SUPER DISCOUNT 3 // STARFLAM // MODESTEP Live // ISRAEL VIBRATION // G-EAZY // FLAVIA COELHO // KASAI ALLSTARS // LA FINE EQUIPE // LA CHIVA GANTIVA // PALENKE SOULTRIBE // TOURIST LEMC // FUGU MANGO meets BINTI // GLÜ // TLP // AZER // JR. GOODFELLAZ // OUNI // SOULSPINNAS étaient prévus au programme du samedi (  5 scènes).

15:15', arrivée hâtive afin de prendre le pouls du secteur et de se procurer les tickets boisson.
Le site est déjà sérieusement peuplé, une visite au  palais du bien manger avec sa cinquantaine de stands émanant de tous les coins de la planète ( ça change des éternels hamburgers et hot dogs vendus à des prix exorbitants aux autres rendez-vous musicaux), des buvettes en suffisance, des toilettes gratuites, des distributeurs de pognons ( t'as droit à plus que les Grecs) et un souk, un vrai petit village, quoi.

16:15 Fùgù Mango meets Binti.
Une association ayant vu le jour lors des plus récentes Nuits Botanique.
Fùgù Mango ( à gauche) : tu prends Vincent et Jean Yves Lontie des Bikinians, Anne Fidalgo de OK Cowboy et Frank Baya qui a traîné avec un peu tout le monde ( Saule, Sarah Carlier, Mièle, Clare Louise, Françoiz Breut...), tu secoues bien et t'obtiens un plat épicé où funk, afro beat et indie pop se marient à merveille.
Binti ( à droite, sur une ligne):  Hadiel, Yasmin, Amina, Rana, Sherien et  Fedia zijn de tofste Egyptische zusters in Vlaanderen, elles roucoulent comme la grive des bois, le plongeon huard, le roselin familier,  le bruant à gorge blanche, l'engoulevent bois-pourri et le cardinal à poitrine rose.
Tu assembles ces deux congrégations et  obtiens un feu d'artifices sonore magistral.
Démarrage: 'Floarea'  un premier extrait ensoleillé de 'Jùjù' de Fùgù Mango, un mix Yeasayer/Johnny Clegg.
D'aucuns citent Talking Heads à l'écoute de 'Kylie's dream', on avancera plutôt Tom Tom Club. Valérie à tes côtés entame une Zulu's dance tourbillonnante, un coup d'oeil circulaire, elle n'est pas la seule.
'Down down' précède l'étonnante cover des Stranglers, 'Golden Brown' que JJ Burnel, caché derrière un pilier, a applaudi à tout rompre.
Percussions en folie pendant le tumultueux 'Walk on by',  puis une des Holail Mohamed sisters entame le chaloupé  ' Back in balance' d'une voix soul.
Pas question de division, les deux groupes travaillent de manière fusionnelle, les choeurs ou interventions solitaires de Binti et l'accompagnement vibrant proposé par Fùgù Mango forment un tout magique.
Deux compositions sans les filles, Anne est restée, 'No silver bullet' et le tribal 'Bambee' que souligne une guitare noire.
Les soeurs en évidence lors de 'Full desire', le morceau nu-soul du set.
On va danser maintenant, prêche Vincent, ça fait 40' que Couleur Café se trémousse, voici 'Around' et le fiévreux 'Mango Chicks'.
La fête prend fin avec ' Birthday beast' son chant choral et ses effets EDM propices à la transe.
Le 17 juillet à Dour!

Direction la Universe Stage où Israel Vibration devait entamer son set à 17:00.
 Il est 17:30', le chapiteau est plein à craquer, la chaleur est suffocante, impossibilité totale de se faufiler pour arriver frontstage.
De loin, tu aperçois les deux vétérans de Kingston (  Lascelle "Wiss" Bulgin et Cecil "Skeleton" Spence) qui ont l'allure de vieillards qu'on a sorti de l'hospice, ils se déplacent  à l'aide de béquilles pour atteindre le micro et sont soutenus par le  Roots Radics Band, sans doute Patrick Anderson (drums), Dwight Pinkney (guitar), Horace James (keys) et T-Bird (keys)  et par les vocalistes Bunny Brissett et Althea Hewitt.
Malgré une impression fatiguée, Israel Vibration donnera un set apprécié, fait de hits et d'extraits de leur dernier album ' Play it real'.
De temps en temps, les voix tremblaient ou craquelaient  mais le savoir-faire des Roots Radics devait sauver la mise.
Good vibes in the circus où les odeurs de sueur se mêlaient au parfum de la ganja.
Des titres?
'Feeling Irie' - 'Beautiful' - 'Gully bank' - 'Leisure'- 'My master's will' -  'Why worry' - 'Never gonna hurt' - 'Survive'- le superbe 'Walla walla' - 'Cool and calm'  - 'Same song' - 'Red eyes' - 'Exploitation' et 'Pay the piper'.
Un concert émouvant.

Move Stage, un coup d'oeil à la Mousse Party ayant attiré pas mal de monde.
 Bikinis, bermudas, t-shirts, marcels sont arrosés par quatre diffuseurs installés dans la fosse, sur le podium un DJ balance de la house ou du dub-step.
Ludique et rafraîchissant!
Couleur Café c'est aussi çà, une ambiance à nulle autre pareille: décontraction, coolitude , sourires, partage, tolérance...
Une petite bouffe asiatique avant Flavia Coelho.

 Flavia Coelho - Move Stage -19:30.
La petite Franco-Brésilienne sexy, généreusement bouclée et fringuée arc-en-ciel, c'est de la bombe.
Bruxelles en a fait l'expérience.
Si le sérieux The Guardian utilise le qualificatif  'Joyful'   pour décrire son spectacle, tu peux être assuré d'assister à un raz-de-marée.
Flavia Coelho is a fascinating Brazilian singer who delivers an effortless mix of samba, bossa nova, Brazilian rap, reggae and ragga with a quirky, playful confidence and attitude. Her joyous, almost irreverent approach underlies her worldly adventurous spirit., indique Mr Bongo, qui a tout compris.
Un trio sur scène, Flavia, guitare, chant, pas de danse -  Al Chonville, un Martiniquais, aux  drums et Victor attila Vagh aux claviers, basse et cajun.
A trois, seulement, mais ils sont plus efficaces qu'une armada de syndicalistes dirigés par Raymonde la Rouge.
Elle se pointe ( pas Raymonde, Flavia) au pas de course alors que les garçons ont entamé 'Amar e Amar', un reggae fulgurant.
My name is Flavia  Coelho du Brazil, ça vous dit de bouger un peu avec nous, ce soir?
Sim!
La tigresse, mangeuse d'hommes, enchaîne sur 'Hoje' un titre mouvementé de l'album 'Mondo Meu', suivie par la plage titulaire du premier cd, le chaloupé 'Bossa Muffin' (O Viajante).
Les mariés ont pour nom ragga et bossa, le maire les as unis pour le meilleur, il n'y aura pas de pire!
Flavia ne tient pas dix secondes en place, elle abandonne le micro, vient haranguer la foule, bondit, se déhanche puis va tabasser une caisse à côté de Al.
Sa bonne humeur est contagieuse, la fête est générale.
'Periferia' met en scène l'engagement social de la panthère, elle chante, d'un phrasé hip hop, la vie des   jeunes filles grandissant dans les ghettos de Rio ou São Paulo.
'O que sou' , plein de verve, précède ' Pai de Santo' qui illustre les origines africaines de bon nombre de Brésiliens.
Une congolaise, variante Couleur Café de la polonaise, s'esquisse face au podium, d'abord timide pour arriver à une vingtaine de chenilles, sur scène, Flavia et ses boys se démènent, un véritable tourbillon.
Bruxelles, vous êtes trop mimi, dit-elle avant de balancer  le soundsystem track 'Vazio' ( tchin tchin, cuba libre,  à la santé de Richard Anthony) et 'Sunshine', les deux dernières salves de ce concert étourdissant.

Passage par le Dance Club où La Fine Equipe, un trio de beatmakers ayant enterré la hache de guerre que supporters du PSG et de Marseille brandissent à chaque duel, distille un échantillonnage  soul, jazz, electro,  rap, hip-hop d'excellente facture.
Une équipe qui a le don de te réconcilier avec les deejays.
Leur cocktail ingénieux est à mille lieues de l'habituelle daube servie par certains de leurs collègues dont l'ego surdimensionné n'a d'égal que la vacuité de la mouise pitoyable qu'ils proposent à un public de beaufs philistins.
La fiche de Couleur Café annonçait quatre pâtissiers, Blanka, Chomsk’, M. Gib et Oogo , sur scène ils étaient trois à pétrir la farine pour nous envoyer des extraits de leur dernière pièce montée, 'La Boulangerie  vol.3'.
Un deejay jouant live est une aberration, ce n'est pas le cas avec le trio hexagonal, ces mecs sont des passionnés, vivant leur show et dégageant une énergie communicative ayant eu le don  de t'éloigner du bar pendant près de 40'.
Bravo, messieurs!


Le grand nom du samedi était sans conteste Busta Rhymes, prévu sur la Titan Stage à 22:00.
Déception que ce show caricatural de  Trevor Tahiem Smith, Jr., alias Busta Rhymes .
Un coup de mou chez les durs?
Va savoir, ce mec n'a en tout cas pas justifié son contrat faramineux, il est juste bon à finir sa carrière dans un club de foot du Qatar, Al-Gharafa paye plutôt bien.
Et dikkenek en plus, photographes refoulés, son double menton sans doute...
Faut pas nous demander combien de fois il a lancé, Brussels, put your hands in the air, you, too, security guys, ni combien de titres il a interprété.
De toute façon le medley ne comportait que des extraits souvent malmenés de ses tubes, tels  'Baby If You Give It To Me' ( non Mariah Carey n'était pas sur le podium) ou '  Woo Ha', par exemple.
Il s'engueule pendant un faux duel avec le deejay, constate  ..there's a lot of beautiful women around..puis questionne: combien d'entre vous ont baisé sur du Busta Rhymes, pas content de la réaction il répète l'interrogation avant de reprendre son cirque.
Hey, Brussels are you Belgian?
Non, fieu, we're Eskimo's et on fond sous un soleil de plomb, mais on va te laisser déconner à l'aise car tes simagrées commencent à nous les casser, on va boire une ou deux Maes en attendant le set de Glü.
Comme t'as déjà eu des ennuis avec la justice de ton beau pays car, semble-t-il, tu ne supportes pas qu'on crache sur ta Chevrolet, on arrête les frais, on sait jamais, t'as peut-être laissé ta machette backstage.

Glü - Danceclub- 22:30'
This is the best live act I've seen/discovered in years. Thank you guys for the good energy, écrit un certain Jeroen à l'issue du concert.
Il n'était pas le seul à le penser.
Glü un des poulains de Naff Records, un label  créé par Herbert Cells ( Frown-I-Brown/ Wild Boar and Bull Brass Band) et Alex Davidson,  a pondu 'EP#2', l'an dernier, s'est produit au dernier Propulse, a été repris sur la compilation Poppunt's vi.be et va bientôt cartonner partout in klein Belgenland, si la logique est respectée.
 Alex Rodembourg ( drums) , Martin Daniel ( Fender Rhodes/ Korg)  et Dorian Palos ( bass, keys) sont les instigateurs du projet, plus tard, François Gaspard (electronics) les rejoint et enfin , ils embrigadent celui qui montera sur scène après le premier morceau , Deco Comprehension, un MC, bidouilleur à ses heures.
Des visuals tantôt urbains, tantôt psychédéliques doivent épouser les expérimentations sonores débutant en mode atmosphérique/ambient par 'Cotton Twat', équivalent féminin de whiskey dick, paraît-il, ayant été boy-scout, ce vocabulaire argotique nous est étranger.
Deco se pointe, 'Vanilla' dégage un parfum lounge/hip hop/trance résolument moderne. 
Tu te laisses entraîner dans ce tourbillon capricieux, comme si, assis sur un cheval de manège, ta monture fantasque t'empêchait d'attraper la floche ( le pompon, Adèle)  te permettant de gagner un tour gratuit.
Ah, l'éternelle quête du bonheur!
Place au groove purulent de  'Hunter' , la plage préférée de Diane, une beauté cambrée.
Deco décompresse au bar, les autres poursuivent leur trip sidéral, de gros beats hypnotiques et dansants décorent 'Psycho' , une tuerie d'après David Byrne.
'Acid' est ébauché de manière cinématographique, pas tout à fait le 'Also sprach Zarathustra' de Richard mais c'est tout de même à '2001 Space Odyssey' que tu penses, pas pour longtemps car Glü a décidé de dévier vers l'EBM.
Retour du MC...Messieurs, le principe de cette expérience est extrêmement simple annonce la voix off, 'Disney' est sur les rails, Walt, qui s'y connaît, avance Guru's Jazzmatazz.
Nous on pense à un autre as du Fender Rhodes, Jozef Dumoulin.
'Abyss', scratches à volonté et basse Stanley Clarke, ça décoiffe.
Un petit mot de présentation suivi par 'Triolisme' et 'Space Central Gamma 3' , Bowie avait son 'Space Oddity',   Glü  dispose de son propre satellite, embarquez, braves gens!
Il en reste une après ' Trüff', c'est une manie les umlaut, , merci d'être venüs et restés, voici un dernier drum'n'bass, ' Mensonge'.
La révélation de la journée.

23:30': Fireworks!

Minuit, Titan Stage: Caravan Palace.
Le jazz manouche propulsé in the digital age.
Les français sont donc un des bands phare de l'electroswing, et, ici aussi, il fallait arriver à l'heure pour assister au concert dans les premiers rangs.
Ce n'était pas ton cas.
Deux albums: 'Caravan Palace' et 'Panic', le troisième est attendu pour l'automne.
Sont nombreux sur scène, probablement, Arnaud Vial : guitare, programmation, synthétiseur, chœur/ Charles Delaporte : contrebasse, synthétiseur, programmation, chœur/ Hugues Payen : violon, programmation, scat, synthétiseur, chant, chœur/ Antoine Toustou : machines, synthétiseur, trombone, chant, chœur/ Camille Chapellière : clarinette, chœur/ Paul-Marie Barbier : vibraphone, percussions, chœur et pour les fines bouches, Zoé Colotis au  chant.
Un gros plongeon dans les années 40, les Zazous sont revenus, va y avoir de l'ambiance à St-Germain!
Zoé, un Cab Calloway en jupons, en a rendu fou plus d'un, ses collègues musiciens rivalisant de virtuosité, l'apport électronique ( hip hop, house, dub, techno) ajoutant une touche saugrenue à ce trip Triplettes de Belleville endiablé.
Chorégraphies soignées aux petits oignons, crooning, scatting, rap, mambo déluré, tap dancing, lindy hop, retro ou western swing, rythmes endiablés, tenues charleston ou accoutrement  Diam's, tu n'as pas le temps de t'ennuyer pendant ce show aussi drôle qu' ébouriffant.
Pas de setlist, quelques titres: 'Suzy' - 'Je m'amuse' - 'Queens' - 'Star Scat' -'Brotherswing'- Jolie Coquine'.....
Vers 00:50', tu décides pourtant qu'il est l'heure de prendre congé, le carrosse de Cendrillon traîne à 25' du site et pour éviter la cohue finale il vaut mieux se tirer à l'anglaise.
PS: Caravan Palace revient à Bruxelles le 28 novembre ( Cirque Royal).