lundi 2 juin 2014

Duvel Blues 2014 - Hof Van Coolhem- Puurs- le 31 mai 2014

T'es orphelin... Luk, monsieur Bob, photographe, grapjas et dragueur impénitent, bronze aux Canaries ou à Madeire, sais plus très bien où, enfin ce triste sire fait faux bond, c'est pas que tu tombes en terre inconnue dans le magnifique Hof Van Coolhem à Puurs car toute la faune blues affiche 'présent', mais sans Luk t'es obligé de limiter ta portion de Duvel!

Le soleil est au rendez-vous pour  la 13th edition of the Duvel Blues  et comme toujours une affiche om u tegen te zeggen: huit noms, deux  scènes, la tente et de Schuur à capacité réduite, une équipe enthousiaste, des serveuses souriantes et 698 touristes oranges  qui viennent autant pour la musique que pour boire de la vraie bière.
Quoi, c'est pas bon la Heineken?
C'est délicieux pour un gosier d'avaleur de maatjes!

15h et des poussières: Salty Dogs!
 Salty Dogs is slang for Horny Sailor, explique la bio du groupe originaire du Klein- Brabant, des locaux qui pêchent dans le Rupel ou l'Escaut .
Ilse Simon - Lead Vocal,  une robe vintage, rouge à pois blancs, un décolleté attrayant, des hauts talons et une voix, mama mia, Luk t'as raté quelque chose...,  Carl Rottiers - guitar - backing vocals ,  Kurt Tyssen - guitar (  pas un stoefer, mais un mec doué), Oswald Van Huffel - electric bass et  Bruno Van Laer - drums.
Genre?
Du swing blues bien moite.
Le clebs ouvre avec 'Number Nine', les mecs qui profitaient des rayons de l'astre, allongés sur le gazon, se sont rués sous la tente dès qu'ils ont entendu le roucoulement de Ilse.
Hans: godv., ze kan zingen et par dessus le marché son jeu de jambes n'est pas bidon.
Toujours aussi remuant, 'That Man' et 'Seven Day Fool'  , imagine un croisement Dani Klein ( Vaya Con Dios)/ Dinah Washington pour te faire une idée.
Une version salée de 'Bei Mir Bist Du Schon' séduit les fans des Andrews Sisters, puis vient le juteux western swing 'Don't jump back'.
Pour varier les plaisirs, Salty Dogs nous sert un tango blues sensuel ' I don't know' avant de tremper la plume dans l'encrier pour une 'Love Letter' classique.
Oswald, rien à voir avec le clan Kennedy, nous gratifie d'un solo de basse pas con pendant le nerveux  ' The Wobble' , la belle se déchausse pour se déhancher, en la voyant, Popeye,  qui passait par là par hasard, envoie un SMS à Olive, je rentre pas ce soir, laisse moi une boîte de spinach svp.
Présentation des cabots avant d'attaquer 'Funeral' et son solo de guitare à la Peter Green, puis 'Big bad handsome man' et le classique 'Rollin and Tumblin'.
That's all, folks!
Applaudissements nourris et un bis amplement mérité: 'Second time around'!

Corey Harris and The Rasta Blues Experience

 Corey Harris, un gars du Colorado ( 45 balais), a déjà une solide carrière derrière lui, une douzaine d'albums brassant différents genres, du Delta blues, du blues rural, du reggae, du folk..
Le mec a travaillé avec Wilco, Billy Bragg ou Ali Farka Touré.
A Puurs il est accompagné par le Rasta Blues Experience, c à d : Chris ' Peanut' Whitley aux keys et Gordon ' Saxman' Jones, deux blacks qui savent de quoi il retourne et deux jeunes blanc-becs, les frères Levent et  Kenan Ozdemir ( drums and bass).
Le chaloupé ' Frankie Doris' ouvre les débats, suivi par un 'Eh la bas' ( album 'Greens from the garden') sentant bon la Nouvelle-Orléans.
 Zydeco/cajun time à Puurs, le rasta à la lapsteel.
En français dans le texte: désolé, je ne parle pas le flamand, dank u wel, alstublieft, voici le classique  ' Catfish blues'  son sax bien poisseux et un solo de guitare pas débile.
Place au nonchalant et suintant  'Crying blues' avant d'attaquer 'Money on my mind' un tchouk tchouk shuffle  entraînant.
En mode twelve bar classique, 'Buble Bee', le sax ajoutant une note originale à la complainte.
 I Hate To See That Evening Sun Go Down , chante-t-il pour amorcer un  'Blues' des plus classiques.
Il ressort la lapsteel et entame 'Don't let the devil ride'. un autre blues, aux touches country.
Après le swing 'Baseheads' la Rasta Blues Experience se dirige vers la buvette pour laisser Corey achever le gig en solitaire.
 Quatre acoustic blues tunes dans la veine d'un Taj Mahal ou de Mississippi John Hurt dont 'Poney Blues' et ' Tired Man Blues', le dernier présentant des relents gospel évidents.
Un bis: 'Watching You' aux coloris reggae!

Direction la grange pour le premier set de Christopher Paul Stelling!

Pendant le set le New-Yorkais révèle: suis très content d'être ici, un festival fantastique, but I'm not a blues artist.
Il a raison, ce singer-songwriter évolue dans la tradition folk.
Deux albums:  'Songs of Praise and Scorn' et 'False Cities'.
 Un jeu de guitare perlé, un timbre écorché, une présence scénique exaltée...le jeune homme a fait forte impression!
La première plage débute par une longue intro en finger-picked arpeggios te rappelant le 'Mac Arthur Park' de Jimmy Webb ( la guitare remplaçant le piano),  la voix s'élève, âpre, véhémente, le gars s'excite, nous fait un numéro de guitar hero en jouant de son instrument derrière la nuque, s'il a voulu impressionner l'assistance, il a réussi. ( 'Every Last Extremist') .
Il poursuit avec 'Motherless child' qu'il attribue à Richie Havens.
 T'en profites pour examiner son acoustique qui a dû souffrir de maltraitance, des traces d'usure et des trous béants...pas un câlin le Christopher Paul.
Place au dramatique 'Free to go'  et son jeu flamenco,  le titre est chanté en mode épileptique, les abrutis qui auront applaudi avant le terminus auront droit à un regard furieux.
La suivante baigne dans une atmosphère mélancolique à l'imagerie marine... we drop the sails and climb the mast... avant d'accélérer sérieusement et de partir au galop vers la fin du gig.
On lui fait un signe, encore deux, la première 'Solar flares' en picking élégant et enfin 'Brick by brick' qui ouvre son dernier album.
Certains citent Dylan, d'autres Guthrie, les 'modernes' avancent William Elliott Whitmore, une chose est sûre Christopher Paul Stelling est de la race des seigneurs!

Retour dans la grande tente: Tom Rigney and Flambeau.

Le fiddler Tom Rigney est un vétéran de la scène roots de San Francisco, il s'est spécialisé dans la Louisiana music, le zydeco et le cajun.
La star incontestée de son band, Flambeau, est l'incroyable pianiste Caroline Dahl, un maître du boogie woogie qu'il faudrait présenter à Renaud Patigny.
La madame a l'air d'être sortie d'un movie des années 50 avec sa coiffure Doris Day et son accoutrement plus qu'old-fashioned, mais misère, elle joue comme un chef, tout en souriant d'une manière plus convaincante que La Joconde.
A la guitare: Danny Caron, aux drums: Brent Rampone et à la basse: Steve Parks.
Un mot sur l'accoutrement de Tom avant de décrire le set, il est chaussé de bottillons écarlates  et il entre en piste affublé d'une cape qui, à l'origine, pouvait être une tenture ou la chemise de nuit de sa belle-mère...  t'es belle, Tom!
Le virevoltant 'Hounded' ouvre, il s'agit bien de cajun music, idéale pour faire la nouba.
'Drivin' that thing' et ses accents blues remue tout autant, le violon de Tom Rigney sonnant comme celui du bon vieux Papa John Creach.
'Party Gras' décrit parfaitement l'ambiance d'un show de ces rigolos, let's party et pas en finesse, c'est pas carême!
'Rigo's blues' démarre sur fond de violon plaintif, bien vite la guitare lyrique de Danny prend le relais.
Pas un con, Danny.
L'instrumental 'Guinness and Gumbo' marie l'Irish jig et le le New-Orleans sound . N'abuse ni de l'un, ni de l'autre, il y a file aux lavatories!
Tom et Flambeau =  de la feelgood music à consommer sans te poser trop de questions.
 Caroline dans ses oeuvres, 'Caroline's boogie', puis une vieillerie le  'Window Pane Blues' de Tommie Bradley , Steve Parks se charge du chant.
Le dernier album a pour titre 'Swamp Fever', voici le titletrack, pour rire j'y inclus quelques mesures de 'Bei mir bist du schon'.
Le carnaval se poursuit: 'Iko Iko' , puis une version tzigane de 'House of the rising sun' en mode tsouin tsouin tsouin, donnez-nous celle des Animals plutôt qu'une version orchestre de bal, please!
Le soleil s'est levé, tout le monde embarque, direction le bayou, ' Jambalaya' pour finir en farandole ' Orange Blossom Special'.
Puurs a apprécié et veut un bis, voici  'Shake Rattle and Roll' dégoulinant de lipides.
Amusant!


Johnny Winter and Band.

C'est avec une appréhension certaine que tu abordes le gig de John Dawson Winter III ( 70 piges), à Lessines, en 2012, il ne tenait pas une forme éblouissante et faisait peine à voir.
Inquiétude mal placée, le show donné lors du Duvel Blues  sera 20 fois supérieur à celui de Lessines.
Un passage à Lourdes, la visite d'une fée, une dose de vitamines, de l'epo, des pastilles roses.... les vilaines langues s'en donnent à coeur joie.
L'équipe habituelle, Scott Spray (bass),Tommy Curiale (drums) et Paul Nelson ( guitar), cette machine bien rodée entame le set, Johnny patiente derrière le rideau pour venir achever l'instrumental intro avec les musclés.
L'éternel chapeau noir vissé sur le crâne, des bras malingres tatoués, une tignasse blanche lui pendant jusque dans les reins, il restera sur son tabouret pendant tout le set mais ce coup-ci son jeu de guitare fera mouche et son chant sera perceptible.
Sans rire, le moribond nous demande ...How's everybody doing... avant d'attaquer ' Johnny B Goode',  Johnny looks et sounds good.
Il fricote toujours avec la jeunesse, ' Good morning little schoolgirl', avant de proposer Muddy Waters, 'Got my mojo working'.
A première vue une setlist qu'il joue depuis deux décennies...
Faux, 'I don't want no woman' sur son dernier CD, titre qu' il attribue à Bobby Blue Bland,  n'avait pas été joué en terre picarde.
Ray Charles, 'Blackjack' , le  slow blues crapuleux ravit les plus sceptiques.
Entre chaque titre, l'albinos doit s'éponger et se vider les narines dans une serviette éponge posée sur une tablette, à voir ce triste  spectacle tu te demandes pendant combien de temps encore le tas de gens vivant à ses crochets vont l'obliger à monter sur scène, mais bon, peut-être que Johnny aime ça!
'Killing floor' et ses riffs hendrixiens précède le méchant rock 'Bony Moronie' , puis vient le titre des Stones, 'Jumping Jack Flash', pendant lequel Caroline Dahl, qui se tenait à tes côtés, commence à  se trémousser telle une groupie de Mick Jagger anno 1968.
Johnny, placide, assure à l'aise avant de passer au funk avec 'Don't take advantage of me'.
Après le rituel de la serviette, il nous assène ' It's all over now', puis avec sa Firebird, à la slide, l'impeccable 'Dust my broom'.
Le bis 'Highway Revisited'   clôture un concert qui t'a réconcilié avec Johnny Winter.

Merde, il est 21h40', Elliott Murphy jouait à 21:15 dans la grange, c'est râpé!

Karen Lovely.

La révélation du festival!
Cette award winning blues singer/songwriter a fait forte impression à Puurs.
 Soul-shaking earth-quaking blues vocals, résume un magazine musical d'Oregon, la madame n'interprète pas des chansons, elle vit les chansons.
 Les gars qui l'accompagnent sont au diapason, le public assistera à un set intense, bourré de passion et de générosité.
Bien des incertitudes demeurent quant au band, qui était ce fabuleux organiste,  Dave Fleschner? - le petit et brillant guitariste, Peter Damman ?, et la section rythmique, Carlton Jackson - drums et
Tyler Smith - bass?, question ouverte, car pour le même prix les gars sur scène étaient des indigènes.
Un coup de fil à la BSR, le groupe... des Hollandais.
Mischa den Haring - guitar,
Roelof Klijn - bass,
Roel Spanjers - piano/organ,
Henk Punter - drums.
On peut pas se fier aux fiches des artistes!
Démarrage en fanfare avec un titre qui pompe un max ' Company graveyard' ( sans doute du bluesrock combo, BB Chung King and The Buddaheads ), l'orgue  visqueux donne le ton.
Let's play some blues, propose la lady au chapeau, ' Blues Ain´t Far Behind', ouvrant l'album 'Still the rain', dans le plus pur style Chicago Blues, celui qui t'oblige à te déhancher en mesure.
Idem pour ' That's a pretty good love' ressemblant vaguement à 'Hit the road, Jack' .
'Don't let my baby ride' te chatouille sous la ceinture, la digression de l'organiste présente une nouvelle fois un caractère licencieux.
We'll play the titletrack of the last CD... ' Still the rain', donc!
Elle poursuit avec le soulful ' Ask Your Heart' qui  annonce une double séquence de Memphis soul, puisqu'elle continue avec la soul blues ballad ' Too little, too late', le style de romance que tu écoutes les yeux fermés en dansant avec ton verre de Bourbon.
Une perle!
Karen s'amuse, vient faire les yeux doux à un photographe, pique un fou-rire et entame le powerful 'I've had enough' qui précède la dernière plage du set, l'épique ( plus de 10')  et monstrueux 'Never felt no blues'.
Bien sûr, Puurs rappelle celle qui a été la sensation du festival.
 Karen Lovely and Band  nous balancent un méchant  'Mother-In-Law Blues' avant de nous quitter.


23:30', too bad, tu ne verras pas Larry Garner and Norman Beaker Band, t'étais attendu pour la messe de minuit.


Puurs, tot volgend jaar!