samedi 19 octobre 2013

Gentleman - Steel Pulse au Vrijheids festival des Libertés, Théâtre National, Bruxelles, le 18 octobre 2013

Mi-octobre, pendant dix jours le Festival Des Libertés propose films, débats, expos, théâtre et concerts au KVS et au Théâtre National.
Ce vendredi, les amateurs de reggae/roots ont rendez-vous au National , une double affiche incontournable: Gentleman et Steel Pulse.
Un concert reggae est toujours synonyme de coolitude, good vibes, mysticisme et ganja, dreadlocks et nonchalance, décontraction, on est tous frères, on s'en fout des règlements, révolte en pantoufles, etc... faut donc pas s'étonner de subir un horaire vaseux.

A 21h, la salle ne compte qu'une cinquantaine de spectateurs, faudra attendre 21:20' pour que l'écran cachant la scène ne disparaisse pour faire place à Gentleman!
Le National affiche quasi complet!
Six musiciens prennent place, talonnés par deux chanteuses: The Evolution!
Basse, guitare, drums, claviers, sax et une six cordes ( le gars jouera également d'un second keyboard) et deux superbes black.
Des noms?
On veut bien, mais tu achètes sans contrôle technique: la nana au sax doit être la fabuleuse Johanna Järemo-Rebbelmund, il doit y avoir un Frank Pollak aux synthés, Florian Münzer à la guitare et pour les autres, on avance Giuseppe "BigFinga" Coppola aux drums, on hésite pour Tobi Zepezauer (keys/guitar) et pour le bassiste: André Heyer (?) .
Les choristes?
Tamika Edwards Otto et Treesha Mwaura, sans doute, elles sont super!
Les trois premiers titres sont d'ailleurs interprétés par ce duo attrayant: le chaloupé 'Jailer' de Asa - 'Break my heart'  et 'Lion'.
A tes côtés un bataillon d adeptes de la fumette embaume l'air d'arômes pas catholiques, sur scène un roulement de tambour annonce l'arrivée de la star, Tillmann Otto, alias Gentleman, le roi du roots/reggae aus Deutschland.
Un ragga/rap/reggae aux invectives... jump, jump, jump...'The Journey' sur le dernier CD du gars ( New Day Dawn).
Interaction totale avec le public transformé en colonie de kangourous.
Tandis qu'Otto, qui s'entraîne pour le marathon de Berlin, commence un petit jogging, le band attaque la suivante, 'Different places'.
Du podium aux balcons, toute la salle tangue.
Une centaine de briquets allumés confirment l'impression de communion totale pendant ' Fire A Go Bun Dem'
La troupe poursuit son trip, pas question d'énumérer la vingtaine de morceaux joués ( 2 ou 3 : ' Intoxication' - 'Lonely days' - 'Ina different time'...etc)  : du reggae parfois teinté de ska, du rocksteady ( blanc), du ragga, du rubadub,  une pointe de dancehall, le tout dans la  bonne humeur et de douteux relents d'herbe.
Le service d'ordre a fort à faire et abandonne, après 15', les remarques faites aux fumeurs pour aller se réfugier au bar.
La star vient serrer la pince des premiers rangs, Johanna te fait un clin d'oeil, t'adores son sax, tout baigne, sauf que ça fait près de 80' que le mec nous balance sa purée, elle commence à te refiler des crampes.
Finalement, ça reste du reggae blanc, c à d un ersatz!
Apparition d'un rapper, Daddy Rings, pour  quelques plages, notamment 'To the top' ou 'Jah Love'.
Tu dis, Otto?
...it's a jungle, out here...
Effectivement!
Bye, bye, le rasta!
Un message anti-war , 'It no pretty', apprécié par les fidèles.
 Tous les clichés inhérents au genre sont présents.. déjà, plus de vingt plages, il continue, trois fois il préconise, c'est la dernière, on entendra encore 'Heart of a rub a dub' - ' Rise up' pour, enfin, finir sur une ballade, 'Homesick'.
La concision, Gentleman connaît pas, dommage, la bonne impression du départ disparaît au bout d'une heure!

Une attente fastidieuse, l'écran se lève, il est 23h40', et fait place à une muzak grandiloquente, claironnant l'arrivée de Steel Pulse.
Le UK reggae band ( Birmingham), baptisé en 1975, n'a plus sorti d'album depuis 2004 ( African Holocaust) mais tourne sans arrêt!
Il reste deux membres fondateurs,  l'exubérant David Hinds ( lead vocals, guitar) et Selwyn Brown ( keyboard, vocals), étonnamment agile pour un mec grisonnant. Sidney Mills ( keyboards, percussions) fait partie du groupe depuis 25 ans, les autres ont pour nom, Amlak Tafari ( basse) - Wayne Elvis Clarke (drums) - l'incroyable Donovan McKitty à la lead guitar et le non moins fabuleux Jerry Johnson aux saxes, pour compléter l'équipe, la choriste,  Keysha McTaggart!
Ces vétérans ont régalé Bruxelles d'un show époustouflant, 100 fois plus authentique que la prestation reggae édulcoré de Gentleman.
Le chef, David, en français:  bonsoir, Bruxelles, tout va bien...c'est parti: 'Blues Dance Raid', suivi de  'Rally Round', débutant par un " The Star-Spangled Banner" trafiqué.
Aucun raté, le moteur tourne rond,  t'es aussi à l'aise que sur les coussins d'une DS, Bruxelles savoure.
'Roller skates' et le catchy 'Chant a psalm' te transportent du côté de Kingston, tandis que sur scène, les ancêtres se permettent une chorégraphie Hollywood style.
J'ai écrit  "A Who Responsible?" il y a plus de trente ans.
Vérification: en 1982, sur 'True Democracy'!
Pas une ride, il en va de même pour 'No more weapons'...we no want no weapons of mass destruction...le message, que certains considèrent comme naïf, reste d'actualité.
Entrée en scène d'un rapper pour 'Drug Squad' encensant le puff.
Moment amusant, Jerry le sax, en plein solo, repousse Mr Hinds, qui le taquinait, d'un coup de cul décidé.
Ce dernier rapplique avec un sax soprano que l'ineffable Jerry lui arrache des mains pour balancer une tirade vicieuse.
Le band est au top!
Let's slow things down, 'Don't be afraid', suivi de 'Not King James Version' entamé par un petit son de clavecin.
On paraphrase James Brown, ' Black and proud', pour ensuite attaquer le point d'orgue,  'Stepping out', qui termine ce formidable concert!

Bruxelles rappelle la tribu!
Quatre bis: 'Man no sober', ils ont sans doute vu un de tes voisins qui titube depuis trente cinq minutes ...the gypsy is tipsy, he drinks too much.. - 'Whirlwind romance', direction la maison de l'amour (sic) - le vindicatif  'Babylon makes the rules' et enfin ,'Put your hoodies on'.

Les musiciens viennent serrer les mains tendues, il est plus d'une heure du mat., assis sur le boulevard, une cinquantaine d'illuminés se passent un joint!