jeudi 30 mai 2013

Evi Vine + Perverted by Language au Rock Classic, Bruxelles, le 29 mai 2013

Say it ain't so, Joe please, say it ain't so... pas RickyBilly!
Holy shit, tu croises cette commère aztèque plus souvent que ton épouse, la soirée sera éprouvante!

Au menu, Evi Vine et Perverted by Language, pas étonnant qu'une grande partie du public soit constituée d'habitués des Fantastic Nights.
A 20:50', le deejay, Fred Cerise,  fait place à ceux qui ont choisi le sixième album de The Fall comme nom de baptême: Perverted by Language.
Emmené par la voix caverneuse du gentleman- farmer, romantic Jez ( Jeremy) Thomas, le postpunk/ new wave  band aura subjugué la caverne par un set de 30'  d'une densité et profondeur peu communes.
Deux figures vues récemment avec Subsonic Hornet, Elise  Boënnec à la basse et Ronan Collot à la guitare -Francesco Carlucci aux drums et un second guitariste incisif,  Guy Wilssens.
Drumming binaire pour engager une première dissertation que la liste définit comme 'Trial', une voix d'outre-tombe débite un discours sombre, les guitares cinglent, la pumping bass, typiquement post-punk, imprime un tempo monolithique, la gestuelle habitée du frontman interpelle, il semble être entré en contact avec quelque prince des ténèbres ayant décider de hanter ses nuits.
Casquette vissée sur un crâne dégarni, il a tout d'un personnage de Dickens sillonnant, au crépuscule, de sordides ruelles londoniennes.
'Colors' ne t'attends pas à une plage irisée, les tons foncés prédominent, tu marines dans un bain Joy Division/ Chameleons.
Atmosphère hivernale convenant particulièrement à la météo chagrine qui rend le bon peuple morose.
Au fond, il n'existe aucun hasard, c'est pas pour rien que Jez se nomme Thomas, il y a du Pere Ubu, version British, dans  son langage kinésique, maniéré à outrance.
Tu soupçonnes le brave Jeremy, en dehors de son aspect  brave bourgeois lisant le Times en rentrant de son boulot dans un Ministère quelconque, de s'adonner clandestinement à quelque rite satanique, le narratif ' Derivatives' a tout d'une incantation, habillée de noires vocalises, balbutiée lors d'un Witches Sabbath.
Théâtralité et grandeur: ' Mayo'!
Le facétieux chauve interpelle un pauvre hère dans l'assistance, you know, c'est l'anniversaire de Francis Rossi ( Status Quo) il se paye 64 balais, I suppose he's your favourite guitar player...presque, je préfère Plastic Bertrand, réagit l'individu... anyway it's a good reason to play 'I'm 64', à notre façon, c à d, 'All my mother's favorite nightmares', guitares acérées, ton Shelley ,un Gothic Poem mis en musique!
Tombée la veste, dénudée la tête, pas qu'il entame un striptease, pas le genre, le hobereau prend la pose, style sentinelle en faction,.
Nous semblait bien avoir aperçu John William Waterhouse esquissant  sur un carton de Jupiler.
Solennellement, il déclame un texte ( 'Medication')  sur rouleau de tambour martial alors que les guitares tailladent la composition et que la mignonne Elise, à genoux, martèlent la quatre cordes.
A guest pour la dernière, Steven Hill ( Evi Vine), l'hypnotique ' Future Eyes' que sir Thomas vient psalmodier assis sur les marches, bien avant la fin de ce morceau  angoissant, et n'ayant cure des applaudissements du commun des mortels, il quitte ses comparses pour humer l'air urbain.
Le highlight d'un set remarquable!

Evi Vine
 From London: Evi, ethereal voice, guitar - et quatre musiciens multi-instrumentistes: Steven Hill ( guitars, drums) - Ben Roberts ( electric cello- keyboards, guitar) - Sam Astley ( guitars, bass) - Ben McLees ( bass, guitars, percussion).
Un album,' And so the morning comes', un second en gestation, plusieurs titres au menu du jour.
Compartiment?
Difficile à cataloguer: slowcore, dark/ goth indie, minimal wave, some shoegaze, some trip hop, indie folk...en vrac, P J Harvey, Lamb, Portishead, Cocteau Twins, Hope Sandoval...
' The Dreamers' entrée en matière vaporeuse, tout en lenteur et majesté, moody est le qualificatif le plus approprié, une voix fluette et hantée, aux intonations Kate Bush, s'égare dans cet univers cotonneux et ouaté, dominé par un violoncelle dolent.
Attention, fragile!
'Inside her', Steven caresse son instrument d'un archet, la voix d'Evi se fait Mazzy Star, les climats créés fusionnent les univers Lamb et Sigur Ros, quant aux images, elles sont imprégnées d'un romantisme byronien ... And the touch of her skin  feels like heaven...!
'Hands are tied' is a new song, même soundscape atmosphérique et mélancolique.
La ballade 'If it's love', aux arrangements subtils et à la voix immatérielle, la rapproche de Beth Gibbons.
'For You' , titre provenant d'un EP, une lente lovesong à la beauté glacée, précède le spooky  'I let you leave', bourré d'effets psychédéliques.
Where postrock meets Jefferson Airplane, cocktail surprenant mais efficace.
Another new one, 'Starlight', elle semble vouloir arpenter des pistes utilisées par Bat for Lashes ou Florence and the Machines, le dernier morceau proposé is still untitled.
Evi abandonne son instrument, agrippe le micro à deux mains pour susurrer un lament cold wave obsédant.
Il lui faudra 30 minutes pour signer la pile d'albums écoulés après ce concert fascinant.

Evi Vine, ce soir à Liège, ensuite la mini-tournée s'achève avec trois dates en Allemagne!