mardi 21 janvier 2020

Les Zef et Mer au Complexe Culturel Le Cap - Plérin ( FR) - le 18 janvier 2020 - partie 1

Les Zef et Mer au Complexe Culturel Le Cap - Plérin ( FR) - le 18 janvier 2020 - partie 1


C'est en 2014 que Big Bravo Spectacles décide de lancer l'aventure des Zef et Mer, elle débute à Plérin.
Pour cette édition 7, toujours consacrée aux nouvelles créations artistiques de la scène bretonne,
Plérin, Plédran, Guer, Rennes, La Gacilly et Paris accueillent les éphémères , deux scènes off étaient également au programme.
Le 18 janvier, il fallait se lever à l'aube pour les séances jeune public, n'étant plus repris dans cette catégorie depuis un demi-siècle, tu attends l'après-midi pour prendre la direction du Cap.
Comme l'an dernier, trois parties sont prévues, entrecoupées de courtes pauses.
Après avoir tendu 5€ à une brave dame, tu t'apprêtes à assister aux shows de Matao Rollo - Lina Bellard et Kaolila.
Les artistes disposent de 20' pour convaincre pros et curieux, Matao a été choisi comme maillon de la chaîne, il se produira trois fois devant le rideau, cachant les techniciens affairés au montage du matos de ses collègues.
Ce n'est pas ta première rencontre avec le doux conteur de Sérent, tu avais été charmé par le "chaosse-naire" du jour en 2016, au même endroit.
En ce bel après-midi, l'homme au chapeau melon, à la chemise jaune distinguée, au pantalon bleu viril, portant gilet, cravate et moustaches, vient nous saluer en gallo pour nous débiter ses fables d'une autre époque.
Son exposé historique démarre en 56 avant Jean-Claude, la Bretagne n'existait pas, mais bien les Vannetais ( les Vénètes ) habitant le royaume de Bro Waroch.
Les légions de Jules rappliquent, les pedites se goinfrent de kouign-amann et de boudins armoricains, l'un d'entre eux épouse l'une des plus belles du village, le mix vannetais/latin devient le gallo.
La copine de Miss Bro Waroch, elle, a jeté son dévolu sur un gars ayant traversé le Channel, ainsi naquit le breton.
Voilà, à peu près, ce que tu as pigé.
Il poursuit en récitant la poétrie de Prévert ' Barbara' en langage coloré, puis évoque Madame Ernestine Lorand , une poétesse qui se levait la nuit pour coucher sur la feuille les mots qui lui traversaient le crâne.

Au suivant!
Lina Bellard.
Pas inconnue, non plus, la jolie harpiste!
 En 2018 tu la croises au sein de Barba Loutig, quatre filles maniant l'art de la polyphonie à la perfection.
Le premier CD de Lina, 'Toutes les filles s'appellent Jeanne' est paru la veille.
Elle débute par un instrumental épuré.
Son jeu à la harpe fait de caresses, frôlements, frottements, pincements, sur tapis de bruitages electro-acoustiques,  étonne.
 L'émule de Joanna Newsom   combine grâce, fluidité et maîtrise, toute l'âme Celte se retrouve dans les climats créés par son toucher céleste, tu en viens même à penser au Concerto d'Aranjuez.
La voix s'élève après cinq bonnes minutes, elle entame un chant populaire combinant breton et français, il traite d'une jeune fille, de la fatalité, de la mort!
Après quelques indispensables  réglages, l'artiste, fusionnant conte, chant et pièces instrumentales, s'attaque à la légende du lébérou , une créature fantastique faisant partie du   bestiaire mythologique du Périgord.
Il est question de malédiction contagieuse , un récit qui doit refiler des cauchemars aux petits enfants n'ayant pas été sages.
Lina clôt son passage en narrant et jouant un autre traditionnel de Basse-Bretagne, la sombre  '  Gwerz de saint Julien',  terminé par un parricide accidentel.
 Ici, également, on tombe sur  un lièvre roux , mais aussi sur une princesse.
 Au bonheur succèdent la jalousie et le crime.
20', c'est fort court, mais le travail de broderie fine a été apprécié.

Kaolila 
Whisky?
Non, la distillerie située sur l’île d’Islay se nomme  Caol Ila!
Il s'agit de cinq nanas insoumises, le tricot au coin du feu, tu oublies, les filles pratiquent un rock breton âpre et corrosif.
Elles déclinent leur identité:  Marion Gwenn – chant, percussions/ Arzela Abiven – chant, percussions/ Danielle Titley – chant, banjo/ Nicola Hayes – violon et Hélène Brunet – guitare, stompbox.
Pardon?
Oui, elles ont toutes une carte de visite fournie, Marion est comédienne, elle fait parie de Kanevedenn, une troupe qui concocte du théâtre chanté pour enfants/ Arzela, Miss Safran,  comme sa copine Marion et une autre sorcière,  chante sur la B O du court-métrage Anna Jaouen/  Danielle, l'anglophone,  fait partie du trio Hayes and Titley's/ Nicola, from Australia,  est la Hayes du trio, elle a sorti un album avec Hélène Brunet, que tu as vue aux côtés de Nolwenn Korbell, l'an dernier.
Pour les jouvencelles, tu es prié de sonner à une autre porte.
Un premier titre breton ' Caolila'  est envoyé dans nos gencives, trois voix turbulentes, un banjo sobre, un violon Papa John Creach et, en notes stridentes, la guitare/slide mordante d'Hélène.
Il ne t'en faut pas plus pour être subjugué.
T'as beau  être Marie Stuart, Queen of Scots, une femme, même faisant partie de la noblesse, c'est de la merde.
Consulte son pedigree!
Les filles enchaînent sur une histoire de couple ( ? Istor Karantez?) , l'homme et la femme ont fait connaissance au bar, ce qui ne promet rien de bon.
Aux sonorités celtiques viennent se greffer des touches orientales pas désagréables.
Une dernière tranche, épique,  narre les mésaventures amoureuses tumultueuses d'une fille dépucelée dans la R21 de papa,, elle traverse une période de nymphomanie pour finir  sur une relation homosexuelle.
Le kama sutra en breton est aussi acrobatique que celui attribué à Vâtsyâyana.
Une joyeuse bande de cinglées!

Pause!