samedi 24 novembre 2018

Les Canards À l'Orange à l'Hôtel Bar Boutik Le Saint-Yves à Tréguier, le 23 novembre 2018

Les Canards À l'Orange à l'Hôtel Bar Boutik Le Saint-Yves à Tréguier, le 23 novembre 2018

Dans le cadre du Festival Culture Bar-Bars ( 16è édition), se déroulant les 22, 23, 24 novembre sur tout le territoire, dirigé du haut d'une tour d'ivoire par un despote mal éclairé, l'Hôtel Saint-Yves de Tréguier accueille une phalange de macreuses carburant au Cointreau: Les Canards à l'Orange.
En 2012, les pieds palmés ont décidé de quitter  leur habitat marécageux pour fouler les scènes du Trégor et interpréter un répertoire roots, emprunté à leurs cousins nichant outre-Atlantique.
Nos plongeurs, dépourvus de nageoires en caoutchouc, arborent, tous, une magnifique cravate aux couleurs de l'équipe nationale des Pays-Bas, l'ornement se portant sur une  chemise pouvant feindre une appartenance à la Milizia Volontaria per la Sicurezza Nazionale.
Comme les trois mousquetaires, les cancaneurs sont quatre, tu oublies Riri, Fifi, Loulou et Donald, une gazette locale les a identifiés comme étant   Yann Adam: chant, guitare, harmonica/ Mark André: batterie/ Jean-Luc Urieta ( basse cinq cordes) et Michel Brisson ( lead gt).

Après un bonsoir poli, les colverts passés à l'orange, nous emmènent faire la connaissance d'un agneau ayant appartenu à la petite Marie, ' Mary had a little lamb', un cheval de bataille que le regretté Stevie Ray avait emprunté à Buddy Guy.
Toujours en ajustement blues, l'escouade s'attaque au ' Before you accuse me' de Bo Diddley, qu'Eric Clapton a enregistré au moins quatre fois.
Ces canards sont loin d'être des manches, les deux guitaristes excellent dans la twelve-bar blues progression et la rythmique affermit l'assemblage, les pointilleux peuvent sourire à l'accent Frenchie , so sexy quand il s'agit d'Isabelle Huppert, de Yann Duck, les autres s'en balancent.
L'inévitable 'Hoochie Coochie Man' est précédé d'une anecdote destinée aux non-initiés, les Stones et le magazine Rolling Stone ont choisi leur identité d'après un autre titre de McKinley Morganfield, plus connu sous le patronyme Muddy Waters, un mec qui ne connaît probablement pas ' La gadoue' ni dans la version de Petula, ni dans celle de Jane.
'Don't Let Me Be Misunderstood' de Nina Simone restera pour toi un hymne immortel attaché aux Animals.
Eric Burdon, quelle bête!
C'est toujours un plaisir de réentendre cette pépite, même si le rendu des canards était bien sage en comparaison du feeling dégagé par les représentants du British Blues Boom.
Virage rock avec la bombe d'Otis Redding 'Mr Pitiful', la température vient de monter d'un cran.
Avec 'Shadow on my door', on a droit à un premier couplet sortant des sentiers (re)battus, merci les canards!
Un guitariste appliqué, un batteur, passablement déplumé et polisson, un bassiste sobre et un chanteur concentré, les duveteux se débrouillent plutôt pas mal, le bar apprécie et se fait entendre.
Après 'Oh Pretty Woman'  d'Albert King, qu'une certaine Brigitte, aucun lien avec le petit Emmanuel, ni avec Julia Roberts, a pris pour un portrait de son physique flatteur, un comique, pas déshydraté, se manifeste, bruyamment, pour encourager les potes de Daffy Duck.
C'est l'heure d'enfiler les bottes, 'These boots are made for walking' t'a laissé sur ta faim, il manquait la formule finale, are you ready boots, start walking...
Oui 'I put a spell on you'  de Screamin Jay Hawkins était au répertoire de Nina Simone, et l'adaptation de Nicoletta, tu connais?
Le lundi n'est pas toujours au soleil, 'Stormy Monday' de T-Bone Walker nous le rappelle.
Tu t'en vas, Brigitte?
Oui, désolée, la messe!
Les canards embrayent sur 'Little red rooster' qui par l'accent ressemblait plus à du poulet rôti qu'à du coq au vin.
La slide et le dobro sauvent la bestiole qui chante cock-a-doodle-do.
Avant la pause syndicale, le Chicago blues suintant  ' Just your fool', que les Rolling Stones ont emprunté à Buddy Johnson, termine en beauté la première mi-temps.

Set 2.
Comme l'ineffable batteur est fan de country on ouvre par 'Call me the breeze' de JJ Cale.
Il m'a prêté une cowbell pour occuper mes doigts pendant 'Green River' du Creedence et pour vous prouver notre éclectisme, on vous propose  'Bensonhurst Blues', un cabaret/tango blues ayant cartonné dans la version d'Oscar Benton, qui tous les ans offre des pralines à Alain Delon.
Après le crooning on revient à l'electric e blues  avec 'All your love' d'Otis Rush, plus connu dans l'exposé de  John Mayall et de ses Bluesbreakers ( Eric Clapton à la gratte, à l'époque).
Mesdames, messieurs, à vous de deviner titre et interprète de la suivante!
Eh, oui, AC/DC peut sonner bluesy, 'Ride on' en est l'illustration!
Retour de l'harmonica et du dobro pour "If I Had Possession Over Judgment Day' de Robert Johnson, puis on ne quitte pas  le Delta pour 'The thrill is gone'.
Yann et Michel alternent lead et rythmique,  si pour BB King il n'y a plus de frissons, les fans locaux frémissent de bonheur.
Stax Records à l'honneur avec Eddie Floyd  et son 'Knock on wood' avant le numéro comique de Mark Duck qui a réussi à faire douter Michel obligé de se taper par deux fois l'intro de 'Got my mojo working".
Des requêtes, braves gens?
' La danse des canards'
Refusé, tout comme Lara Fabian, Céline Dion et Mireille Mathieu..
On continue avec 'Pride and Joy' un nouveau SRV pour terminer par la bombe de Wilson Pickett ' Mustang Sally'.
Oui, c'est un  titre repris dans The Commitments!


 Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages.... d'accord pour un  bis après vous avoir expliqué ce qu'est un diddley bow, on refait 'Before you accuse me' puis on se cherche un bon avocat!