samedi 9 janvier 2016

Denis Colin et Ornette ' Univers Nino' au Carré Magique à Lannion ( Côtes-d'Armor) le 8 janvier 2016.

Denis Colin et Ornette ' Univers Nino' au Carré Magique à Lannion ( Côtes-d'Armor) le 8 janvier 2016.

Le Carré Magique, superbe salle de 850 places à l'acoustique parfaite, propose aux Costarmoricains  une programmation pluridisciplinaire allant  de la danse, au théâtre, à la musique  et au cirque.
A l'affiche de ce vendredi soir: Univers Nino, un projet du clarinettiste basse/saxophoniste baryton Denis Colin et d'Ornette qui fut claviériste pour Alain Bashung ou Arthur H.
Sur scène, le duo est épaulé par une équipe de rêve, constituée d' Antoine Berjeaut à la trompette et au bugle ( membre du Quartet Wasteland avec notamment notre compatriote Jozef Dumoulin aux claviers), du fin Julien Omé à la guitare et d'une assise rythmique fantastique, François Merville à la batterie et Théo Girard à la basse.
Quoi?
Non, le projet n'a rien à voir avec Nino Rota, Denis Colin a eu l'idée de rendre hommage à Nino Agostino Arturo Maria Ferrari, plus connu sous l'étiquette Nino Ferrer, qui à l'aube de son 64è anniversaire a décidé de mettre fin à ses jours au beau milieu d'un champs de blé à Montcuq.

Arrivé tôt sur place, tu te diriges vers le foyer pour te rincer les amygdales ( on te recommande la Philomenn blonde), sur place les élèves de l'Ensemble de clarinettes et guitares de l'Ecole de Musique du Trégor, dirigés par Liria Sauri, interprètent une composition courte mais ardue de Markku Kopisto, ils sont suivis  par un autre jeune ensemble, le groupe de jazz de la même institution, qui propose 3 ou 4 morceaux audacieux dont l'hymne grunge 'Smells like teen spirit' servi accompagné d' une sauce cuivrée.
Le hors-d'oeuvre ayant été accueilli à sa juste valeur, il est temps de se diriger vers le théâtre pour le plat consistant: Univers Nino!

20:35', les musiciens prennent place, sur l'écran des clichés d'époque, des dessins de Hugo Pratt  ou des visuels, tantôt psychédéliques, tantôt poétiques, signés Chia-Wen Tsaï et Bruno Girard.
Le set, comme l'album d'ailleurs, démarre par une 'Introduction' jazzy dominée par la clarinette basse du leader, en fin de parcours la voix câline de la blonde platine Bettina Kee, alias Ornette, psalmodie un poème  de Dante Alighieri.
Bienvenue dans l'univers de Nino vu par Denis Colin, qui saisit le micro pour nous narrer la genèse de l'entreprise.
Je n'ai jamais vu Nino, mon grand-père, par contre, était un ami du père du chanteur, photos datant de 1917, Corto Maltese, Nino Ferrer défilent sur la toile.
Trois flûtes à bec amorcent 'Mirza' en mode funk nonchalant.
Pas question de singer l'original, ce clebs insaisissable affiche un autre pedigree, déjà, tu en pinces pour Ornette.
La trompette d'Antoine attaque 'The garden', une ballade merveilleuse qui s'entend sur l'album 'The South' attribué à Nino and Radiah.
Tu te souviens que ce superbe vinyle traîne dans ta discothèque.
L'ambiance monte d'un cran dans une salle qui a reconnu 'Les cornichons'.
On quitte la fête campagnarde, la guitare lyrique entame 'Moby Dick', tout aussi métaphorique que le roman de Melville.
C'est beau, le jazz onirique.
Frissons garantis avec 'Le Sud', chantonné par toute la salle avant d'amorcer une pépite moins connue, 'Métronomie', une séquence rock dominée par une guitare agressive à laquelle succède une poussée fiévreuse des cuivres annoncent une cavalcade héroïque digne des meilleurs groupes de progrock/fusion , après un dialogue basse/batterie, le morceau  prend fin tout en douceur grâce aux onctueuses vocalises de l'énigmatique chanteuse.
Attention chef-d'oeuvre de sensibilité et de retenue,  ' La Rua Madureira' suivi par le minimaliste 'L'arbre noir' sur lequel Denis Colin s'essaye au chant.
Retour au groove agité  avec 'Viva la Campagna' la version italienne de 'Je vends des robes' de 1969, qui clôture un set de 70'.



L'équipe entame les rappels par un slow blues lumineux, 'Le blues des rues désertes', permettant une nouvelle fois au guitariste d'étaler tout son talent.
Nino Ferrer paraphrasant Claude Nougaro, c'est 'La désabusion'... Et je suis là, comme un con, sous son balcon, étendu de tout mon long dans une flaque de Bourbon....
C'est donc en interprétant un des derniers titres enregistrés par Nino que va se terminer ce concert étincelant, eh, non, le public rappelle l'équipage qui décide de terminer le voyage par l'ode aux portables, 'Le Telefon', featuring Gaston Lagaffe.

Rendez-vous à l'étage pour les dédicaces!