jeudi 4 août 2011

Leila Albayaty & guests au Live Music Café à Bruxelles, le 3 août 2011

Une petite visite à Fred Cerise?
Le booker bruxellois a programmé Leila Albayaty au Live Music Café.
Leila, la prolifique, celle qui chante, compose, dirige, interprète, manipule divers instruments, peint, deejaye, voyage sans cesse et tricote?
Celle-là même, cher ami, nous la connûmes Adeldone au Café Central en septembre dernier, elle nous revient Albayaty au mois d'août!

Encore un plan cinéma?
Pas exactement, mais le propos s'annonce flou, définitivement underground et arty!
Avec Fred et Fabrice, le barde à papa, on a le temps de s'en jeter quelques unes avant le générique de début de séance.
A 22h20' , l'half Iraki lève un coin du voile: je commence solo, pendant une trentaine de minutes, ensuite, pour la seconde partie, je serai rejointe par quelques musiciens que j'ai rencontrés en faisant la file à la caisse du Lidl, rue Van Artevelde, on vous promet un happening comme en quatorze!

Il fut fait comme l'annonça la belle enfant.
Leila solo, armée d'une Epiphone, un indie folk mélancolique et fragile, 'Train' indique la setlist, il semblerait que ce tortillard elle l'ait raté et que quelqu'un le déplore.
Un accent Frenchie attachant, si tu veux cataloguer, cherche le rayon Feist, She & Him, Emily Haines...
'Traumend' une rêverie Lorelei-Rheinklänge, pas dans l'emballage André Rieu, mais plutôt dans celui de Lonely Drifter Karen découvrant Marlene Dietrich.
Joli!
'Waiting for a signal' minimaliste et attachant, une Cat Power Frenchie.
Pendant le léger' Blind Time', Miss Albayaty s'essaye à des vocalises casse-gueule, cette apparente fragilité et ce travail d'équilibriste font tout le charme de ce funambule souriant.
Fabrice n'est pas le seul à être envouté, l'établissement s'est bien peuplé, les touristes s'agglutinent près de la scène.
'Alone' , réflexion sur la solitude et l'angoisse.
Version 786 de 'Bang Bang', elle sera émouvante et, si Percy Adlon pense à un remake de 'Out of Rosenheim' ( Bagdad Café), on la lui conseille comme soundtrack.
'I've seen..', que je vous interprète à la manière de Marianne Dissard, a été composé par Nicolaï bourré à 5 heures du mat., ici présent.
Jef, tu m'accompagnes?
Jef Mercelis prend place derrière le drum kit, Leila s'emparant d'une guitare au son fuzzy: ' Fall in love', du P J Harvey rock, malheureusement altéré par de maudits effets larsen.
On termine ce set, toujours en duo, avec le yéyé hilarant 'Ok Ok':
..j'ai eu un mec bizarre au téléphone
et moi j'étais aphone
il m'a dit petite conne...
Allo Brigitte?
Il n'y a pas de Brigitte ici... désolé!
Et Dani?
Casse-toi, Etienne, pas de Dani, non plus!
Bien joué, Leila, même si elle est prise d'une crise de fou rire aigüe en fin de morceau.

Break!

Leila & guests.
Le déjà cité Jef Mercelis, un gars dont le superbe 'The Hopes And Dreams Of A Drunk Punk' ( 1996) traîne dans ta discothèque ( il doit en avoir vendu 1352 exemplaires) , un singer/songwriter qui se fait rare depuis quelques années.
Véronique Binst, musicologue, comédienne, violoncelliste, prof à ses heures et Jorge Piquer Rodriguez, soundtracks pour chorégraphie, performances, courts-métrages...
Voilà les invités!
Le but du jeu, on crée, sous vos yeux et pour vos pavillons, des titres improvisés, ne dépassant jamais 3 minutes, en changeant à chaque coup d'instrument ( deux guitares, une batterie, un violoncelle, un melodica) et d'auteur/interprète.
Le jeu des chaises musicales sans suppression de siège, quoi!
Résultat?
Le grand n'importe quoi?
Nein!
De la masturbation intellectuelle?
Nein!
Du collage Dada?
Non plus!
Leur boeuf, pas tout à fait blanc bleu belge, tient la route et le public présent s'est souvent enthousiasmé à ces recettes aux saveurs rock prononcées.
Leila et Jef aux guitares, Jorge caché derrière les caisses et Vero au violoncelle démarrent par un trance rock digne de Polly Jean.
Moi je dis que c'est du Kills, réagit Fabrice.
Et toi, Fred?
J'hésite: Sandra Kim ou Enrique Iglesias!
Pas con, Fredo!
On tourne pour virer Brigitte Fontaine en pleine déprime, j'y ajoute un filet blues, se dit Jef.
Stop, gueule Leila, les 3' sont écoulées, changer!
C'est reparti pour un trip à la Grateful Dead, quand un sosie de Doherty, arrangé comme un libertin, vient jeter ses grolles sur scène. Le blues vire Doors of Perception, le cirque Bouglione doit avoir décrété une journée portes ouvertes car une hyène pas vilaine vient ricaner en mesure.
Sur le boulevard les flics ont décidé d'ajouter leur grain de sel à la création collective en actionnant une sirène moins attrayante que celle de Copenhagen.
Quelle soirée!
Le spectacle est partout, l'hyène a enfilé ses chaussons et nous la joue Anne Teresa De Keersmaeker.
Sur scène, ils ont entamé un titre Rive Gauche que n'aurait pas renié Marie-Laure Béraud.
Nouveau virage: de l' alt.country sombre.
Doherty, se souvenant qu'enfant il adorait Urbanus Van Anus, gravit la marche le menant sur scène, se saisit du micro de Leila et envoie une version destroy des zoziaux dans les bois .
On a pas vu de boy-scouts, plié en deux on était.
Pris d'un besoin pressant, Pete abandonne le quatuor pour aller saluer Madame Pipi.
Encore une ou deux expérimentations dont un rumba rock incantatoire et le tram arrive à destination: the end of the world!

Un grand moment de rock!