Les Zef et Mer avec Drache , au Cap à Plérin , le 11 janvier 2025 ( dernier chapitre)
michel
Après avoir passé le relais ( orthographe traditionnelle) à Pascal pour les prestations de Plouz ha Foen ( du rap breton, anecdotique) , de Nolwenn Korbell ( de l'americana trilingue de haut vol ) et Ivarh ( du folk prog breton, sublime), on te refile le témoin pour la dernière étape de la course: Drache!
Drache, ce sont deux filles qui ne se ressemblent pas comme deux gouttes d'eau mais qui s'entendent comme larrons en foire pour proposer un set de musique bretonne à écouter et à danser , et, éventuellement, à chantonner avec elles.
Morgane Labbe à la contrebasse et au chant, tu l'as croisée avec Dear John à Binic, elle fait encore partie des Bubbey Mayse et du collectif Les Pieds dans l'bal.
Eva Cloteau : violoncelle, chant, a été aperçue chez Rozêtt, elle se produit encore chez Peldrút et Stradibalius.
Après une amorce digne d'une rhapsodie de Dvořák, les filles entament leur chant, d'abord en se répondant, puis à l'unisson. Dans l'assistance les ancien(ne)s ont reconnu ' Apportez-nous à boire' le chant traditionnel attribué à Jeannette Maquignon, de Redon, une brave dame qui ne vendait ni pouliches, ni chevaux de trait, mais qui est considérée comme une passeuse de mémoire, à son répertoire on retrouve des centaines de chansons faisant partie du patrimoine breton.
Le vin de Champagne, servi par Fanchon, délie les langues, les filles, souriantes, ont tôt fait de conquérir nos oreilles et nos coeurs, et en s'éloignant du chant, parfois monotone, s'autorisent un bridge musical agité.
La contrebasse est grattée sèchement, le violoncelle, d'abord effleuré par l'archet souple, part en pizzicato, le classicisme slave est abandonné pour un registre jazzy qui aurait plu à Charles Mingus.
Sans attendre nos applaudissements, le duo enchaîne sur une chanson de conscrit pas aussi burlesque que ' Le rire du sergent' de Michel Sardou,
Rejoindre son régiment et abandonner sa bien-aimée , ça craint!
Le répertoire populaire de la musique à danser est vaste, les filles ayant cueilli la rose sont nombreuses, il leur arrive pas mal de bricoles lorsqu'elles se rendent en ville.
Drache a le mérite de revêtir les chansons d'antan d'un vernis plus moderne, le jazz qu'elles appliquent sur leurs ongles scintille de mille feux.
On quitte le pays breton pour se diriger vers le Limousin où, comme en Auvergne, on danse la bourrée.
La suite de bourrées occitanes a éveillé en toi des images de Jethro Tull et pourtant Ian Anderson et sa flûte étaient restés au UK.
La langue occitane aux sonorités mélodieuses, le chant en harmonie, montant insensiblement en puissance, tout concourt à l'émerveillement.
On arrive au bout du temps imparti, c'est avec la ridée 6 temps, 'Le lièvre et ses amants' que s'achève un set plaisant donné par un duo mariant charme, vivacité et virtuosité.
Pas d'averse en quittant Plérin mais un brouillard givrant qui n'a pas terni notre bonne humeur.
Les Zef et Mer se poursuivent jusqu'au 8 février.