vendredi 18 octobre 2019

Carnavalorock ( soirée un) : Celeste - Mars Red Sky - Les Nus à Bonjour Minuit- Saint-Brieuc, le 17 octobre 2019

Carnavalorock ( soirée un) : Celeste - Mars Red Sky - Les Nus à Bonjour Minuit- Saint-Brieuc, le 17 octobre 2019

En 2017, la renaissance de Carnavalorock ( le festival ayant sévi de 1990 à 1997) a remis Saint-Brieuc en haut du hit-parade  Rock en Côtes-d'Armor.
Les Déboucheurs de Tympans, Diogène et 3C se sont associés pour concocter une affiche attrayante, en 2017, des gens tels que les Bellrays, Nashville Pussy ou Ultra Vomit ont secoué la préfecture du département, l'an dernier, Pigalle, Les Négresses Vertes ou Phil Campbell ont mis le feu à Robien, en 2019, le festival s'étale sur trois jours, avec une ouverture à Bonjour Minuit.
Trois groupes au programme  Celeste, Mars Red Sky  et Les Nus, ouverture des grilles à 20:30', premier gig à 21h.

Les Nus.
Rennes et la Cold/New  Wave ou le Post Punk.... à coup sûr, tu avances Marquis de Sade, éventuellement Etienne Daho, et tu oublies Les Nus, qui pourtant,  au début des années 80, avaient fait fureur dans la ville natale du père du Bossu, avant de jeter l'éponge après l'échec du seul album enregistré à l'époque.
Si Marquis de Sade ( deux albums cultes) s'est reformé en 2017, Les Nus ( fondé par Christian Dargelos et Frédéric Renaud, ex-Marquis de Sade ) avaient déjà repris le collier en 2013, invités par les Transmusicales, fameux coup du sort, Frédéric Renaud décède en juillet cette année -là.
Le groupe pourtant persiste pour sortir l'album ' Les Nus' en 2016, une troisième plaque est prévue pour début novembre, 'Enfer et Paradis', tout un programme.
La nuit est noire, noirs sont Les Nus, mais ils ne sont pas morts, n'en déplaise à Norman Mailer.
Sur scène: Christian Dargelos, sec et précis, au chant/ Goulven Hamel, un fabuleux guitariste/écrivain, croisé l'an dernier chez The Celtic Social Club/ Pierre Corneau , non ' Police Python 357' ce n'est pas lui, à la basse ( Dominic Sonic, Obispo...) /Alain Richard à la batterie ( déjà membre des naturistes à leurs débuts) et, enfin, Rémy Hubert aux claviers, ( voir la remarque concernant Alain Richard).
Kick off!
' Vous faites du rock, n'est-ce pas' , tu cherchais du rose, t'as sonné à la mauvaise adresse, à l'instar des Men in Black du Surrey, l'univers des Nus est ténébreux, la filiation Marquis de Sade demeure présente.
Les riffs cinglants de la guitare, la basse lourde, le drumming martial, les claviers imagés, à la manière de ceux de Dave Greenfield et le chant lancinant ont tôt fait de nous plonger dans un monde où excellaient des gens tels que Echo and the Bunnymen ou les Teardrop Explodes de Julian Cope.
L'amorce de 'L'enfer et le paradis', qui donne son titre au dernier né, est plus rock et on comprend que le groupe manifeste une certaine fascination pour les  Doors ou Steppenwolf.
Christian Dargelos n' a pas élevé l'hostie dans les airs, le sang de Jésus n'a pas maculé ses mains, mais ' Corpus Christi' avait un  côté messe noire qui n'a pas échappé à l'inquisiteur.
Ils ne sont pas sur scène pour raconter leur vie ( bien que...), ni pour nous inviter à danser  dans le style move your ass,   ' Les ravages du temps'   posent les questions justes, où est le bon temps?
A 'Dans la maison d'Eva' succède le titre coup de poing du set, 'Les années Reagan', Rémy Hubert doit être fan de Ray Manzarek, son orgue se teinte de pointes The Doors.
'Suspicion' se lit également sur le nouvel ouvrage,  que les fans peuvent se procurer au stand merch, avant la sortie officielle.
'Une étrange vie' date de l'album précédent, si tu tiens à rencontrer le curieux petit homme aux cheveux gris, plonge-toi dans les nouvelles d'Edgar Allan Poe.
'Jim Crow' démarre à la manière d'une valse/cabaret, t'avais le droit de penser à Brecht, puis l'arrivée  d'une guitare acerbe change la donne, oubliée la danse de salon, place au rock, sale et abrasif.
T'as toujours cru queNoir Désir avait composé  'Johnny Colère' , mais non, ce classique du rock français est de la plume des Nus.
La gifle ' Signe des temps' date de la même époque et c'est avec l'inquiétant et théâtral  ' Le mime hurlant ' que s'achève un concert ayant tenu toutes ses promesses.

22:15' Mars Red Sky
Le groupe naît à Bordeaux, il y a une dizaine d'années.
Formé par  des anciens Calc, Benoît Busser ( remplacé désormais)  et Julien Pras, certains pensaient assister à un concert gentil et pop, ils n'avaient pas pris connaissance de la fiche explicative mentionnant ' stoner'.
Désormais le trio se compose de Julien ( chant fluet et guitare saignante), de Mathieu Gazeau, fils de forestier,  à la batterie et de Jimmy Kinast à la basse omniprésente et au chant affirmé.
Leur quatrième album ( The Task Eternal) est tout frais pondu.
Jimmy est du genre Carter, farfelu, Salut Saint-Malo, lance-t-il, on n'a pas relevé, vu sa carrure.
C'est parti en disto, larsens et autres prémices noisy avant de virer stoner/doom, dense et cimenté à l'ancienne, sans édulcorants.
Ils nous envoient un coup de wah wah, puis vient un ralentissement perfide amorçant des vocalises se rapprochant plus du râle que du  chant grégorien.
Les headbangers ont entamé leur gymnastique, non reprise aux jeux, pendant les cinq minutes que comptabilise la plage, sur laquelle tu ne plaques pas de nom, t'as pas vu de setlist.
Un coup sur la pédale pour envoyer une bande sirène, la basse à nouveau distordue enchaîne, le trio est redescendu dans les tranchées.
A l'arrière des visuels psychédéliques attirent l'attention de ceux qui ne sont pas fans du balancement de crâne, la guitare entame une litanie funeste avant de psalmodier des lyrics difficilement audibles, ils sont écrasés  par la puissance sonore des instruments.
Jimmy nous indique que la plupart des premiers titres sont tirés de la dernière production, ce qui ne nous aide guère.
Toujours aussi épaisse la troisième plage évoque les maîtres du genre, Black Sabbath, ce qui les différencie de la bande à Ozzy, c'est le chant plaintif du petit Julien.
Le rouleau compresseur fait place à une antiquité amorcée par des riffs Pink Floydiens ( 'Mindreader'?) , les effets psychédéliques seront de courte durée, très vite le vaisseau réintègre l' univers  sombre, proche des constructions massives de Tool.
Toujours dans le catalogue plus ancien, ils ont opté pour un titre aux méandres instrumentaux gluants.
Le lancinant 'The light beyond' renvoie à nouveau vers les néo-psychédéliques et le desert rock.
Il en reste une, dit-il,   monumentale et hypnotique,  ' Marble Sky' le chant est entamé par Jimmy Kinast, ils ont probablement changé d'avis car le titre se fond dans 'Strong reflection', un ultime moment de doom, bourré de reverb.
Mars Red Sky a fait impression!

23:30 Celeste.
Country of origin: Lyon.
Naissance: 2005
Discographie: six albums, le dernier 'Infidèle(s)' en 2017.
Genre: sludge, post-hardcore.
Motto: concession is out of order.
La scène baigne dans une obscurité macabre, des coulisses émanent les riffs agressifs d'une guitare saturée, elle prévient les rescapés ( beaucoup de clients ont déserté l'abattoir) de l'heure imminente du début du trip.
 The four men with red headlights ( Guillaume Rieth: Guitar/Johan Girardeau: Bass Guitar and Lead vocals/Sébastien Ducotté: Guitar/Royer Antoine: Drums)  quittent la mine pour lancer une première salve destructrice,  elle te cloue sur place.
John assène ses premiers growls brutaux, t'as beau savoir que c'est du français, tu ne captes pas un mot.
Les effets stroboscopiques aveuglent, le fond sonore implacable, compact, lourd  écrase, tu mets quelques minutes à entrer dans leur jeu pour accepter le cocktail maison.
 Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, d'accord, mais Alfred n'avait jamais entendu de black metal.
Chaque titre proposé te rapproche des portes de l'enfer. Au purgatoire, ce n'est déjà pas la gloire, tu croises de futurs damnés, des condamnés en sursis, mais tu sais pertinemment que ce ne sont pas des anges qui vont d'accueillir mais bien des créatures encore plus hideuses que celles imaginées par Jérôme Bosch dans son Jugement Dernier.
Un groupe ayant baptisé une de ses chansonnettes 'Tes amours noirs illusoires' ne peut pas plaire aux âmes sensibles.
Le jeu de batterie féroce, les riffs de guitare ravageurs, la basse pesante et le chant angoissé , annoncent l'apocalypse.
 Les titres tourmentés et  oppressants se suivent, des fanatiques, en état de transe, vibrent sur les tempi lents, puis soudain, un blanc.
Un petit souci technique nous permet de rêver à une fée pendant 20 secondes avant le retour de l'artillerie lourde.
Ernest?
For whom the bell tolls.
Et, pas d'issue?
Aucune, t'es maudit.
Déjà, le champ de bataille se jonche de cadavres décharnés, les irréductibles, pourtant, n'ont pas dit leur dernier mot, ils ont rechargé la Grosse Bertha pour balancer une dernière salve destructrice.
Merci, au revoir, Saint-Brieuc!
Tu t'es retourné pour compter le nombre de survivants: un peu plus de 30!
Dans ta caisse t'as branché l'auto-radio, le poste  diffusait 'L'amour en rose', t'as souri.