mercredi 25 avril 2018

Fête de la Coquille Saint Jacques, seconde journée avec Johnny Montreuil sur la petite scène - Port d'Armor à Saint-Quay-Portrieux le 22 avril 2018

Fête de la Coquille Saint Jacques, seconde journée avec Johnny Montreuil  sur la petite scène - Port d'Armor à Saint-Quay-Portrieux le 22 avril 2018

Après la prestation irréprochable de Kervegan's sur le podium principal, le public se précipite vers la scène annexe où, à 15h30, doit se produire Johnny Montreuil.
Johnny Montreuil, c'est le loubard de banlieue, le mec à qui on ne la fait pas,mais qui a un coeur d'artichaut sous son apparence de dur.
Si Benoît Dantec, pas le  Directeur général Immobilier Commercial de Bouygues Immobilier, non, le petit gars de la Seine-Saint-Denis, amateur de Johnny Cash qui connaît tous les bars du
Bas-Montreuil  et  Haut-Montreuil, a choisi le pseudo Johnny Montreuil, ce n'est pas un hasard, l'étiquette colle parfaitement à son profil de boxeur poids moyen arborant des rouflaquettes et une moustache belliqueuse.
Avec ses potes, tout aussi pittoresques que lui, il va nous débiter un mix de blues, country, rockabilly, rock'n'roll, haut en couleurs et particulièrement jouissif.
Johnny à la contrebasse et au chant est flanqué de Rön Droogish, à la guitare, un cousin éloigné de Vassiliu/ du flibustier Kik Liard à l'harmonica, et, probablement, de Visten "Fatcircle" à la batterie, ta voisine lui trouvait une ressemblance avec Lenny Kravitz.
Les gars avaient emmené David Chalumeau ( René Miller trio, Cory Seznec...)  comme invité, deux harmonicistes d'exception sur une même scène, c'est Byzance!
Le band a sorti un EP et l'album  'Narvalo City Rockerz', un second full CD est prévu, on en entendra plusieurs plages.
Autre fait marquant, le groupe est la vedette du documentaire “Demain c'est déjà loin” ( signé Bertrand Vacarisas ) sur la culture alternative de Montreuil.
Après une intro country blues décorée d'onomatopées, le gang accueille David, la  petite flûte champêtre faite de roseau,  et attaque l'auto-biographique 'Johnny Montreuil', une sorte de Hey Joe made in  Paname, aussitôt tu penses à Paul Personne, Thiéfaine et même un peu à Cabrel.
'So long taulard', aux senteurs plaines de l'Ouest, souillées par le cambouis et les gaz d'échappements, confirme la première impression, ces ruffians sont des génies.
Sur l'album de 2015, ' Devant l'usine' sent bon le Johnny Cash de banlieue.
Et kesk'il fout devant l'usine?
Un piquet de grève, il n'a pas fallu attendre Macron pour manifester dans la rue!
Whisky time au pays des coquilles, rendez-vous 'Au fond des bars' avec tous les potes qui préfèrent le rock'n'roll à Daft Punk.
'Avec les dents' , une chanson d'amour démarrant en mode crooning à la Dick Rivers avant de cavaler  comme un canasson piqué par une colonie de frelons bridés.
Travail admirable du pistolero amateur de Marlboro, des deux Daltons, Averell et William, au mouth harp, du batteur nerveux et  de Johnny Upright bass, le mi-gitan, mi-mexicain, qui  fait soupirer les nanas.
Celle qui partage la vie de Johnny n'est pas du genre à boire du Badoit, elle picole jusqu'à se casser la gueule, ' Bois de l'eau'n il lui dit tandis que son copain Ron, gratte une cigar box à la manière de Seasick Steve.
Terrible ce film noir, tu penses à Belmondo, époque 'Un singe en hiver '. 
Le bouclé quitte son kit pour s'installer au devant de la scène avec une caisse, il balance quelques coups de baguette sur la contrebasse, c'est parti pour le swing nonchalant et purulent  ' Get rhythm' de l'homme en noir.
Le nostalgique' J'avais une famille' succède au B-side de 'I walk the line' puis la petite frappe nous propose d'aller faire connaissance avec la ferraille, ' Le blues du ferrailleur'  chemine comme un train de banlieue avant que les cheminots ne décident de glander.

Un coup d'oeil à la tocante, c'était la dernière, braves gens!
Mais, non, Johnny, envoie la suite, mec!
' C'est des morts' taille un vilain costume aux bourgeois, tandis que 'Artiste de bar' qui se met en route sur les notes de 'Cristo Redemtor' ( Ah, Charlie Musselwhite) nous rappelle qu'il n'y a rien de mieux que le  blues, le vrai comme on le pratiquait avant l'éclosion de la synth pop.
Le sauvage ' Par les toits' clôt une prestation hors du commun. 

Pas de blé pour lui acheter un CD, il t'a refilé la playlist en souriant, c'est 10 Euros!
Crapule!