lundi 9 octobre 2017

Nile On waX à la Rotonde du Botanique, Bruxelles, le 8 octobre 2017

Nile On waX à la Rotonde du Botanique, Bruxelles, le 8 octobre 2017

En mai 2017, Catherine Graindorge annonce: "Dear friends, NOX becomes Nile On Wax".
Faut-il voir dans ce changement d'identité l'existence d'un death metal band baptisé Nox aux Pays-Bas, d'un black metal outfit colombien, d'un trio féminin de Washington DC, d'un pop band slovène, d'un combo hongrois passé par l'Eurovision, d'un autre trio établi dans le Massachusetts, d'une babiole industrielle française, ou d'un émulateur pour android, voire d'un jeu vidéo... les trois lettres semblent  fort prisées!

Bref, si 'Bell Dogs', qui nous vaut cette release party, est le premier album enregistré sous l'appellation Nile On waX, le label bruxellois dEPOT 214, fondé par Joël Grignard (Monsoon, My TV is Dead), avait déjà sorti les albums 'Nox' et  'Freaks', ainsi que l'enregistrement solo de Catherine Graindorge ' The Secret Of Us All', on y entend  Hugo Race, avec lequel elle a concocté 'Long Distance Operators', et  Marc A. Huyghens.

Les complices de la violoniste au sein de  Nile On waX se nomment David Christophe ( David Lund) à la basse/contrebasse et Elie Rabinovitch ( également réalisateur)  à la batterie.
Le concert est annoncé à 20:15', sous la coupole a pris place un public d'âge mûr, moins habitué à fréquenter les salles de concert.
Une mégère, guère  apprivoisée, laisse échapper des assis, assis, assis ...hargneux en nous voyant prendre poste au premier rang, les formules de politesse sont sans doute absentes de son lexique verbal, mais comme nous sommes d'humeur commode nous obtempérons à ces injonctions impérieuses.
Une intro ténébreuse et quelques visuels psychédéliques annoncent l'arrivée imminente du trio.
La basse amorce ' Rhapsody', le violon s'élance, les timpani mallets caressent les cymbales, cette rhapsodie aux accents mélancoliques est plus proche d' Antonín Dvořák que de George Gershwin, le soundscape avant-garde repose sur un jeu de batterie répétitif sur lequel le violon et la basse digressent, soit en touches lyriques, soit en envolées postrock chères à Godspeed You! Black Emperor.
Pendant plus de dix minutes le trio nous propose de concevoir  nos propres images sur ce tapis musical envoûtant.
' The Monsoon' date de l'album ' Freaks' et démarre en mode largo, le ton est à la gravité, une nouvelle fois les musiciens, à l'instar d'Ennio Morricone ou de Mogwai, te laissent le loisir de créer ton propre film, soudain le violon exacerbé amorce un virage nerveux annonçant une fin explosive, la mousson sera dévastatrice!
Une voix off, prophétique, engage ' Eternity', après une séquence de bruitages  industriels, la plage prend une tournure classique.
Faux départ, David avait saisi la contrebasse à mauvais escient, on reprend 'Huit' qui se fond dans 'Nightride', une virée nocturne turbulente mixant des éléments Pink Floyd, époque 'Astronomy Domine' , Krautrock et ambient.
'L'oeil silencieux' est le titre d'un court-métrage de Karim Ouelhaj, récompensé à maintes reprises, la bande-son était signée NOX.
Si on te signale que le film avait été sélectionné pour le BIFF tu peux imaginer qu'il ne s'agissait pas d'une comédie et que le support musical n'est pas à classer sur le même  rayon que les oeuvres immortelles de Rihanna ou de Nicki Minaj.
Le seul à adresser, épisodiquement, la parole à l'assistance  est David Christophe, la violoniste se contente d'un sourire énigmatique et Elie est caché derrière son kit, ce qui se traduit par un rendu, certes  lustré, mais également particulièrement glacial.
Pendant plus de dix minutes, des créatures excentriques vont prendre possession de l'espace, les 'Freaks' tourbillonnent, sautillent, voltigent tel un essaim de coccinelles asiatiques envahissantes, venues hiberner dans l'hémicycle, ça grouille de partout, Catherine a dû en apercevoir une dans les entrailles de son violon dans lequel elle vocalise pour faire fuir le coléoptère intrusif.
Après ' Pixelated dreams' récité d'une voix off, caverneuse,  que le bassiste étiquette ' La rotonde du botanique', le trio propose un dernier voyage sensoriel énigmatique et épique, baptisé 'Bell dogs'.
75' se sont écoulées, c'est l'heure des remerciements, le Botanique où ils sont restés en résidence est mentionné, ils s'évaporent!

Un double encore terminera la soirée:
'Grillons' et 'Dédale' , deux titres plus anciens combinant expérimentations, classicisme , folklore balkanique ou oriental,  jazz et minimalisme à la Philip Glass, nous plongent une dernière fois dans un univers tantôt éthéré et onirique,  tantôt froid et hermétique.

Un petit mot sur le clebs illustré sur la pochette, il est moins  à plaindre que le three-legged dog de celui qui se voit sur l'album d'Alice in Chains, à peine moins effrayant que celui de 'Tusk' de Fleetwood Mac, mais moins docile que le toutou figurant  sur 'Pampered Menial' de  Pavlov's Dog.