mercredi 18 janvier 2017

Barbara Wiernik et Nicola Andrioli au Théâtre Marni, Ixelles, le 17 janvier 2017.

Barbara Wiernik et Nicola Andrioli au Théâtre Marni, Ixelles, le 17 janvier 2017.

Le River Jazz Festival édition 3 en est à son quatrième concert.
Comme l'an dernier, l'Espace Senghor, la Jazz Station et le Marni ont retroussé les manches pour présenter une affiche infaillible.
En ce mardi toujours aussi sibérien, la salle ixelloise accueille Barbara Wiernik et Nicola Andrioli plus guests,  ils viennent présenter l'album ' Complicity', sorti chez Spinach Pie Records ( distribution Igloo) fin septembre.

Barbara, une chanteuse à multiples facettes, dixit les encyclopédistes, une description qui n'est pas erronée.
La jazzwoman  bruxelloise  en est à son troisième album en tant que leader ou co-leader, sans compter le disque de Wrap, on peut aussi entendre son organe vocal sur des enregistrements de Manu Hermia ou d'Alexandre Furnelle e.a..
Elle a rencontré le pianiste Nicola Andrioli à Libramont et bien vite l'idée s'est forgée d'enregistrer un album et de se retrouver sur scène ensemble.
Le natif de Brindisi a lui également côtoyé la crème du jazz de chez Manneken Pis, actuellement il doit faire partie d'une dizaine de projets.
Si dice?
 Des noms?
Lorenzo Di Maio, Mimi Verderame, Steven Delannoye, Filippo Bianchini....
En 2014, il a publié ' Les Montgolfières' sous son nom.

'Complicity' - line-up: Barbara Wiernik (chant, effets)/Nicola Andrioli (piano, Fender Rhodes)/Manuel Hermia (saxophones soprano et ténor, flûte, bansuri)/Marco Bardoscia (contrebasse) et  Antoine Pierre (batterie), on les verra tous ce soir!
A 20:20, c'est le tandem de base, Barbara et Nicola, qui entame le set  avec la ballade ' The secret circus' , une composition  du pianiste portugais Mário Laginha  pour laquelle Miss Wiernik a écrit des paroles.
La voix est limpide, immaculée, pareille au chant du rossignol souriant à l'aube naissante, le piano, de facture classique, court comme une eau vive.
Un titre  primesautier et frémissant.
Antoine Pierre et Marco Bardoscia rejoignent le duo, Barbara annonce un morceau de la plume de son complice, ' The water dance' .
Ambiance différente avec l'apport de la contrebasse et de la batterie, le chant se fait élastique, torrentueux, la contrebasse et le piano s'élancent pour un solo respectif, grinçant pour les cordes, sobre pour les touches, Barbara vocalise, le cours d'eau cabriole en suivant la fantaisie des musiciens avant de se jeter dans une rivière plus large et paisible.
Quand Barbara était enfant, elle pensait qu'offrir des oeufs aux dames sur la colline était une garantie de beau temps, Barbara est restée naïve et nous propose le charmant conte ' Queens of the hill'.
Après une échappée frivole du pianiste, la femme enfant achève la mélodie à la manière de Joe Dassin, en allant siffler sur le haut de la colline, euh, sans bouquet d'églantines.
Exit le bassiste et le batteur, apparition de Manu Hermia, à la flûte, pour le traditionnel 'Cradle song' du compositeur arménien Komitas, une berceuse déjà reprise par Norma Winstone.
Les effets de voix et le gazouillis charmant éloignent la plage de la formule jazz traditionnel, tu baignes en plein mystère et te laisses emporter dans des contrées où les oiseaux sont bleus et les papillons multicolores;
Un morceau empreint de majesté!
Formule quintet pour ' Empty Zone', l'histoire d'une jeune personne que ses parents ont baptisée June alors qu'elle est née en hiver.
June a désiré devenir Jude, Barbara nous narre cette transformation de manière pudique.
Solo fulgurant de Monsieur Hermia, chambre d'écho, piano en talk box à  la manière de Peter Frampton pour ' Show me the way', ça swingue sévère et, comme par miracle, la voix de Barbara devient mâle, elle entame un scat androgyne avant de retrouver un filet féminin pour achever la plage.
Exit sax et contrebasse, voici 'Lines', un cri émouvant  prônant  la liberté.
La ballade esthétique  ' If you' ( words and music N. Andrioli) est interprétée en duo.
Hé, revenez, les copains, s'écrie la madame, les musiciens s'exécutent, tandis qu'elle nous narre une anecdote d'enfance.
Le quintet attaque ' Sweet complicity' , un  morceau bouillonnant, teinté de coloris exotiques.
Voilà, avec ' Running through the wind'   on arrive au terme du voyage officiel.
La cavalière lâche la bride, les étalons gambadent joyeusement, le groove dégouline de partout, ce feu d'artifices musical est généreusement applaudi, il ne faudra pas patienter des heures pour les bis.

En duo , ' Ces petits riens' de Serge Gainsbourg , une version plus intimiste que celles de Françoise Hardy, Catherine Deneuve, Zaz , Stacey Kent, Jane Birkin ou Juliette Gréco.
Un second bis permet à toute l'équipe d'improviser à satiété, la demoiselle de Bruxelles en vocalises, la flûte en spirales, le piano au galop, la rythmique sans panique, cet exercice clôture un set généreux, apprécié par le public.

Barabra et Nicola pourront s'entendre au Propulse Pro le 2 février.