lundi 17 janvier 2011

Karoline de la Serna à l'Oude Post, Halle, le 15 janvier 2010

Une organisation du Cultuurcentrum 't Vondel se déroulant à l'Oude Post , une coquette salle d'exposition, sise K. Cardijnstraat qui jouxte la Basilique Sint-Martinus, depuis l'ère médiévale lieu de pèlerinage dédié à la Vierge Noire .

Karoline de la Serna

Lien de parenté avec l'illustre écrivain Ramon Gomez de la Serna, un copain de Buñuel: aucune idée!
Karoline voit le jour à Bruocsella, étudie le chant classique, mais se lance dans la world music avec Dazibao, Urban Trad ou encore Aton Lua... Elle exerce ses talents de vocaliste au sein du Karim Baggili sextet, quoi de plus normal que le phénoménal fils d'une maman yougoslave et d'un papa jordanien rende la pareille à la señorita et l'accompagne, à l'acoustique ou à l'oud, dans son combo, Los Mapaches!
Les autres ratons-laveurs se nomment: Vincent Noiret ( basse-contrebasse) , un omnivore velu s'ébattant dans le milieu jazz (Tricycle, Traces..) ou celui de la musique traditionnelle (Ialma, Amorroma, Photis Ionatos..), tu le vis accompagner l'hirondelle Geneviève Laloy dans son récital enfants admis, et Frédéric Malempré (aux percussions diverses), ce mammifère/technicien de la propreté s'ébat, lui aussi, dans un environnement folk/jazz/traditions (Tangram, Musicazur, KV Express,+ de multiples projets avec Didier Laloy...).
Cette fine équipe vient nous présenter le CD 'Traduzca' (sorti chez Homerecords) de l'avenante
demoiselle.

20;40 extinction des feux et mise en sourdine du décor sonore propice à l'attente.
Il faudra patienter 3 minutes dans l'obscurité et le silence carcéral avant de voir l'élément masculin prendre place sur le podium.
Une intro instrumentale arabisante et dramatique, judicieusement intitulée 'Abertura', qui n'a rien à voir avec Will , ni onze koning.
Apparition de la fée Karo, qui nus pieds telle une Ava Gardner comtesse, vient, cérémonieusement, allumer les imposants cierges, piqués dans le lieu de culte voisin.
Les vocalises profondes et liturgiques poussent ton esprit au jeu des comparaisons: Natacha Atlas et son Transglobal Underground ou Lisa Gerrard, la diva de Dead Can Dance!
L'improvisation meurt de façon inattendue et on attaque 'Libertad' aux sonorités flamenco, Karim, ayant abandonné le luth pour une guitare, se charge des backing vocals.
'Gracias por la vida' est dédié à mes parents, une ballade tout en retenue et en humilité.
Emotion à fleur de peau et accompagnement musical andalou, une guitare fluide à la Narcisco Yepes.
'Nosotros' combine sensualité et suavité.
'Katarina' ou le symbole de la femme naturelle, une déesse banissant le make-up.
Une interprétation théâtrale, une gestuelle Lia Rodrigues.
Karoline transformée en Katarina la felina: superbe!
'Opposicion' mélancolie et classicisme hispanique.
Le chaloupé 'Feminidad' , aux couleurs sud -américaines avec l'usage du cajon et des shakers, chante la jeune fille en quête de féminité.
La richesse de la palette musicale et l'authenticité des sentiments mis à nu forcent l'admiration, Halle ne s'y trompe pas et applaudit chaque plage pendant de nombreuses secondes.
'Traduzca' une tragédie arabo-andalouse met un terme au premier set.

Break cerveza et set 2!
Un archet caresse la contrebasse, une nouvelle séance de vocalises graves, Karoline ne peut cacher son passé lyrique: 'Les Mots', un poème profond sentant la glèbe et l'animalité.
'Eres Tu' l'histoire d'une rencontre.
Un hommage à la douleur 'Dolor mi Amor', il y a du Goya ou du El Greco dans l'approche de la belle!
Un duo K K , oublie le suprémacisme , Nathan: Karoline et Karim sans Klan pour le poignant 'La Mama' , Cesaria Evora meets Misia avec voix en chambre d'écho.
Des frissons te parcourent l'échine dorsale.
'Bola de cristal' une séance chez Madame Rosa, médium à Saint-Gilles, pour le tarot tu reviens mañana.
A nouveau à quatre: 'La Buena Educacion' euh...passion rime avec éducation. Karoline muée en Victoria Abril tournant pour Almodovar!
Une dernière, le magistral et solennel: 'Blanco y Negro'!

Pure classe ce groupe!
Les Vaantjesboeren réclament un cuajada: ils seront gâtés, une formidable version du tango douloureux du maître Astor Piazzolla: 'Vamos Nina'!