samedi 20 février 2010

Malcolm Holcombe au Toogenblik à Haren, le 19 février 2010

Tu te pointes à 20h20 aux confins de Bruxelles, là où les politiques veulent construire un flambant neuf centre de détention 5 étoiles( jacuzzi, massage thaïlandais, champagne à volonté...) pour les malheureux s'étant, par mégarde, égarés sur des voies pas catholiques, ni coraniques!
File sur les marches menant au club, impossibilité d'atteindre le bar, en un mot,Toogenblik was boejevol!
Britney Spears? Lady Gaga? Les Chippendales?
Non, fieu, une sexy star à calvitie prononcée, aux vêtements n'ayant jamais vus un teinturier:Malcolm Holcombe.
C'est la troisième fois qu'il remplit la salle.
Dans la cohue tu perds ton Rootsville collega, le Witte, coincé près du toog sans doute!
Marcie, pourquoi tu vas pas au bar nous commander une tournée? Michel, manneke, j'ai emporté mes boterhammen, mon boestring et j'ai une réserve de Cara Pils dans ma sacoche.
OK, tu vas pas demander aux Zollandaises, assises à tes côtés, de te payer une Maes, tu sais que leurs économies sont chez Rabobank.

21h, l'artiste US, flanqué du comédien maison se frayent un passage vers le podium.
Un discours lyrique de Luc Hoste! Dames (in 't Vloams) und Messieurs:

Malcolm Holcombe!
Le compteur indique 55 piges, mais la carrosserie 155.
Une dizaine d'albums pour le singer/songwriter d' Asheville, une ville pleine de mégots, en Caroline du Nord.
Le dernier en 2009 'For the Mission Baby'.
Feu: 'Mama told me so' du bluesy/folk presque narratif, une voix grommelante de mâcheur de tabac, de la profondeur ...ça sent pas la lavande mais la sueur...who' s gonna love me when I'm old...La solitude du coureur de jupons vieillissant!
Petite séance de fingerpicking nerveux, les Appalaches il connaît: 'Goodtimes' sur 'Gamblin House' aux lyrics dirty realism, American lowlife.
Ecoute ça:...vomit up sweet Charlotte's cider Closets full of thirsty liars... du vécu et, la manière dont il interprète ces pépites, idem!
Tu vois ces scènes sordides sur son visage, ce gars, c'est pas rien qu'un performer génial, c'est un film de Jarmusch vivant.
'For the Mission Baby' elle avait 16 ans et dansait sur les Beatles en 65. Splendide ballade teintée de classicisme à la Tom Waits.
Hey Toogenblik, it's good to be back, ya know...de son accent traînant. En route pour quelques anecdotes colorées pour introduire 'Anna Rubyanne', titre intense qu'il décore de mimiques d'illuminés.
Enchaînement immédiat, l'excité ' Goin downtown'.
Faut faire gaffe, le gaillard descend en ville ..gonna make the news... faut téléphoner à Thielemans, va y avoir du vilain!
La suivante est pour Becky, a physical therapist. Une tendre ballade pour cette Becky ...blessed with a special heart...
Petite page d'histoire locale 'Hannah's Trading Post', avec photos noir/blanc de mines abandonnées, ..rusty coal cars standin frozen...Grande force évocatrice.
Et ce regard, effrayant de rage contenue!
Nouveau flashback, son enfance in North West Carolina avec the church ringing bells et les chewing monks...'Whenever I pray'.
Le troubadour hirsute se balance dangereusement sur son siège en l'utilisant comme rocking chair.
Le bluegrass suivant fut composé à Nashville, dans un cheap hotel, je partageais une chambre avec un autre égaré: 'Leonard's Pigpen'.
Nouvelle ballade désabusée 'Goin' Home'.
Une dernière pour vous permettre de boire un coup: 'Doncha miss that water'. Une tranche poétique et passionnée, précédée d'un épisode de philosophie animalière, consacrée à son clebs, 'Holdin'.
Mr Good Dog, who, like me, was born to sit down sans jamais poser de questions!

Set 2
Redémarre en douceur, avec un americana/folk à la James Taylor 'Straight and tall', suivi sans pause du country/blues 'Not Forgotten', dans la veine John Prine ou Calvin Russell, mais faut rester humble.... I'm just a little one....!
Pas le temps d'applaudir, 'Who carried you'...ouais, qui t'a transporté du cimetière vers le liquorstore? Who dunnit?
Encore une chanson épique qui pénètre ton cerveau et ton âme.
Une démonstration de fingerpicking culinaire, dédiée à Gerrit le coq: 'Marvelene's Kitchen'.
Des sujets terriens d'un mec ayant connu pas mal de bas, quelques hauts, content d'être toujours là.
Une musique respirant le vécu, l'honnêteté, l'authentique chantée d'une voix rocailleuse et brûlée à l'image des Blue Ridge Mountains, sa terre.
'Kiss me when I'm sleeping'. Just a voice and a guitar. O K, mais quelle voix et le mec sait comment manier une guitare !
Une lovesong: 'Blue Flame', presque du Leonard Cohen.
Un cri furieux pour entamer 'Yesterday's Clothes'. Francis me souffle, Malcolm, lui, il porte last year's clothes...Un cauchemar éveillé ce titre visionnaire...blood 's gonna flow...
'Gamblin House' un acoustic Delta blues.
'Another one gone' titre mélancolique, inspiré par un mineur d'origine Russe.
Des short stories mêlant prose et poésie.
Le posé 'A Bigger Plan' pose les questions existentielles ...pourquoi tout ça m'est arrivé?
Aussi fort que du Townes Van Zandt ou du Tom Russell.
'Doin his job', sur le CD plus ancien 'I never heard you knockin' , un Christian rock, met fin à ce set fabuleux.

Un triple bis
Le joyeux 'Short Street Blues' (ou 'Chicken Blues'): une ruelle où il vécut et connut quelques avatars grotesques: un barbecue, au deuxième étage, les poulets sur la grille, les voisins criant' au feu', des pompiers casqués rouge, des lances d'incendie... Laurel & Hardy au Toogenblik!
Brillant!
'Sparrows & Sparrows' le blues des moineaux et des rouge-gorges.
La préférée d'Edith Piaf!
'A far cry from here' sera le dernier cri de ce performer d'exception qui se prépare à une longue séance de dédicaces.
See you next year, Malcolm?