jeudi 4 juin 2009

Marissa Nadler • Carla Bozulich • Krakow @ Botanique 03 06 2009

Une Rotonde honnêtement garnie pour une soirée placée sous le signe melancholia /dark folk.
Pas mal de têtes connues dans l'assistance!

Krakow
ouvre les débats à 20h .
Tout comme à l'AB ,le 4 avril (avant-programme de Jessica Lea Mayfield) ,les Limbourgeois ,toujours 5 sur scène, ont choisi de nous interpréter plusieurs morceaux de 'Far away look' leur dernier CD.
'I travel alone', Piet au chant, à l'AB la playlist mentionnait la même chanson sous le titre 'While we 're driving' ,qui sont les premiers mots des lyrics.
Du lo-fi americana,du downbeat tendance slowcore.Damien Jurado, Great Lake Swimmers, Bonnie Prince Billy ...nagent dans le même marais.On n' est pas ici pour rigoler.
Niné ,la claviériste ,aux vocals pour 'Like One' . 'What a woman', 'Dragging me down' à l'intro de batterie (Bart) funèbre , aux riffs de guitare sombres (Wim) et au chant hanté , la lecture de l'album se poursuit .Le groupe a atteint un degré de maturité , de plénitude épanouie. La musique, vulnérable et fragile ,se suffit à elle-même , pas question d'effets grandiloquents ,ou d'attitude rockstar. C'est même un petit reproche , ce manque de communication avec le public.
'Dinosaur' très Neil Young ,on le répète une nouvelle fois.Ce titre plus nerveux permet aux guitares/lapsteel d'exploser.
'Roses' voit Gert ,le bassiste, au chant. 'F...Sue' une ballade country . Niné l'aime pas trop Sue ...I could kill you everytime I see you ...
Le title track 'Far Away Look' , un slow ,avec lignes d'harmonica et guitares bucoliques .Krakow met fin à ces 40' de set avec ' Come on Home' du disque précédent.
Alt.country mélancolique et majestueux.

21:00 Carla Bozulich
Une autre paire de manches, un registre diamétralement différent.
Geraldine Fibbers(aka Carla Bozulich) ,New York 1965,est de la race des artistes tourmentés, hallucinés ,imprévisibles ,style Laurie Anderson ou Nico.
Pour cette seconde date de sa tournée ,elle est accompagnée par le fantastique Francesco Guerri au violoncelle.( Un celliste Bolonais d'obédience classique, féru d'improvisations ,membre de Bloody Claws ou d'Evangelista ,projet précédent de Miss Bozulich) .
Une kyrielle d'effect pedals gisent aux pieds de Carla et le set commence fort :pédales triturées,effets d'amplification , violoncelle martyrisé ... frottements de cordes,crépitations , vrombissements Helicopter Attack 'Apocalypse Now' et lament transformé au vocoder.
L'intro est passée au mixer et transformée en loops ,certains auditeurs s'arrachent leurs derniers poils crâniens et regrettent de ne pas avoir emporté d'ear plugs.
Quelques accords de guitares, relayés par des cordes sinistres ...steal away steal away to me ... la voix de la pythie émerge du néant .('Steal Away ' sur 'Evangelista').Nous voilà entrés de plein pied dans cet univers d'obscurantisme, de tragédie Shakespearienne .Cette ouverture théâtrale amorcera un set captivant et intense .
'Marmalade' qu'elle a sorti sur un album live des Geradine Fibbers en 1996...I'm in rapture ,I'm in deep.All I want to do is sleep ...La madame excelle aussi dans l'écriture :poetry, short stories...Climat brechtien ,Verfremdungseffekt , cordes hantées..l'angoisse te saisit.
Le trip cantiques hallucinés, récités par une démente, la nuit dans un cimetière brumeux se poursuit .... this is something pouring into me .... Shall I stick you in a teacup?....Des rats se tirent ,effrayés par le timbre fantomatique de la fêlée , autant que par les cordes hantées , puis le silence pesant,intolérable ... Faut que RTL nous passe la pub ,ça craint!
Nouveaux bruitages ,ferroviaires et métallurgiques ce coup-ci , Einsturzende Neubauten croisant Godspeed...Feedback, distortion ,puis la guitare est caressée par de petits grelots , le violoncelle est joué en arpèges , le noise se transforme en gospel/blues boueux 'Outside of town' sur l'album 'I'm gonna stop killing' ...I'm drowned ,I'm drowned in scorn...Till death comes to heaven you never will go ...
Ambiance zombie.
A happy one pour suivre ,annonce l'illuminée,pince- sans- rire, avant de s'agenouiller pour un concertino de clochettes ,le cello entamant un requiem Amadeus .Soudain ,un saut dans le public , l'oracle vient chanter parmi le bas peuple , se couche sur l'épaule d'un brave gars ébahi ,susurre à l'oreille d'une demoiselle , vient agoniser en s'égosillant à tes pieds et te confie ses péchés ...I killed my damned brother... et quelques autres membres de sa famille ('Baby ,that's the creeps') .Tension extrême , les gorges se nouent , sa folie nous gagne ...Doucement elle remonte sur scène ,rideau, le gothic show is over.
Performance étonnante,ovation méritée.
Coup d'oeil à la table ,oui vous avez droit à un bis : 'Pissing' de Low.Une version frémissante explosant en final déjanté.
Retour sur terre après cette croisière au pays des esprits !

22:00 Marissa Nadler

Dream folk du Massassuchets.Quatre CD's ,le dernier 'Little Hells' est sorti en 2009.
Elle commence en solo ,en s'accompagnant à l'acoustique :'Thinking of You' sur le Cd 'Songs III :Bird on the Water' .Une voix d'une pureté cristalline ,un folk fleur bleue.
'Diamond Heart'tout aussi délicat , aux belles vocalises éthérées .
A la 12 cordes 'Salutations in the Dark' , un son de guitare 'Norwegian Wood' ,propice à la méditation transcendantale.
'Old love haunts me in the morning' harmonica et acoustique ,American gothic litterature ,inspiration Edgar Allan Poe....By the lake with the days of ruin... aah, le romantisme 19è siècle!
Le band en piste:
Carter Tanton (Tulsa) :guitar- Jonas Haskins (Sera Cahoone,Earth) et aux drums ,Ben McConnell (Beach House- Phosphorescent).
'Mexican Summer' et la pandémie imminente ,on oublie?
Chouette slow rock ,guitare en évidence.
'Rosary' mezzo-soprano superbe .
'Dying Breed' toute la palette d'un peintre impressionniste ...red is the color of memory blue is the way to green .... amour ,perte,désarroi ...les grands thèmes exaltant l'âme ,le mystère ,l'évasion.
'Little Hells' title track du nourrisson. Esthétisme Divinia Commedia.
Cette accumulation de jolis objets commence à bien faire . Elégance, raffinement , poésie Sylvia Plath , c'est bien beau tout ça , mais un petit truc bien crade de temps en temps ,ça soulage .
Pas encore avec la suivante 'The hole is white' ,fleurs séchées ,attachées au mur :peinture morte sentant la naphtaline.
Les jeunes filles au premier rang boivent aux lèvres de la jolie madame et ton esprit t'envoie des tableaux de Khnopff ou de Whistler.
'Heart paper lover' qu'elle nous chante le visage couvert des deux mains , les garçons transformant cette plainte gothique en rock nerveux.
Présentation des musiciens et une cover country 'Oh lonesome me' 1958 Don Gibson/Chet Atkins.Un must à Nashville.
En solo ,a request 'Daisy & Violet' .
Dedjeu ,déjà 12 titres , plus d'une heure ... Ouais, le truc est filmé par une équipe hexagonale !
Des spectateurs se tirent en douce ,en cause l'effet soporifique.
La belle n'en a cure :'Fifty Five Falls' ..Gently close her eyes... ben oui, c'est ce que fait ma voisine , OK, elle ne ronfle pas!
Une dernière,copyright E A Poe' Annabelle Lee' longue plage ,il y a bien longtemps dans un royaume marin vivait une vierge etc...
Les fans sont ravis ,bis!

Retour du band pour un nouveau titre ('Mistress' ) empreint de mystères . Un superbe acid folk/rock pour lequel ,enfin ,elle lâche la bride et laisse les musiciens faire leur truc.
The last one will be a lullaby .Ah bon et avant c'était quoi?
'Ghosts and lovers' ses thèmes de prédilection !
1h35' de mélodies d'outre-tombe .Esthétisme glacé et fascination hypnotique peuvent mener à l'ennui .