jeudi 23 avril 2009

Antje De Boeck & Rony Verbiest @ The Music Village 23 04 2009

Isabelle nous a concocté un déjeuner fragile et émotionnel pour le Broodje Brussel du jeudi 23 avril.
L'actrice, Antje De Boeck ,accompagnée à l'accordéon ,par son compagnon ,Rony Verbiest.

Antje restera pour l'éternité Jeanne, la wattmadam du tram 55 ,dans 'Manneken Pis' de Frank Van Passel .La belle flamande tourne sans arrêt dans les séries TV ,que tu peux voir sur la VRT,Vtm ,Vt4, enz... Tu peux l'admirer dans tous les Vlaamse schouwburgen et elle vient de terminer une tournée 'Tom Waits until Spring' ,pendant laquelle, flanquée de Ronny et du virtuose Jeff Neve ,aan de piano , elle a repris le grand Tom à la sauce De Boeck.
Ronny est né avec un accordéon dans les mains ,il peut tout te jouer et ,ce salopard réussit à faire pleurer les plus endurcis, comme une Marie- Madeleine ,séchant les pieds du Christ de sa longue chevelure.
Le programme annonçait: gedichten en verhaalfragmenten, décorés de musique d'ambiance.
Fred Cerise craignait de ne rien comprendre , il est rentré chez lui ,la larme à l'oeil ,en racontant à sa maman que c'était le concert le plus fort et le plus attendrissant qu'il avait vu en 2009. Gelijk heeft ie!
Antje , grande comme Edith Piaf, prend place sur un tabouret , sort un feuillet de sa poche et nous lit une poésie de Remco Campert: 'Lamento' .Pas besoin de maîtriser la langue de Vondel pour ressentir la force de ce texte , l'artiste a les mains tremblantes en récitant l'oeuvre . La fourchette du client, ayant commandé un bolognaise, reste suspendue dans les airs , le temps s'arrête...dat sneeuw nooit de cipres dat je nooit meer.... fin . Le non dit est aussi fort que l'écrit.
Je bois une gorgée et, la méchante attaque d'une voix rauque, sur accordéon cabaret 'Lullaby' de Tom Waits....sun is red ,moon is cracked ... aussi sensuel que Marlene Dietrich ou Marianne Faithfull et cet accordéon déchirant . Ovation!
Ronny alleen ,il a décidé de nous transporter à Ménilmontant : 'Sous le ciel de Paris' !Des flashes de la môme, d'Yves Montand ou de Juliette Gréco te traversent le cerveau.Emotion, tendresse ,virtuosité ....Meneer Verbiest: le Marcel Azzola uit Vlaanderen.
Antje s'approche du micro ...Elle fréquentait la rue Pigalle Ell'sentait le vice à bon marché ...(non, pas Elvis au bon marché ,c'est pas Patrick Ouchene, fieu!).L'inégalable Edith Piaf , tu fermes les yeux ,tu la vois( en noir et blanc ,façon Marcel Carné) la dame de petite vertu , tu vis son aventure sentimentale ,tu espères avec elle que ce mec -ci sera le bon ..mais non ,elle doit y retourner dans son Pigalle... Y a des larmes dans ses grands yeux bleus ... On n'ose pas vous le dire ,mais Fred et moi ,nous pleurions aussi!
Sanglots, gorge nouée , envie de pisser...
Heureusement, l'accordéoniste entonne un air plus joyeux ,tu reconnais 'La chanson des vieux amants ' de Jacques Brel, à laquelle Ronny colle sa composition ' Café Accordeonist' ,un musette fringant . Manneken Pis en pélerinage à la Java ,rue Faubourg du Temple.
Nouvelle tranche poétique 'Kindeke' (Antje est mère depuis peu) , sonnant comme les oeuvres les plus tendres de Paul Van Ostaijen.
'Little man', Tom Waits again (album 'Orphans' ) ,sur une musique de Teddy Edwards .Antje murmure le texte , le public est muet.Magie !
Maman est dans la salle ,c'est son anniversaire ,'Zeker' est pour elle . Amour filial!
Les doigts de Ronny papillonnent sur les anches . Nouveau voyage , vers l'Amérique du Sud cette fois. Ton coeur chavire quand Antje chante 'Pensi a me' .Accordéon et voix entament un dialogue amoureux charnel.
Le silence , brisé par un souffle , une humeur ,Ronny couché sur son instrument ,le visage tendu ...Une plainte , un soupir , c'est insoutenable ! Le lament vire au drame noir et violent ,Antje récite ...he says that I'm a candle that burns at both ends ...elle continue en allemand ...revient à l'English ...baby girl go home as my dear German mama says ... le grandiose 'Anna's dream -Baby Girl' de la plume de miss De Boeck. L'émotion t'étrangle!
Ronny à la rescousse, nog eens ,direction Buenos- Aires: 'Beja Flor' , suivi d'un Tom Waits exotique ' Tango 'til they're sore' ...well you play that tarentella ...ce texte Shakespearien contenant la perle ...I'll tell you all my secrets but I lie about my past.... le fier caballero accompagnant la chaude senorita ... et cet accordéon obsédant entamant 'Outro tango' , avec une gymnastique digitale périlleuse.
Olé!
La dernière en Vloamse djalekt, 'Den Artiest' .Dans l'intimité d'Antje De Boeck et de son mec ,pour finir par une belle leçon de philosophie ...iedereen is een artiest!
Fabuleux concert .
Tu as eu l'impression qu'Antje chantait pour chaque spectateur en particulier, lui faisait un clin d'oeil ,le prenait par la main ,le laissait pleurer sur son épaule ...
Le public l'a bien compris et le duo revient pour un bis souverain :'Besame Mucho' .
Autre chose que la version 'gay' de Dalida .
...besame ,besame mucho
como si fuera esta la noche
la ultima vez ....
Antje De Boeck ,Ronny Verbiest ,complices parfaits sur scène et dans la vie.