jeudi 25 septembre 2008

Laïs à la Rotonde (botanique) 24 09 2008

Public (essentiellement féminin) assis,pour assister à la prestation d'un de nos produits les plus exportables :LAÏS!

Laïs :poèmes médiévaux courtois !

Inculte ,écoute : -Sire,fet-il,faire l'estut.
Li cheval point e il se muet
Tuz de galops de li s'en part.....

mais aussi Annelies Brosens , Jorunn Bauweraerts , Nathalie Delcroix ,trois voix célestes ,originaires de Kalmthout. Chantant un folk aventureux et contemporain ou traditionnel,d'une fraîcheur déconcertante, en anglais, vieux flamand et français.
Une scène peuplée d'animaux empaillés et d'un mannequin à tête d'equus ,habillé d'une robe blanche à dentelles désuète.Un decorum digne d'une peinture surréaliste.

A 20:20 apparition du band .Des musiciens d'exception :Jeroen Stevens :drums-Filip (Vandebril ?) :contrebasse et 2 des maîtres de l'école anversoise aux guitares :Elko Blijweert ( Dead Man Ray,Franco Saint de Bakker ,Kiss My Jazz , Rudy Trouvé Septet ...) et Bjorn Erickson (Maxon Blewitt, Moondog jr. ,Zita Swoon ,the Partchesz,avec Nathalie Delcroix ...). Bjorn jouera également de l'acoustique ,de l'ukulele et d'un mini clavier .
'Agamemnon' (Leda en de Zwaan) ouvre les débats. Un texte de Yeats traduit en néerlandais.
C'est Bjorn qui se trouve près du cygne colérique.Les harmonies vocales des trois grâces chlorophylles sont douces et sublimes,pour ce titre de leur dernier CD 'The Ladies Second Song' .Polyphonie renaissance insolente et féérique.
'Tumbling' quelques effets électroniques au mini keyboard ,un ukulele ,une guitare aventureuse ...I'm tumbling on still I'm singing a song ....une ambiance Amiina:minimalisme et ambient soundscapes.
Pas de batterie pour ces premiers titres. Jeroen prend place derrière ses caisses pour 'Pandora' ,en français.Les trois voix s'entrecroisent merveilleusement.'Woodlands' (The Wild Swans at Coole) rien à voir avec Proust ,ma chère. Encore moins avec Dave ,la folle.Un jeu en demi-teinte pour un titre à la Cowboy Junkies. Je signe pour ces cygnes et leur style léger et gazeux.
'The ladies' second song' title song de l'album.Un nouveau texte du poète William Butler Yeats ,imprégné de mythes irlandais.Symbolisme quand tu nous tiens!Un fond musical folk/country/gospel avec petite danse charmante,pour finir avec cette prière:' Lord have mercy on us'! Grandeur et profondeur.
'Joskes song' une intro film noir ,un fond musical nébuleux à la Tom Waits.Tout à coup une méchante explosion, avant que les meisjes ne reprennent le couplet.Nouvel attentat atomique et, les belles,dans un état second, entament une danse échevelée ,accompagnée de halètements sataniques. Grand titre.
'Go to Sleep' du film 'O brother where are thou' ,irrésistible George Clooney!Un a capella radieux.
'All that is my own' une batterie et guitare heavy, nous clouant sur place ,Laïs on the rocks.
En contrepoint, la voix des sexy maskes se fait douce et folky (Maddy Prior ,June Tabor).La rythmique est obsédante ,les guitares sombres .C'est du dark rock dans le moule Madrugada.
'Ni Vandaag' je t'aime bien, mais pas aujourd'hui... le calme après la tempête. Euh ,calme relatif ,les guitares se font incisives et c'est reparti pour un rock violent .
'Hexen' des sorcières flamandes.Un titre plus traditionnel avec bruitages orageux,proche du monde de Rudy Trouvé.
Deux jeunes nanas ,frontstage, en ont marre de rester assises et se lancent dans un pogo ,digne des Sex Pistols. Des cris d'hyène effrayants mettent fin à la chanson.A -t-on brûlé les heksen sur un bûcher? 'Siri Siri' mise en évidence des talents de danseuses du trio ,une chorégraphie élégante à la Michèle Noiret. La batterie se fait militaire , la guitare d'Elko pleure. Jeroen n'attend pas les applaudissements de la salle et attaque 'Kappee' aux rythmes africains,que ne renierait pas Zap Mama.Le chant se fait québecquois ,moins traditionnel que Kate & Anna Mc Garrigle ,toutefois. Ensuite un singalong en finlandais ,agrémenté d'une fine danse Finnoise.Exotique.
'Sudden Flow' un nouveau titre élaboré ,passant par différentes atmosphères:Tom Waits ,Chris Isaak ..... la douceur édenique et l'enfer de Dante.Laïs aura réussi à nous surprendre à chaque nouvelle chanson.Les fans qui ne juraient que par les chansons traditionnelles auront été déçus,les autres (j'en fais partie) applaudissent à l'évolution novatrice du trio.
Une dernière :' Witte bij'(une traduction d'un texte de Paul Verlaine) un morceau fragile comme la porcelaine de Delft.Elko se fait lyrique et Bjorn continue,imperturbable, à gratter sa guitare, dont il a cassé une corde il y a une demi-heure....Oh Stille vrouw...murmurent les sirènes avant de quitter la scène ,les garçons achèvent la comptine par de délicats bruitages 'brumes flamandes' . Du travail d'orfèvre.
70' magiques.
Un double rappel :'Une Sérénade Portugaise' (Charles Trenet) , avec un habillage Malicorne. La blonde laisse ses comparses chanter cette sérénade en duo , l'instrumentation sera minimale.
'Babour' un dernier titre world ,une rythmique black et une danse zoulou ,qui bizarrement tourne au rodéo.
Laïs: ou comment marier folk traditionnel aux arrangements électroniques modernes sans qu'il soit question de trahison .
Laïs: du neo folk , peut-être moins branché que Devendra Banhart,Vashti Bunyan ou Joanna Newsom.... mais, de loin , les voix les plus frémissantes de notre beau royaume .