dimanche 3 novembre 2024

The Chris Rolling Squad et Vilebrequin au Barbe à Plouha le 2 novembre 2024

The Chris Rolling Squad et Vilebrequin  au Barbe à Plouha le 2 novembre 2024

michel 

Le  Breizh, on arrive, cachez vos filles, vos mères et vos poules...

C'est pas un peu sexiste, ça, gars?

C'est le titre d'un roman, légèrement adapté.

 Comme les deux groupes en mini-tournée en Bretagne sont du genre moteur gonflé à bloc, mort aux batteries électriques,  et se disent  adversaire du tourisme de masse, on s'est permis ce slogan macho.

Donc, la mini-tournée bretonne du  Chris Rolling Squad et de  Vilebrequin s'arrête au Barbe, en ce jour où les figaros honorent la mémoire de leurs disparus en allant se recueillir sur les tombes,  avant de noyer leur chagrin au bistro du village, qui accueille deux des plus beaux fleurons de la scène rock des départements voisins: la Vendée et le Maine-et-Loire.

Ce soir on enregistre une clientèle blousons de cuir, jeans élimés, cheveux gris ou absents, mais descente vertigineuse!

 Sont pas venus  pour batifoler,   mais pour déguster une sérieuse dose de rock'n'roll, pas mou du ventre.

20:00 pile, merci les voisines, copines de la flicaille, Vilebrequin, des pistonnés,  en piste.

Sont quatre, Florent : Guitare / chant,  Maxime : Guitare lead  / chœurs,  Valentin : Basse / chœur,  Bastien : Batterie / chœurs, ils ont de la gueule et du tonus, ils ont baptisé leur recette ' Fat Rock' , normal, faut graisser les pièces du moteur pour éviter la rouille.

Carte de visite, l'album explicite ' We wanna rock' paru sur le label Chez Simone.

Contact, déverrouillage de l'antivol, en voiture, Simone.

Une déflagration  à réveiller les macchabées et ce n'est que l'intro, ça promet, Marcel!

Un premier duel de grattes vient rehausser ' Time is running out'  , les deux casquettes, Valentin et Bastien, maintiennent un tempo musclé.

Comme le set sera ramassé, il n'est pas question de perdre du temps, on fonce, tant pis pour les radars!

Pas le temps de s'occuper des deux mignonnes auto-stoppeuses,  boum, boum, boum, fait le batteur,

 ' Like a Zombie'  déboule, le fantôme de Dolores O'Riordan s'exprime: sont fous ces gamins!

Yann, il y a un truc qui cloche, on avait trop hâte d'en découdre, on a oublié le ravitaillement, demande à la serveuse d'aligner quatre pintes sur la scène.

'Four guys with sideburns', n'est pas le morceau favori  de Gaëtan Roussel, un brin jaloux!

Cet hymne scandé est suivi par 'Give me your key'.

Tu t'es méfié, tu leur as refilé la clé du presbytère .

'More faster, more louder', mise en pratique immédiatement, Bastien abat un travail de forçat, les guitares se chamaillent, la basse grogne.

Puis vient l'instant, la bière de Maxime qui reposait sur une enceinte fait un bond à rendre jaloux Dick Fosbury, gros flop, elle atterrit sur le câblage, on a risqué le court-circuit, plus de jus, donc fin abrupte.

Un garagiste du coin vient retaper la bête, ils enchaînent sur une reprise, ' Rock'n'roll is king',  pas de violons, pas de piano, mais beaucoup de sueur.

Changement de programme, vu  les précieuses minutes perdues à attendre les techniciens de EDF, on passe à ' Get out',  scandé à quatre voix!

Personne n'a songé à mettre les bouts malgré l'injonction, ils ont poursuivi avec ' Go to school' précédé par une longue intro, presque acide, Maxime refile un petit bisou à  son micro, c'est parti en mode Ramones ayant piqué le petit cartable d'Angus Young.

Florent n'est pas content, il aboie tel un bouledogue malade, c'était le signal pour entamer ' The Break' où il est question d'un motherfucker , pas sexy!

'Devil juice' est dédié à un paroissien du coin amateur de grenadine.

C'est la dernière ligne droite, on va tout donner, ' We are crankshaft' et 'We wanna rock' mettent un terme à un set d'une efficacité irréprochable!

Après une brève séquence démontage/montage et soundcheck, c'est le Chris Rolling Squad qui à 21:04 va en découdre.

Euh, faux départ, un pipi urgent voit le batteur s'éclipser en direction des latrines.

Line- up: Chris Rolling ( guitare, chant), Brice Duval ( beau T-shirt The Prehistorics) à la basse et aux backings  et Romain Cauneau aux drums et backings.

Un brin d'histoire: du temps où il s'appelait Chris Francheteau, Rolling jouait avec le heavy blues band Heavy Manic Souls,  puis, ayant vu un film sur les barbouzes,  il décide de monter le Chris Rolling Squad qui mélange heavy rock, psychobilly, punk et  blues dément.

A ce jour, le groupe compte deux albums et un EP à son actif, mais c'est surtout live que le power trio fait des ravages.

Quelques vannes non vaccinées précèdent la mise à feu d'un concert exempt de setlist.

Aux pieds de Chris traîne un manuscrit avec les lyrics de son répertoire, car à l'instar de Jacques Higelin, il lui arrive d'avoir des trous de mémoire.

Démarrage sur les chapeaux de roue par un heavy blues d'une sauvagerie qui fait passer Marlon Brando, The Wild One, pour un petit branleur de banlieue.

Deux minutes de furie et puis le silence, plus de jus, l'ampli du leader  a rendu l'âme.

Vilebrequin à la rescousse, on lui refile une nouvelle machine, ils enchaînent sur un truc ressemblant à ' 19th Nervous Breakdown' dans une version destroy.

'Trapped inside' s'entend sur l'album 'Cannonball Holocaust' , c'est le genre de truc que ton dentiste met à fond la caisse quand il a décidé de t'arracher une dent et de couvrir tes hurlements pour ne pas effrayer Madame Simonet qui patiente dans la salle d'attente. 

Plouha, si tu pouvais pousser des hurlements de hooligans excités pendant les breaks de la suivante, on te refile des images de la Vierge, dédicacées.

Ce thrash metal saccadé et bestial  a inspiré un duo d'agités qui a entamé une danse hystérique, style  chorée de Sydenham, face au podium.

Imperturbable, le trio poursuit son trip dantesque, les riffs dévastateurs se succèdent, la basse tonne et, à l'arrière, Romain s'acharne sur les toms, caisses, charley et cymbales, comme s'il matraquait un Gaulois.

Après une danse du sabre épileptique, on a droit à un surprenant break lyrique, ce qui a encouragé les échappés de l'hôpital psychiatrique à redoubler d'efforts et d'imagination en multipliant les mouvements incontrôlés.

Eugène, le plus atteint, trébuche et manque de se fracasser le crâne contre un monitor.

'Loaded gun' est prévu pour le prochain album, on dédie le morceau à Charles Bronson.

L'arme était chargée,  les balles ont sifflé à nos oreilles, ça n'a pas découragé les ballerines chauves.

Les rafales déferlent, parmi les titres joués on a reconnu ' Revolution all around' et  ' Riff Raff', une reprise d'un obscur groupe australien qui compte deux frères Young dans ses rangs.

'Bad motherfucker'  et 'Straight down to hell' , deux moshpit rousers ont beaucoup plu aux guignols fébriles.

Un coup d'oeil à la Rolex, indique qu'il faut penser à faire la prière du soir avant le dodo.

Yann s'approche  et leur accorde dix minutes de rab, deux salves meurtrières, dont un 'Ace of Spades' sorti  du chapeau de l'illusionniste, défilent, un petit coup de Jimi Hendrix vient conclure la tirade.

Salut Plouha, c'était cool!

Vous êtes cons, ou quoi, on veut un rappel.

Pour éviter l'émeute, l'escadron propose un morceau méchamment speedé,  qualifié de porno par son leader qui a remarqué que les enfants étaient couchés.

Fin d'une soirée épique, la sono diffuse ' Where is my mind',  les Pixies paraissent bien fades après cette débauche de fureur.

 




 





 


vendredi 1 novembre 2024

EP - Backyard - Cosmopaark

EP - Backyard - Cosmopaark

michel

Howlin' Banana Records et Stellar Frequencies

shoegaze

Cosmopaark?

C' est la contraction de cosmonaute et du film Paranoid Park, explique un des protagonistes du projet.

Du shoegaze bordelais, c'est moins saignant qu'une entrecôte girondine arrosée de vin du cru, mais c'est à la fois très digeste et propice à la méditation qui éloigne le stress et réduit l'anxiété, rien à craindre donc si tu dois surveiller ton taux de cholestérol.

Le groupe naît en 2018 à l'initiative de Clément Pelofy, guitariste, chanteur, vidéaste, accessoirement cordonnier, il recrute le batteur Baptiste Sauvion et après avoir usé deux bassistes, il enrôle une ex - Colision, Wanda Meha ( on ignore si son signe astrologique est le poisson), à la basse et synth.

Un premier EP ( Sunflower) naît dans un champ de tournesols en 2019 , le full album “And I Can’t Breathe Enough”, voit le jour en 2023, on a lu à ce propos: saine alternance de puissance sonique et de rêveries éthérées.

Et la scène?

Une multitude de concerts aux quatre coins de la République ( dont une prestation en première partie de Ride) mais aussi à Bruxelles et puis, en ce chaud octobre 2024, Cosmopaark se promène dans l'arrière-cour et propose l'EP ' Backyard'.

 

 Tracks:

1. Starve

2. Olive Tree

3. Pure Intention

4. Hole

5. Tiny Shelter

Line-up:

 Clément Pelofy (vocals, guitar), Baptiste Sauvion (drums, percussion), and Wanda Meha (bass, synth, vocals)

Artwork: le responsable se fait nommer buvard, il s'est probablement inspiré de la pochette que  Keith Macmillan a signée pour le premier album de Black Sabbath ( sans la madame).

 

Scratch, scratch, scratch... entends-tu au démarrage de ' Starve', normal, ces gargouillis si ton estomac crie famine!

Après cette introduction  en forme de borborygmes, la plage trouve sa voie entre les couches de guitares saturées typiques du shoegaze et des vocaux éthérés évoquant une dream pop élégante.

Les rapprochements avec Ride, Slowdive ou  Cocteau Twins se justifient.

Tu oscillais plaisamment en apesanteur  sans te rendre compte que petit à petit une certaine tension avait fait place à la rêverie, après un bridge apaisé, au chant murmuré, les guitares ont commencé à entrer en vrille noisy pour perforer ton cerveau trop candide.

'Olive tree' démarre mollo, le tempo flegmatique semble vouloir t'inviter à une balade dans une oliveraie. Après une promenade, au ralenti, tu choisis l'arbre le plus imposant , tu t'assieds, à l'ombre, contre son tronc noueux pour contempler le ciel, d'un bleu méditerranéen, à travers le feuillage. Et tu imagines de compter ses fruits en pensant à l'huile vierge que tu en extrairas afin d'arroser la salade grecque que tu envisages de picorer en soirée en l'accompagnant d'un Bandol rosé.

'Pure Intention' , c'est moche de vider les poches de son jeans et de voir un truc s'échapper pour aller se coincer entre les lames du plancher, tu râles un peu, car  le machin est irrécupérable, donc tu chantonnes de manière hallucinée ... there is no solution, there is no solution... .sur une tapisserie sonore aussi dense que le smog qui a envahi Londres en 1952.

Merde, pas question de laisser la déprime s'emparer de ton esprit et de tes sens, il reste une Sherlock ( brassée dans les Landes), tu la décapsules pour la vider d'un trait.

'Hole' joue sur l'antagonisme entre le timbre fragile de Clément et les déflagrations violentes des guitare, basse et percussions.

Climax surprenant ( larsen et moteur qui crachote) en vue du terme, méfie-toi si tu échoues dans ce trou, personne ne viendra te secourir ! 

T'as pu t'en sortir par miracle, c'est le moment de prendre une pause in the ' Tiny shelter' , bien à l'abri dans le noir, tu vas récupérer en douceur.

Sur un canevas vaporeux, la plage au chant mélancolique se noie dans une brume shoegaze enveloppante qui vient au bon moment pour nous rappeler que Mogwai vient de sortir un nouvel album. 

Rien à ajouter, Christian?

Il est cool, cet EP!